Toulouse Métropole accélère son plan vélo
Mobilité. « Tous à vélo ! » pourrait bien être le leitmotiv de Toulouse Métropole dans les mois à venir. La collectivité a en effet décidé de mettre le « paquet » sur un plan de développement des pistes cyclables, manière de verdir la Ville rose, trop longtemps dédiée au tout-voiture.
Après un nouvel été caniculaire et alors que les effets du changement climatique sont chaque année un peu plus palpables, Toulouse Métropole accélère le verdissement de son territoire. C’est le message qu’a souhaité faire passer à l’occasion d’une conférence de presse de rentrée, son président, Jean-Luc Moudenc. « Nous n’avons pas attendu les crises pour amorcer le développement durable de notre territoire. Nous avons porté et nous portons une ambition forte avec une méthode qui est celle de l’anticipation », a ainsi rappelé le maire de Toulouse, énumérant les initiatives prises depuis 2014, telles que le choix de construction du Meett, nouveau parc des expositions et centre de convention à Aussonne, conçu pour être un bâtiment à énergie positive, accompagné de la plantation de quelque 7000 arbres, la mise en service de Téléo, plus longue ligne de téléphérique urbain de France, la déconstruction de l’ancien parc des expositions de l’île du Ramier qui a permis de recycler 95% des matériaux du bâtiment, le lancement des travaux de la ligne 3 du métro qui, selon l’élu, devrait « ôter de la circulation 90 000 voitures ».
Pour autant, reconnaît Jean-Luc Moudenc, « il faut aller plus loin et frapper plus fort ». La collectivité prépare ainsi un plan pour la ville plus fraîche « applicable dès l’été 2023 » dont la présentation devrait avoir lieu d’ici quelques semaines. En octobre, le président de Toulouse Métropole devrait également dévoiler un plan d’économie d’énergie des 37 communes du territoire pour cet hiver. « Une impulsion nationale est donnée par l’État, mais il est évident qu’il ne doit pas être seul. Tout le monde doit s’y mettre : les collectivités, les entreprises, les citoyens. Nous contribuerons à la place qui est la nôtre. » Le plan climat énergie territorial de la Métropole fera, de son côté, l’objet d’un « volet de renforcement et d’approfondissement de ses actions » qui sera soumis au conseil métropolitain le 20 octobre prochain.
Ôter 90 000 voitures de la circulation
« Nous sommes pleinement mobilisés pour faire face à l’accélération du dérèglement climatique et concomitamment à la hausse du coût des énergies », a ainsi assuré l’édile. Parmi les leviers identifiés pour lutter contre le réchauffement climatique, la politique de déplacement est un enjeu considérable dans les grandes métropoles. « Nous sommes depuis longtemps engagés dans cette volonté de développer les modes de déplacement les moins polluants, c’est une priorité du mandat, rappelle le président de Toulouse Métropole. Et le vélo, en particulier, est un axe de priorité de notre action. » Cet été, l’État, dans le cadre de l’appel à projets qu’il a lancé pour accélérer les projets de création d’itinéraires cyclables, a ainsi retenu quatre projets de Toulouse Métropole en faveur de l’usage du vélo. Ils bénéficient respectivement de 19,20% de la dépense subventionnable, soit 1 031 652 € au total, issus du fonds mobilités actives créé à cet effet.
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Il s’agit de l’aménagement cyclable du quai de Tounis, de la création d’une piste cyclable route de Grenade à Beauzelle dans le cadre du Réseau Express Vélo (REV), de l’aménagement cyclable des rues de la République et de Metz et de l’aménagement d’une voie verte le long de l’Hers. « Notre conviction est que le vélo est un allier précieux pour rafraîchir la ville. Et c’est une raison pour laquelle nous avons décidé d’en faire une priorité de notre mandat », affirme Jean-Luc Moudenc. Entre 2016 et 2021, la collectivité a ainsi aménagé 92 km de pistes cyclables supplémentaires sur le territoire de la métropole. « L’augmentation du nombre de cyclistes sur la même période s’élève à 77%, a précisé l’élu. Cela montre que la méthode que nous avons mise en place pour avancer sur cette politique cyclable est bonne. Elle consiste à être ambitieux, à développer les infrastructures et les services sans pour autant contraindre nos concitoyens. Il ne s’agit pas de fermer brutalement des rues à la circulation du jour au lendemain comme cela peut se faire ailleurs ».
