Humeur

Devoir

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Agnès Bergon.

J’aime assez le titre du livre d’Yves Marek, Gouverner, c’est aimer. Je confesse que je ne l’ai pas lu – mais qui a encore le temps de lire ? Il me permet – et cette occasion ne se reproduira sans doute plus – d’évoquer ici la mémoire d’Elizabeth II. En régicides que nous sommes, nous voilà tourneboulés par la nouvelle – comme si son état se dégradant depuis des mois, on ne pouvait s’y attendre. Avec sa disparition, c’est effectivement une lourde et longue page d’Histoire qui se tourne, un pan entier de la vie des Britanniques qui s’écroule, et pour nous-mêmes, la perte d’une amie particulièrement francophile – et l’arrivée au 10 Downing Street de la nouvelle première ministre, assez mal disposée à notre égard, rend cette perte encore plus douloureuse.

Gouverner, c’est aimer… De ce côté-ci de la Manche, on a depuis longtemps omis de rapprocher les deux verbes, ce que la souveraine aujourd’hui disparue, conjuguait au contraire si bien depuis 70 ans. Outre qu’elle aimait son peuple (même si en bonne républicaine, ce possessif a un peu de mal à passer), elle incarnait un sens du devoir et de l’abnégation, dont nous n’avons plus qu’une très vague idée.