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Un air de Bohème au Théâtre du Capitole

Opéra. Le Théâtre du Capitole accueille La Bohême de Puccini.

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Un air de Bohème au Théatre du Capitole
(Crédit : TIM MATHESON)

Du 26 novembre au 6 décembre, le Théâtre du Capitole reçoit une nouvelle production de La Bohême de Giacomo Puccini dans une mise en scène de Renaud Barbe et André Doucet. L’Orchestre national du Capitole sera, lui, placé sous la direction musicale de Lorenzo Passerini. « La Bohème est sans doute l’un des opéras les plus parfaits de l’histoire, d’une force émotionnelle irrésistible, d’une concision dramatique et d’une splendeur musicale à peu près incomparables, explique Christophe Ghristi, directeur artistique. C’est un opéra placé sous le signe de la jeunesse, et il sera dirigé par un brillant jeune chef italien, Lorenzo Passerini, qui fera ses débuts en France. Dans la lignée de notre politique artistique, quatre sopranos françaises feront leurs débuts dans les rôles merveilleux de Mimi et de Musette. Et je suis ravi de leur donner accès, dans la fleur de l’âge, à ces rôles mythiques. Il en sera de même notamment pour les deux Marcello ou le Schaunard. »

Nostalgie, espérance et rêve

« Et je suis heureux d’accueillir enfin au Capitole une formidable équipe de mise en scène, le Français Renaud Doucet et le Canadien André Barbe. Ils ont fort peu travaillé en France mais font une magnifique carrière, de Vienne à Glyndebourne, et de Venise à Hambourg. Tous deux ont une conception artisanale et virtuose de leur métier, et cette production de Bohème, créée à Glasgow, est à cette image : à la fois flamboyante et lyrique, moderne et toujours surprenante. » Moments de nostalgie, espérances, rêves puis désillusion d’une jeunesse en marge de la société, sont dépeints au gré des rencontres, dialogues passionnés sur l’art et la philosophie, déboires financiers et émois amoureux de quatre jeunes compagnons arpentant le pavé parisien de Montmartre au Quartier latin : le poète Rodolfo, le peintre Marcello, le musicien Schaunard et le philosophe Colline, entourés de Mimi, la petite fleuriste au coeur tendre, et Musetta, la grisette.

Gaieté et tendresse de l’argument contrastent avec le réveil brutal provoqué par la mort de Mimi. Réalisme et bel canto teintés d’influence wagnérienne composent cette transposition lyrique d’un drame de l’insouciance artiste et de l’heureuse précarité, que Puccini doit à l’adaptation par les librettistes Illica et Giacosa, issus des cercles littéraires milanais des Scapigliatura, foyers originels du vérisme, des Scènes de la vie de Bohème d’Henry Murger. Composées sous le règne de Louis-Philippe, publiées d’abord sous forme de feuilleton, représentées au Théâtre des Variétés en 1849 devant le Prince-Président en personne, les fresques juxtaposées de Murger forment chez Puccini une intrigue à peine reliée par le fil ténu de l’histoire d’amour qui unit Rodolphe et Mimi. Dans cet éloge de la vie de bohème, bourgeois et filles de joie, femmes légères que l’indigence pousse à la prostitution telle Musetta, boutiquiers et marchands ambulants complètent le décor. Nos quatre héros conduits par leur destin de la mansarde au Café Momus et à la Barrière d’Enfer sont peut-être les bourgeois-bohèmes et intellectuels précaires d’aujourd’hui, rappelés, pour les seconds, à la dure réalité de la vie dans le monde.