Gaec Château Grand Chêne : le bon équilibre
Agriculture. Lucie et Laurent Delpech installés à Dunes dans le Tarn-et-Garonne veillent sur leur sept hectares de vignes et leurs pruniers d’Ente. Ils ont trouvé la solution pour produire mieux, en pleine conscience. Et ça marche !
Les portes ouvertes du Château Grand Chêne viennent à peine de se terminer que la famille Delpech prépare déjà les prochaines. « Ces rendez-vous ont toujours du succès, explique Lucie Delpech, c’est un véritable échange avec nos clients, c’est aussi l’occasion de présenter nos nouveaux millésimes. » Laurent Delpech va plus loin. « On a besoin des retours des gens pour avancer, c’est une reconnaissance de notre travail. L’acte d’achat doit aussi être un partage. » Il faut dire que le couple a les pieds sur terre, Lucie et Laurent Delpech sont des paysans vignerons, le choix du vocabulaire est important. « Le terme officiel, c’est exploitant, mais je préfère dire paysans, ça n’a plus la connotation négative des dernières décennies. Le mot paysan a un côté durable, j’y tiens beaucoup », précise Laurent Delpech.
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Le duo a repris la ferme familiale en 2011, à la retraite des parents de Laurent. C’était une évidence, il a toujours vécu ici, entouré de sa famille. D’ailleurs, il avait bien anticipé en préparant un BTS en viticulture-œnologie. Lucie, avec une solide formation en gestion et comptabilité, est venue le rejoindre. « Nous sommes complémentaires, Lucie s’occupe des comptes et des travaux de la vigne, moi, j’aime bien la mécanique », sourit-il. Produire leur propre vin était une priorité. 1,5ha est vinifié à la ferme, le reste : 4 ha de merlot, tannat et fer servadou sont livrés aux vignerons du Brulhois, la coopérative. 1 ha est vendu en raisin de table.
UNE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE POUSSÉE
« Si on avait continué notre ancienne vie, on n’aurait pas eu de troisième enfant, explique l’agriculteur, on était obligé d’avoir deux métiers pour s’en sortir. » Dès la reprise de la ferme, en 2011 le couple a voulu passer en bio. Le déclic a lieu lors de la première livraison de raisin à la Cabso, la coopérative de fruits et légumes bio du Sud-Ouest. « Le commercial nous a demandé nos coûts de production, notre prix minimum de vente, c’était nouveau pour moi, jusqu’à présent, cet aspect équitable avait toujours été oublié », détaille Laurent Delpech. Tous deux ont décidé de réduire la surface de production passant de 120 à 35 ha, les moutons ont remplacé les tracteurs dans les vignes. Ils vont d’ailleurs renforcer la pratique de l’éco pâturage.
TRAVAILLER EN TOUTE TRANSPARENCE
Être vertueux est une évidence pour le couple, qui a obtenu le label bio Équitable pour les pruneaux et le raisin de table et a fait un énorme travail sur la ventilation comptable. « On affiche sur nos étiquettes, poste par poste, le coût de production : charges, taille, main d’œuvre, distribution. C’est plus clair pour le client, il sait combien nous percevons sur un produit vendu. Il peut décider d’arrondir au centime supérieur et ainsi augmenter notre salaire. C’est énorme pour nous, c’est une vraie prise de conscience de notre travail. » Les producteurs ont aussi demandé le label Bio Cohérence, très exigeant. L’agriculteur doit prouver qu’il n’emploie pas de travailleurs délocalisés.
Laurent Delpech est persuadé que le consommateur a la clé : « il fait de la politique en choisissant un monde ou un autre par ses achats. » Il compte aller plus loin en retrouvant d’anciennes variétés de pruniers ou de vignes plus résistantes aux maladies pour ne plus avoir recours à la bouillie bordelaise. Avec un chiffre d’affaires moyen de 90 000 €,le couple a réussi son pari. Le conseil de Lucie Delpech : « ne pas voire trop grand, être prudent sur les investissements. Ne pas dépendre des banques, c’est se sentir plus libre »