Collectivités

Hydrologie des lacs des Pyrénées : une démarche environnementale participative

Recherche. Depuis l’été 2019, les randonneurs de la réserve des Bouillouses, près du refuge du Rulhe ou dans la vallée de Bassiès, sont invités à aider le Cnes, la Nasa, le CNRS et l’Observatoire Midi-Pyrénées dans leur suivi de l’hydrologie des lacs des Pyrénées.

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La réserve des Bouillouses, dans les Pyrénées
La réserve des Bouillouses, dans les Pyrénées (Crédit : DR)

Pour cela, un certain nombre de lacs ont été équipés d’une réglette et d’un panneau explicatif. Pour chacun de ces lacs, les scientifiques ont mesuré le niveau de l’eau grâce à un récepteur GPS, puis relié le point GPS à la surface du lac par une mesure de nivellement. Il est possible de mesurer le niveau de l’eau grâce à la réglette. Celle-ci, prise en photo par les randonneurs, donne ainsi en permanence des informations sur le niveau des lacs équipés.

Principe de mesure

Le récepteur GPS mesure son point dans un référentiel terrestre absolu au niveau spatial, à la date où le lac est équipé. On mesure à ce même moment l’écart d’altitude entre le point GPS et la surface de l’eau : on connaît donc en absolu le niveau d’eau ce jour-là. La première mesure de la réglette, faite en même temps que le point GPS, permet de raccorder toutes les informations. Ensuite, quand les randonneurs photographient la réglette de jour en jour, on obtient des mesures relatives, échelonnées dans le temps.


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De cette façon, quand un satellite survole cet étang à n’importe quelle date, on sait exactement quelle hauteur son altimètre doit trouver (pour peu qu’un randonneur avisé soit passé par là récemment). On arrive ainsi à étalonner les altimètres spatiaux. Ce principe est déjà utilisé en mer par les satellites d’altimétrie océanique, Jason en particulier. Et sur quelques grands lacs aussi. Ici on le met en oeuvre sur des petits lacs pour les projets d’hydrologie, et en particulier pour le projet de satellite franco-américain SWOT.

D’autres phénomènes étudiés

Arthur Compin, du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement, participe aussi à l’installation. Il s’intéresse à une plante subaquatique, la subulaire, très sensible à différents facteurs, dont le niveau d’eau, voire la température. Arthur Compin avait déjà commencé à instrumenter deux lacs quand Jean-François Cretaux, du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos), l’a rencontré et lui a proposé un travail en équipe. Cette subulaire est en limite sud de sa zone de répartition (elle fréquente plutôt les fjords), mais on la trouve dans les lacs des Pyrénées. Il existe un projet de conservation du Parc national pour vérifier sa présence, car, en effet, cette plante régresse. Pour assurer ce suivi, Arthur Compin a donc lancé, lui aussi, un projet de science participative.

Les lacs équipés

Aujourd’hui, quatre lacs sont équipés en Ariège, dans le massif de l’Aston, près du refuge du Rulhe et huit dans la réserve des Bouillouses. Fin septembre 2020, une nouvelle sortie a permis d’équiper l’étang majeur de Bassiès, et le lac mort. Enfin, les 14 et 15 juillet 2021, ont été équipés l’étang des Camporells et son voisin l’Étang Gros. En 2022 les lacs de Gaube, d’Estom et d’Iléou ont été équipés de sondes de pression.

Dans les Pyrénées et ailleurs

La Nasa instrumente aussi un certain nombre de lacs américains. Depuis le début du projet, 5000 randonneurs ont contribué, 3700 aux États- Unis et 1300 dans les Pyrénées. On peut voir les séries temporelles avec l’ensemble des mesures sur www.locss.org.