Collectivités

Changement climatique : l’insurmontable défi de la nouvelle présidente aveyronnaise de Domaines Skiables de France ?

Tourisme. Le syndicat professionnel qui regroupe 412 adhérents dont notamment 238 opérateurs de remontées mécaniques et de domaines skiables, a élu à sa tête l’aveyronnaise Anne Marty, directrice générale adjointe d’Altiservice. Une présidence qui sera nécessairement marquée par les enjeux liés à la RSE et aux impacts du changement climatique.

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L’aveyronnaise Anne Marty est la nouvelle présidente de Domaines Skiables de France. (©DSF)

Double révolution dans l’univers des stations de ski à la fois très masculin et traditionnellement porté par les stations alpines : c’est une femme et, qui plus est, une représentante du massif pyrénéen, qui occupe depuis le 2 octobre 2024 la présidence de Domaines Skiables de France (DSF), le syndicat professionnel des opérateurs de domaines skiables.

Directrice générale adjointe d’Altiservice, gestionnaire des domaines de Font-Romeu Pyrénées 2000, Saint-Lary et du téléphérique urbain de Toulouse, Anne Marty vient en effet d’être élue pour trois ans à la tête de DSF à l’occasion de son congrès annuel qui se déroulait à Reims début octobre. Elle succède au savoyard Alexandre Maulin.

DSF fédère 412 adhérents répartis entre 238 membres actifs (opérateurs de remontées mécaniques ou de domaines skiables), et environ 175 membres correspondants (fournisseurs, constructeurs, centres de formation, maîtres d’œuvre, etc.). Au sein de DSF, l’élue était présidente de la Commission social formation depuis 2018 et depuis 2020 présidente déléguée du syndicat.

Notaire de formation, Anne Marty est diplômée de l’université Toulouse 1 Capitole où elle a obtenu un DESS de droit. Cette Aveyronnaise d’origine a très rapidement orienté sa carrière vers les ressources humaines notamment chez SFR, Manpower puis Menway Emploi où elle a exercé des fonctions de chargée de recrutement puis de responsable du pôle recrutement.

Une commission RSE

En 2010, la jeune juriste a rejoint Panosol, une entreprise du groupe Engie, en qualité de directrice des ressources humaines. C’est pour occuper un poste identique qu’elle intègre cinq ans plus tard Altiservice, alors détenue par Engie. En juillet 2019, Anne Marty devient directrice générale adjointe d’Altiservice qui sera cédée deux mois plus tard au fonds BTP Impact Local, opéré par Vauban, société de gestion du groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE).

Très engagée sur les sujets de RSE – elle accompagne depuis 2017 la labellisation d’Altiservice en travaillant les sujets tels que l’efficacité énergétique, l’accès des femmes aux métiers de la maintenance ou encore la mise en place d’une politique d’achats locaux –, Anne Marty espère faire de nouveaux émules en créant au sein de DSF un pôle RSE. Scindé en trois commissions autour de « la santé et la sécurité des salariés », « l’environnement » et « la solidarité », il aura pour vocation d’encourager les adhérents dans la prise en compte de ces « enjeux majeurs ».

1 Md€ de recettes annuelles

Importante source d’attractivité des stations de montagne, les domaines skiables génèrent, selon les chiffres de DSF, plus d’1 Md€ de recettes annuelles pour 55 millions de journées-skieur. Ils représentent 19 000 salariés, sachant que plus de 120 000 emplois en France dépendent à chaque saison de l’ouverture des domaines skiables (commerces, hébergements, écoles de ski, services en station…). Un écosystème cependant fragilisé par le réchauffement climatique.

La Cour des comptes a rendu en février 2024 un rapport sur l’adaptation des stations de montagne au changement climatique, des travaux auxquels la chambre régionale des comptes d’Occitanie a participé. Soulignant leur extrême fragilité au regard des perspectives d’enneigement mais aussi le poids de la manne publique dans ce secteur, la juridiction financière affirmait que « la viabilité économique d’un grand nombre de ces stations de montagne est d’ores et déjà fortement compromise à court terme ».

Dès sa publication, le document avait provoqué de vives réactions, notamment chez les professionnels. Parmi eux DSF qui pointait des erreurs et contestait une « appréciation indifférenciée de la situation des stations de montagne face au changement climatique ».

Aménagement du territoire

Pour Anne Marty, le réchauffement climatique est effectivement « un sujet clé ». Alors que d’autres secteurs sont également touchés, « nous avons cependant un avantage certain, c’est que notre secteur en a pris connaissance très tôt, précise-t-elle. Nous avons la chance d’avoir des exploitants engagés dans une dynamique, qui ont la volonté de faire mieux ». Aussi assure-t-elle, « il faut vraiment que DSF affiche clairement sa position sur ces sujets-là. » Et d’affirmer :

Le réchauffement climatique rebat sans cesse les cartes, suscitant une inquiétude légitime pour tous. Mais à l’heure où certains veulent dresser les uns contre les autres, accusant parfois le ski d’être la source de tous les maux, il y a une voie pour travailler tous ensemble, travailler collectivement sans relâche pour protéger, responsabiliser, innover au mieux … afin de faire vivre la montagne dans les meilleures conditions, pour que demain, les générations futures puissent continuer à écrire l’avenir de nos massifs et de leurs populations. »

Soulignant enfin la très forte disparité existant entre les stations de montagne au sein de DSF, « entre les stations de haute altitude et des stations plus petites qui comptent cependant beaucoup pour les territoires », la nouvelle présidente veut instituer « une solidarité, pragmatique, factuelle pratico-pratique à destination des exploitants les plus fragiles. » Dans une interview donnée à nos confères du Dauphiné, la nouvelle présidente de DSF a précisé quelles formes pourrait prendre cette solidarité, à savoir des « aides à la négociation d’un prêt ou mise en place des éco-engagements » par exemple.