Les céramistes du Sud-Ouest : une véritable pépinière de talents
Artisanat. Terres Neuves du Sud-Ouest regroupe une centaine d’adhérents en Occitanie, c’est la seconde association de France. Elle permet notamment aux potiers de vendre leurs créations dans trois boutiques à Montauban, Moissac et Carcassonne.
Portés par la vague du made in France et le retour vers les commerces de proximité, les potiers ne cessent de voir grandir leur capital sympathie. L’association Terres Neuves du Sud-Ouest est née en 2001, au Caylus, en Tarn-et- Garonne. « Notre objectif est de promouvoir la céramique et d’offrir des débouchés », explique Frédérik Le Fur, par ailleurs aux commandes d’un atelier, à Lauzerte.
L’association s’est démarquée en lançant des marchés de potiers, une première en France. « Nous sommes les seuls dans le monde de l’art à exposer nos créations sur des marchés spécialisés. Il y a aujourd’hui plus de 200 marchés de potiers en France. À Lauzerte, on accueille 6000 visiteurs. On propose 30 places, on reçoit trois fois plus de demandes. » Des professionnels de toute l’Europe invitent d’ailleurs l’association à présenter cette démarche à d’autres professionnels lors de conférences.
COMMENT FONCTIONNENT LES BOUTIQUES ?
La vie d’un potier est bien rythmée : « on fabrique nos pièces, on fait les salons, on honore les commandes. On a créé les boutiques pour avoir plus de visibilité et lisser l’activité sur toute l’année », détaille Frédérik Le Fur. Première née, le Pot à l’Envers, à Moissac il y a 17 ans. À Carcassonne, à la Cité Potière, ce sont 20 potières qui se relaient pour faire vivre le magasin situé au coeur des remparts. Tout comme à Montauban, à l’Escale Céramique, Le fonctionnement est simple.
>LIRE AUSSI : La Tonnellerie du Sud-Ouest, le véritable maître du feu
Chaque adhérent paie une cotisation annuelle de 60 €, s’y ajoutent 16 € pour le collectif national de céramistes. Les ventes des pièces exposées au magasin reviennent aux créateurs. Chaque potier vend une de ses créations au profit de la caisse de solidarité de l’association. Les frais fixes de la boutique sont divisés par le nombre d’exposants.
POURQUOI LA POTERIE PASSIONNE...
Frédérik Le Fur reçoit de plus en plus de demandes d’aspirants potiers. « Le Covid a amplifié le phénomène. Notre mission est d‘informer les futurs professionnels. Dans le cas d’une reconversion, ils doivent s’attendre à voir fondre leurs revenus. Le nerf de la guerre, c’est d’avoir une production qui plaît aux gens », ajoute Frédérik Le Fur. Et, il y a bien évidemment la technique.
« Ça ne s’improvise pas, ajoute-t-il. Il faut une formation, une culture liée à la céramique et une bonne connaissance de l’histoire de la poterie. » Plusieurs écoles sérieuses en France préparent au métier, à Bourges, dans la Nièvre, à Dieulefit, dans la Drôme ou encore à Guebwiller, dans le Haut- Rhin. L’association travaille beaucoup avec le centre de céramique contemporaine de Giroussens dans le Tarn. Soutenu par la communauté de communes, il a créé une galerie et des ateliers. « On aimerait y monter une structure de formation », ajoute Frédérik Le Fur.
Il faut montrer patte blanche pour rejoindre l’association : un statut professionnel en règle, une lettre de motivation et un passage devant la commission (créations à l’appui) permettent de valider l’adhésion. Fréderik Le Fur insiste sur la connaissance du métier. Les projets ne manquent pas : l’association travaille sur l’ouverture de nouvelles boutiques, et prévoit également une conférence au printemps pour informer les professionnels sur le durcissement des règles imposées par l’Europe, en lien avec l’usage de poteries alimentaires.
« Si la Commission ne crée pas un statut à part entière pour les métiers d’art, ça coûtera beaucoup trop cher d’appliquer les normes. Seuls les industriels pourront s’en sortir », alerte le professionnel. Près de Montauban, l’association aimerait créer un atelier pour permettre aux adhérents d’organiser des stages de poterie. Inutile de vous dire qu’il y a déjà une liste d’attente…
Pour plus d’informations :