Fonds Tourisme Occitanie : en cinq ans 90 projets soutenus pour près de 110 M€
Tourisme. Alors que les derniers financements du Fonds Tourisme Occitanie sont en passe d’être accordés, Julie Khaski, directrice dette privée chez M Capital, société de gestion de portefeuille toulousaine chargée de sa mise en œuvre, fait un bilan de ce dispositif inédit. Créé par la Région en 2019, il a pour vocation de participer au financement des projets de développement touristique dans les 13 départements.
Si avec ses 140 000 actifs, l’agriculture est le premier secteur économique de la Région Occitanie, le tourisme pointe juste derrière. Porteur de près de 100 000 emplois, il représente 15,9 Mds€ de chiffre d’affaires par an. Un secteur toutefois soumis à de nombreux défis : évolution des habitudes de consommation, transformation numérique, changement climatique…
Conscient des enjeux à relever, le Conseil régional a créé en 2019 le Fonds Tourisme Occitanie avec pour objectif de « répondre aux nouveaux usages touristiques et démultiplier le potentiel de la destination » (montée en gamme, diversification de l’offre, développement d’un tourisme durable…). Doté de 111 M€, ce fonds a reçu le soutien de la Banque Européenne d’Investissement et de cinq caisses de Crédit Agricole : Nord Midi-Pyrénées, Sud Méditerranée, Languedoc, Toulouse 31 et Pyrénées Gascogne. Sa gestion a été confiée au gérant de portefeuille toulousain M Capital.
936 dossiers reçus
Cinq ans après sa création, Julie Khaski, directrice dette privée chez M Capital, dresse un bilan très positif de ce dispositif de soutien à l’économie touristique. Depuis sa création, sur 936 dossiers reçus, le Fonds Tourisme Occitanie a participé au financement de 90 projets sur les 13 départements, qu’il s’agisse de projets de développement hôtelier, d’hôtellerie de plein air ou de loisirs.
Avec 20 projets soutenus, le département des Hautes-Pyrénées se hisse en tête du classement, devant les Pyrénées Orientales (15), et l’Hérault (10). En Haute-Garonne, ce sont sept projets qui ont été financés contre deux en Tarn-et-Garonne. Le montant moyen des financements accordés est de 1,1 M€, sachant que les interventions du fonds peuvent aller de 200 K€ à 4 M€. Un quart des dossiers retenus porte sur des projets hôteliers, un autre quart sur des projets d’hôtellerie de plein air. 25 % des dossiers sont des projets de transformation des stations de montagne en stations quatre saisons, le reste des projets ayant trait aux loisirs, à l’œnotourisme, etc.
1,1 M€ par dossier en moyenne
Alors que les derniers financements sont sur le point d’être accordés, on peut citer parmi les projets soutenus ceux emblématiques de la station Grand Tourmalet dans les Hautes-Pyrénées, le domaine de Camboyer dans l’Aude, la Halte en Cocagne dans le Tarn, le Whaka Lodge dans le Gers, le camping Sunêlia Les Sablons dans l’Hérault, L’Orée du bois, un hôtel 4 étoiles situé à Lauzerte en Tarn-et-Garonne (à lire demain sur le site www.gazette-du-midi.fr) ou encore du domaine Dolce & Cabanes, qui propose un hébergement en cabanes en bois de grand luxe, à Bérat, en Haute-Garonne, deux établissements récemment inaugurés.
« Nous avons vocation à financer des projets très structurants pour le territoire, qu’il s’agisse de développer une offre complémentaire par rapport à une offre déjà existante comme c’est le cas de L’Orée du bois, ou bien une offre qui n’existe pas sur le territoire et pour laquelle on estime qu’il y a une demande », détaille Julie Khaski.
Cohérence territoriale et économique
Si le premier critère retenu est la cohérence de l’offre sur le territoire considéré, cela ne suffit toutefois pas. « Le projet doit également avoir une cohérence économique, poursuit-elle. L’investissement que nous faisons dans le projet doit en effet pouvoir être remboursé, puisqu’il ne s’agit pas de subvention mais bien de prêts. »
Le second critère pris en compte est le caractère vertueux du projet, « vis-à-vis de l’environnement et sur le plan social (temps plein, formation, parité). Les projets doivent également faire appel aux circuits courts et concourir au développement de l’économie locale, ajoute Julie Khaski. Et puis, on aime bien lorsque les dirigeants ont un peu d’expérience dans le domaine. Cela vient sécuriser le projet. »
Quid de l’avenir du fonds ?
Pour Julie Khaski, le bilan du Fonds Tourisme Occitanie est particulièrement positif, car au-delà des financements accordés, elle voit dans le dispositif de la Région « un outil est essentiel pour le déblocage des projets. Nous sommes en effet devenus des experts du secteur en région et lorsque nous intervenons dans un projet, les banquiers voient cela d’un très bon œil. Ça facilite grandement le bouclage des projets de financement. »
Cinq ans après sa création et alors que l’enveloppe de départ est quasi épuisée, l’équipe de M Capital reçoit encore beaucoup de projets « ce qui montre le dynamisme de la région dans le secteur du tourisme », assure la directrice, avant de conclure : « Malheureusement, on ne peut pas leur répondre favorablement. On espère qu’une suite sera donnée à ce fonds. C’est la Région qui a les cartes en main pour le renouveler. Mais de notre côté, nous sommes prêts pour un deuxième volet ! »