Sortir

The jewish hour au Sorano

Théâtre. Un spectacle de Yuval Rozman, les 26 et 27 novembre.

Lecture 2 min
L’auteur metteur en scène Yuval Rozman aborde frontalement la question de ce que ça signifie d’être juif aujourd’hui et jette un regard aussi subtil qu’acerbe sur les obsessions et les névroses de son peuple. Théâtre Sorano

Bienvenue dans le studio de The Jewish Hour, un talk-show radiophonique amateur enregistrée en direct de Netanya (destination phare des Français nouvellement israéliens), et qui traite de l’actualité « à travers le prisme du peuple élu ». Parmi les chansons, les différentes rubriques, les invités du jour, la présentatrice reçoit notamment pour l’inauguration de son émission phare un impayable Bernard-Henri Lévy.

Une comédie enlevée mais amère

Petit à petit, l’émission dégénère et sombre dans le chaos. Les clichés s’enchaînent jusqu’à l’absurde, et la violence monte jusqu’à ce qu’un incident en direct ne fasse définitivement basculer le programme. Une comédie enlevée mais amère, où la plume au vitriol de Yuval Rozman et le jeu ébouriffant des trois interprètes nous entraînent dans le noeud complexe des obsessions et névroses d’un peuple – en n’oubliant pas au passage de jeter une lumière subtile mais vive sur cet objet non moins complexe qu’est la judéité en France. Comme le souligne l’artiste, installé dans notre pays depuis quelques années, « c’est en France que j’ai découvert que j’étais juif ».

Deuxième volet de La Trilogie de ma terre, et lauréat du prix Impatience récompensant la jeune création théâtrale contemporaine, The Jewish Hour impose Yuval Rozman comme un dramaturge d’une audace désarmante, et un metteur en scène brillant : dynamitant avec la même intelligence le politiquement correct ambiant et la (feinte) « radicalité » de tous bords, il parvient dans le même mouvement à inscrire au coeur de son spectacle cette étrange mélancolie d’un peuple qui, même en ses terres, n’a encore pas achevé son long exil.