Collectivités

L’Occitanie à l’avant-garde sur les mobilités bas carbone ?

Transport. Hydrogène, hybride, batteries rechargeables, retrofit, bioGNV... La collectivité se donne en tout cas les moyens de ses ambitions en investissant massivement pour verdir son parc de matériel roulant.

Lecture 6 min
À travers son réseau de trains et de cars liO, la Région Occitanie investit fortement dans l’expérimentation de matériels moins énergivores et donc plus respectueux de l’environnement. (©La Gazette du Midi)

Comment proposer des transports du quotidien plus accessibles et plus verts pour répondre au défi de justice sociale et climatique ? C’est la question, et parfois aussi le casse-tête, auxquels sont confrontées les collectivités alors même que ces dernières s’attachent à diversifier les offres de mobilité sur leur territoire.

Au titre notamment de son Pacte vert et dans la perspective de devenir la première région d’Europe à énergie positive, la Région Occitanie mise sur l’innovation pour imaginer, tester et développer les transports de demain. Et parce que réussir cette neutralité carbone demande de la volonté politique mais surtout des moyens, la collectivité va investir 540 M€ dans le matériel roulant ferroviaire sur la période 2023-2024. Objectif ? Le verdissement du parc existant.

Décarboner le réseau ferroviaire

Pour ce faire, la Région Occitanie mise sur un éventail de solutions. Ainsi, dès décembre 2023, le premier prototype de train hybride (électrique-thermique-batterie) circulera sur les lignes Toulouse-Mazamet et Toulouse-Rodez. Expérimenté à partir d’une rame liO fournie par la collectivité, « ce train permettra de réaliser jusqu’à 20% d’économie d’énergie », annonce dans un communiqué la Région Occitanie qui a engagé 3 M€ dans cette expérimentation à laquelle participent également les Régions Nouvelle-Aquitaine, Grand Est et Centre Val de Loire, ainsi que SNCF et Alstom (budget global de l’expérimentation : 16,8 M€).

En 2024, les usagers du territoire pourront voyager pour la première fois dans un train à batteries. Un projet expérimental est en effet mené entre différentes régions partenaires, dont l’Occitanie, la SNCF Voyageurs et Alstom. Encore peu connu du grand public, ce projet de train à batteries consiste à transformer des rames bi-modes électrique-thermique construites au début des années 2000 pour les rendre 100 % électriques en remplaçant les éléments thermiques par des batteries au lithium rechargeables pour disposer jusqu’à 80km d’autonomie. Objectif ? Réduire jusqu’à 85% leurs émissions de CO2.

« Cette opération hautement complexe – nécessitant de respecter les spécifications du train existant (masse et volume, modification des anciens logiciels…) – est une première en Europe », expliquait en octobre dernier Jean-Baptiste Eyméoud, le président d’Alstom France. Après une dernière phase d’essais au cours des prochaines semaines, le but est que ce nouveau modèle de train régional soit autorisé à entrer en service commercial à partir de décembre 2024 dans les régions partenaires, notamment entre Nîmes et Vauvert en Occitanie durant une première période expérimentale avant d’envisager une phase de déploiement à plus grande échelle. La Région Occitanie a engagé 5,7 M€ dans ce projet (budget global : 40 M€).

Après le train hybride et à batteries, la collectivité investit également dans le train à hydrogène. Encore inédit en France, le premier du genre sera mis en service en 2026 sur la ligne Montréjeau-Luchon pour laquelle la Région assure la maitrise d’ouvrage des travaux permettant sa réouverture. À ce titre, elle a mobilisé 52 M€ (en partenariat avec l’Ademe et l’État) pour l’acquisition de trois rames dont la motorisation hydrogène sera réalisée par le site Alstom de Tarbes.

« Par comparaison avec les premiers trains à hydrogène circulant déjà en Allemagne, ces futurs trains Régiolis bi-mode utiliseront le mode électrique sur les lignes électrifiées, puis le mode hydrogène sur les sections non électrifiées. La vallée du Luchonnais sera ainsi le premier territoire régional à accueillir ce train innovant », précise la collectivité.

Décarboner le réseau routier

108 000. C’est le nombre de voitures évitées chaque jour sur les routes d’Occitanie grâce aux cars et trains liO. (Source : Commission européenne) (©La Gazette du Midi)

Autre enjeu, poursuivre la décarbonation de son réseau de cars liO. Là encore, la Région multiplie les expérimentations avec des véhicules fonctionnant avec des carburants moins polluants : BioGNV, bioéthanol ou encore hydrogène vert. À ce jour, une centaine de cars à énergie propre sont en circulation sur le territoire :

  • B100 dans l’Ariège, l’Aude, le Gard, le Gers, le Lot, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne ;
  • BioGNV dans le Tarn, le Tarn-et-Garonne et l’Aveyron ;
  • XTL (huiles végétales recyclées) dans les Pyrénées-Orientales ;
  • Hydrogène prochainement dans le Tarn ;
  • Marc de raisin dans le Gard.

« Nous avons également engagé avec l’entreprise tarnaise Safra une expérimentation inédite de transformation de 15 autocars diesel en autocars électriques avec une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène, pour un budget de 8,7 M€ », indique la Région Occitanie qui prévoit leur mise en circulation début 2024, notamment entre Albi et Saint-Sulpice.