PASSER À LA VITESSE SUPÉRIEURE
La collectivité a décidé de consacrer une enveloppe de 80 M€ au renforcement du vélo sur le territoire métropolitain, auxquels s’ajoutent 20 M€ pour les deux passerelles stratégiques qui relieront l’île du Ramier à la Ville rose d’ici deux ans, et, s’agissant de la mairie de Toulouse, 60 M€ pour améliorer le réseau cyclable existant de manière, précise Jean-Luc Moudenc, à le rendre « plus pratique, plus confortable, plus sûr et plus continu pour les usagers ». Parmi les chantiers à venir emblématiques de cette politique en faveur du vélo, figure l’aménagement de la grandrue Saint-Michel à Toulouse. « Nous sommes dans l’ultime phase de concertation et là aussi, le scénario qui est soumis est extrêmement ambitieux, faisant une place inédite, dans cet axe, à la fois aux vélos et aux piétons. »
L’autre projet important est celui l’aménagement du boulevard de la Marne dans la suite de celui réalisé boulevard Montplaisir, le long du canal du Midi. La collectivité entend ainsi travailler sur les axes domicile travail : le long du boulevard de la Marquette notamment, du chemin de Gabardie ou encore sur le contournement aéroportuaire. Le président de Toulouse Métropole rappelle au passage les ambitions du REV : « ce sont au total 370km de pistes cyclables nouvelles projetées dont les deux tiers se trouvent sur le territoire de la métropole, soit 240km. Cela ne représente pas moins de 14 lignes en continu et la desserte de 500 000 emplois par le vélo. Quatre habitants sur cinq sont à moins d’un kilomètre d’une ligne REV. »
Un projet en phase de concertation
Le projet est en pleine phase de concertation. Elle devrait se poursuivre jusqu’en 2023. Sur le périmètre de Toulouse Métropole, le coût estimé des infrastructures relatives au REV est estimé à 100 M€, selon une délibération du Conseil de la Métropole du 21 novembre 2019. L’autre axe important de la politique vélo de la Métropole est l’amélioration du service VélÔToulouse. 192 stations nouvelles devraient être créées qui s’ajouteront aux 283 déjà existantes, dont 117 sur le territoire de la ville de Toulouse et – c’est la nouveauté – 75 stations dans les communes périphériques. La collectivité prévoit également de moderniser la flotte de vélo en libre-service en optant pour 50 % de vélos mécaniques et 50 % de vélos électriques, une proportion qui pourrait à terme s’élever à 75 %.
« Nous sommes depuis longtemps engagés dans cette volonté de développer les modes de déplacement les moins polluants, c’est une priorité du mandat »
« Cela va permettre un élargissement considérable du public. Une nouvelle population, parce qu’il y aura des vélos électriques, devrait utiliser désormais ce service. Des quartiers de communes qui ne bénéficiaient pas de ce service vont également pouvoir en profiter. Nous pensons doubler le nombre d’usagers à l’horizon 2024 », soit 20 000 abonnés aujourd’hui. Une nouvelle délégation de service public relative au service VélÔToulouse – aujourd’hui géré par JCDecaux Cyclocity – est en cours d’attribution. Le résultat sera connu au premier semestre 2023 pour une mise en oeuvre au 1er janvier 2024. La collectivité entend également sécuriser l’usage du vélo, via l’installation de 823 arceaux supplémentaires depuis deux ans, soit 300 % d’augmentation depuis 2016.
En octobre, un nouveau service devrait également être proposé : 900 places sécurisées supplémentaires installées dans les parkings Indigo, contre 400 seulement actuellement. Au pied, du bâtiment de la métropole, une première borne de rechargement de vélo électrique devrait enfin être inaugurée, Toulouse étant une des deux premières villes pilotes dans le cadre du projet européen Challenge my city en faveur de la mobilité urbaine durable. « Nous souhaitons encourager plus que jamais le vélo, tout le monde y a intérêt », conclut l’élu.