Malgré le désengagement de l’État, la Région Occitanie maintient un budget 2025 offensif
Budget. Le projet de loi de finances version Bayrou enfin entériné, la Région Occitanie a pu voter son budget pour l’exercice 2025. D’un montant de 3,55 Mds€, il reste stable par rapport à 2024. Mais entre baisse des dotations et volonté de maintien des investissements, la collectivité annonce un plan d’économie de 140 M€. Pour compenser le manque à gagner, elle compte aussi sur la création de nouvelles recettes, dont le versement mobilité régional prélevé sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés.
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Faire mieux avec moins. Voilà l’équation quasi impossible à laquelle sont confrontées les collectivités locales et territoriales suite à l’adoption du projet de loi de finances (PLF) le 6 février 2025 par le Sénat. Et encore, cela aurait pu être pire ! En effet, l’effort budgétaire demandé par le gouvernement Bayrou aux communes, agglomérations, départements et régions pour réduire le déficit public a été ramené à 2,2 Mds€, contre 5 Mds€ sous Barnier.
Le manque à gagner pour l’ensemble des régions est estimé à 990 M€ et à 182,5 M€ rien que pour l’Occitanie, dont 135,5 M€ liés directement au PLF 2025 ainsi que 47 M€ dus à des décisions antérieures. Malgré ce coup de rabot, sa présidente Carole Delga a fait le choix de la stabilité en présentant un budget régional à 3,55 Mds€, un montant peu ou prou équivalent à celui de 2024 et ce malgré une inflation toujours latente et une croissance démographie effrénée (+ 40 000 habitants par an) portée par l’attractivité de ces deux métropoles : Toulouse et Montpellier. Voté et adopté à une large majorité le 13 février dernier à Montpellier, ce budget primitif de la collectivité « est fondé sur une gestion financière responsable et saine, tout en demeurant volontariste », a affirmé Carole Delga.
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Ainsi, pour faire face aux baisses conséquentes de ses recettes dans le cadre du PLF 2025, la Région Occitanie a annoncé un vaste plan d’économie de 140 M€. Des efforts nécessaires auxquels « tout le monde doit contribuer », a prévenu Carole Delga. Ces économies seront principalement obtenues par le report d’acquisition de matériel roulant (47,7 M€), ainsi que par des mesures de rationalisation et de réduction des subventions (7,5 M€) de l’ordre de 5 % à 15 % pour les organismes extérieurs percevant des aides supérieures à 5 000 €. Considérées comme « fragiles » et donc « vulnérables », les plus petites structures seront elles épargnées, y compris dans le secteur culturel. Un choix pleinement assumé par la présidente PS du Conseil régional : « Face à la montée des populismes et du repli sur soi, la culture ne peut être une variable d’ajustement », a-t-elle insisté.
1,2 Mds€ consacrés à l’investissement
Contrainte néanmoins de faire des arbitrages, la collectivité a indiqué geler ses recrutements pour maîtriser sa masse salariale (3,1 M€) et ce, en dépit de l’ouverture à la rentrée prochaine d’un tout nouveau lycée à Auterive. Parmi les autres postes de réduction des dépenses (liste non exhaustive) : 9,3 M€ pris sur les doublons avec l’État comme par exemple sur les guichets de la rénovation énergétique, 6 M€ d’optimisation énergétique dans les lycées, 6 M€ d’optimisation dans les transports scolaires, 2,9 M€ d’optimisation sur les salons régionaux ou encore 1,9 M€ grâce à la diminution du nombre d’agences régionales qui passent de sept à trois, avec notamment la création en 2026 d’une agence régionale unique d’attractivité réunissant Ad’Occ et le Comité régional du tourisme et des loisirs.
Si comme l’ensemble des collectivités territoriales la Région Occitanie est donc appelée à se serrer la ceinture, Carole Delga et sa majorité ont décidé de maintenir « un niveau d’investissement élevé » tout en gardant, assurent-ils, un niveau d’endettement “moyen” par rapport aux autres régions de France (7,2 ans quand le seuil d’alerte est de neuf ans). Objectif ? Conserver son titre de première région française en termes d’investissement par habitant : 177€, contre 147€ en moyenne ailleurs dans l’Hexagone.
« Nous maintenons nos investissements à un niveau pré-crise Covid. En 2025, ce sont 1,2 milliard d’euros qui seront ainsi consacrés aux dépenses d’investissement, avec une attention particulière aux projets qui bénéficient directement aux habitants », indique Carole Delga qui a fixé un cap clair à l’action régionale autour de quatre grandes priorités :
- le pouvoir d’achat des familles avec la rentrée scolaire « la moins chère de France », la gratuité d’usage des trains ou encore des cars liO pour les 12-26 ans,
- l’emploi et la décarbonation via par exemple la mise à l’eau des premières éoliennes en mer à Port-la Nouvelle, la réouverture de la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon ainsi que la construction du Technocampus Hydrogène Occitanie à Francazal,
- la santé avec le recrutement du centième médecin par la Région.
Crédits européens, hausse de la taxe régionale de la carte grise...
Pour soutenir sa politique d’investissement, la collectivité compte mobiliser de nouveaux financements européens dans le cadre d’appels à projet communautaires, à l’image du programme LIFE, dédié au climat et à l’environnement. Elle mise aussi sur de nouvelles recettes votées dans le cadre du PLF 2025 : la fin de l’exonération de la taxe sur les cartes grises pour les véhicules électriques et surtout la création d’un versement mobilité régional. Prélevée auprès des entreprises de plus de 11 salariés à hauteur de 0,15 % de leur masse salariale, cette contribution est conditionnée à la création de nouveaux services de mobilité sur le territoire. À noter que son adoption reste à la discrétion de chaque collectivité et doit faire l’object d’une délibération.
Pour Carole Delga, qui plaide depuis longtemps pour sa mise en place, notamment en tant que présidente des Régions de France, « cette mesure vient rétablir un juste équilibre entre les Régions qui investissaient sans recettes fiscales propres et les intercommunalités qui bénéficiaient déjà du versement mobilité. [… ] Cette extension permettra, dès 2025, de consolider les dynamiques d’investissement dans l’avenir des mobilités décarbonées, par exemple par des commandes de matériel roulant supplémentaire ou par des études préalables aux travaux. »