Le nombre de ménages surendettés a bondi de près de 20 % en Haute-Garonne en 2024
Finances. En 2024, la poussée inflationniste a eu de sévères conséquences sur les ménages les plus fragiles financièrement. C’est ce que révèle le dernier bilan du surendettement dressé par la Banque de France. Dans l’Hexagone, le nombre de dossiers déposés a progressé de près de 11 % l’an dernier. En Haute-Garonne, le poids des crédits à la consommation reste prépondérant. Ils représentent 42 % du montant de l’endettement total.

Selon le dernier bilan de la Banque de France, le nombre de ménages surendettés continue de progresser dans l’Hexagone. En 2024, plus de 134 800 dossiers ont ainsi été déposés auprès des commissions départementales de surendettement [1], soit une augmentation de 10,8 % sur un an, après +8 % en 2023. Le montant cumulé des dettes représente désormais 4,5 Mds€, en progression de 6,2 % sur un an. Une hausse qui « résulte principalement d’un effet retardé de l’inflation sur le budget des ménages les plus fragiles financièrement », précise l’institution.
17,5 % des ménages sous le seuil de pauvreté
En région Occitanie - qui connait le deuxième plus fort taux de chômage en France (8,1 %) et la proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté parmi les plus élevées (17,5 %) - 12 481 dossiers de surendettement ont été déposés l’an dernier (contre 10 986 un an auparavant, soit +13,6 %). Cela représente pour la région 241 dossiers pour 100 000 habitants (contre 245 en France métropolitaine). Trois départements sont plus particulièrement touchés : l’Ariège avec 254 dépôts de dossiers pour 100 000 habitants, l’Aude, 288 et les Pyrénées-Orientales, 297.
En Haute-Garonne, le nombre de ménages qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts a également fortement progressé. C’est ce que révèle le bilan dressé le 19 février dernier, à l’occasion d’une réunion plénière de la commission départementale présidée par le préfet de région et préfet de Haute-Garonne, Pierre-André Durand, en présence de Christine Bardinet, directrice régionale de la Banque de France, de Jean-Marc Serrot, directeur départemental de la Banque de France et de Dario Degboe, représentant du directeur régional des Finances publiques d’Occitanie.
Dans le département, 2 869 dossiers ont ainsi été déposés l’an dernier, représentant un bond de 21,6 % sur un an. Il fait suite à une progression modérée en 2023 (+6,2%), sensiblement inférieure à la progression de la région (+10%). Pour l’institution, il faut donc voir dans la forte hausse de 2024 « un effet de rattrapage ». On compte désormais 3 239 personnes surendettées dans le département, soit 231 dépôts de dossier pour 100 000 habitants (contre 194 il y a un an). Le montant de l’endettement médian, hors immobilier, s’élève désormais à 17 471 €.
Des crédits immobiliers très pesants

Le cumul des dettes contractées par les ménages haut-garonnais surendettés a ainsi atteint 89 M€ en 2024. Un montant composé pour une bonne part (42 %) de dettes de consommation (crédits renouvelables, prêts personnels, crédits affectés, location avec option d’achat…). C’est cependant cinq points de moins qu’il y a un an. La part des crédits immobiliers en revanche a progressé : ils représentent désormais un quart de l’endettement global (+3 points). La proportion des charges courantes (logement, énergie, etc.) et autres dettes (micro-crédits et découverts) est stable par rapport à 2023 (à 31 %).
À l’échelle nationale, plus de la moitié des dossiers de surendettement clos en 2024 ont bénéficié d’un effacement au moins partiel de dettes, représentant un montant global de 1,2 Md€. En Haute-Garonne, ce sont près de 24 M€ de dettes qui ont été effacés, soit un peu plus du quart du montant total des dettes des dossiers clos l’an dernier.
Pour la Banque de France, cette flambée du nombre de dépôts de dossier ne remet toutefois pas en cause la baisse constatée sur le long terme. De fait, à l’échelle nationale, le nombre des dossiers déposés l’an dernier demeure nettement inférieur à ceux de la période prépandémique (– 6 % par rapport à 2019) et ceux d’il y a dix ans (– 42 % par rapport à 2014). Une décrue continue qui s’explique pour l’institution par la diminution du chômage sur la période, mais surtout par « un encadrement plus strict des conditions de commercialisation des crédits à la consommation ».
[1] Présidée par le préfet ou son représentant, la commission de surendettement comprend, dans chaque succursale départementale de la Banque de France, un représentant des finances publiques, et deux personnes représentant respectivement les établissements de crédit et les consommateurs, un spécialiste en économie sociale et familiale, et un juriste. La commission s’attache à trouver une solution adaptée à la situation de la personne surendettée, sous réserve qu’elle soit de bonne foi.