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Upcycle inaugure son usine de Mayran

Recyclage. L’entreprise fabrique en Aveyron des dispositifs de valorisation bas carbone des biodéchets.

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11 personnes sont employées par Mayran Industrie, dans l’Aveyron. (Crédit : DR)

L’obligation de tri à la source des biodéchets, qui ne concernait jusque-là que les entreprises et les collectivités dont la production annuelle dépasse 10 tonnes, a été abaissée à cinq tonnes depuis le 1er janvier.

Et dans 10 mois, à savoir au 1er janvier 2024, tous les ménages devront également pouvoir trier leurs déchets biodégradables, ce qui signifie que les collectivités territoriales devront proposer des solutions leur permettant d’effectuer ce tri à la source. Pour permettre à chacun de respecter ses obligations, plusieurs solutions existent dont celle proposée par l’entreprise Upcycle qui développe depuis 2020 des prestations d’accompagnement et de conseils pour réussir sa démarche de valorisation les biodéchets.

Elle conçoit également des dispositifs de compostage électromécaniques fabriqués par sa filiale, Mayran Industrie, dans l’Aveyron. L’installation en 2021 de cette ligne de production dans une ancienne usine, située dans le village de Mayran, a été réalisée grâce à une levée de fonds de 2,2 M€, et au soutien d’acteurs locaux dont la Région Occitanie. Sa présidente Carole Delga sera présente à l’inauguration de l’usine le 17mars.

« Ces composteurs électromécaniques reproduisent le cycle naturel du compostage en l’optimisant, détaille Grégoire Bleu, cofondateur et président d’Upcycle. Ils se composent d’une cuve dans laquelle les biodéchets sont brassés et oxygénés, ce qui permet de produire en quelques jours du compost frais. Il est ensuite mis en maturation puis remis au sol. Ce dispositif permet donc de réduire de beaucoup le temps de transformation ainsi que la surface nécessaire. »

20 MILLIONS DE TONNES DE BIODÉCHETS

Upcycle destine ces composteurs aux acteurs de la restauration, aux collectivités isolées, aux prisons, aux stations-service : « en somme, partout où il est plus cher écologiquement ou économiquement de récolter les biodéchets par camion pour ensuite les emmener sur un site de compostage ou de valorisation. Il est en effet souvent plus intéressant de composter sur place. Aujourd’hui ces biodéchets sont majoritairement enfouis ou incinérés ce qui est désormais interdit, à la fois pour des raisons écologiques et parce que les sols ont cruellement besoin de cette matière organique ».

Que faire donc des 20millions de tonnes de biodéchets produits en France ? « À l’image de ce qu’il se passe pour les transports publics, partout où il y a du déchet très dense et peu d’espace disponible, il y aura intérêt à mettre en place des plateformes de valorisation. Mais dans les espaces moins denses ou plus compliqués d’accès comme une base de l’Armée ou un centre-ville, il sera sans doute plus intéressant de mettre en place des dispositifs de valorisation des biodéchets sur place. »

« Notre système ne s’oppose pas à d’autres. Il fait partie du panel de solutions pour valoriser les biodéchets. »

Le compost produit, utilisable en agriculture biologique, peut ensuite être utilisé dans les espaces verts, distribué aux salariés ou donné aux usagers des sites sur lequel ce compost est élaboré. L’usine de Mayran fabrique depuis novembre 2021 des composteurs qui peuvent traiter entre 20 et 120 tonnes de biodéchets par an, soit la production de 2000 à 10000 habitants ou celle de restaurants de 400 couverts/jour et plus.

« Nous venons également de débuter la commercialisation d’un nouveau modèle mécanique, doté d’une manivelle, pour les plus petits restaurants notamment, ceux qui émettent entre 5 et 10 tonnes de biodéchets par an. »


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C’est le partenaire de Grégoire Bleu dans l’aventure, l’Héraultais Daniel Fuentes, à la tête de Fabtec, un bureau d’étude industriel, spécialisé dans la chaudronnerie, l’usinage et l’intégration mécatronique, qui a identifié le site aveyronnais. Mayran Industrie, qui monte depuis progressivement en charge, emploie à ce jour 11 personnes mais elle pourra accueillir jusqu’à 30 à 40 personnes en fonction de la taille des machines qu’il faudra produire pour répondre à la demande.

« Le marché étant encore naissant, reconnaît Grégoire Bleu, nous essayons de l’accompagner en proposant différentes solutions. » L’entreprise vend déjà ses produits dans le Nord, en Ile-de- France, en Paca, en Suisse, en Belgique, au Portugal et au Monténégro, mais a, pour l’heure, encore peu de projets en Occitanie, ce qui désole le dirigeant, qui au passage, lance un appel aux entreprises et collectivités locales de la région.

Si Grégoire Bleu et son partenaire ont financé seuls le démarrage du projet, depuis juillet 2021, Mayran Industrie, qui est également labellisé France Relance, a reçu le soutien financier de plusieurs acteurs locaux dont ceux de la Région, du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées et de l’Ademe. L’investissement réalisé s’élève à près d’1 M€.

« C’est cinq fois inférieur à un projet comparable en termes de taille, poursuit Grégoire Bleu. Ce qui signifie que nous avons beaucoup travaillé sur ce qui pouvait être réutilisé dans l’usine. On s’appelle Upcycle, ce n’est pas pour rien ! »

UN PROJET À IMPACT MONDIAL

Le dirigeant entend également développer une activité de remise à neuf des composteurs déjà produits, pour s’assurer qu’ils ont la durée de vie la plus longue. « Nous ne sommes pas là pour être les plus gros, mais pour nous inscrire longtemps sur le territoire, et faire du vrai travail d’optimisation écologique. »

D’autres projets sont à l’étude à l’étranger. « Ce que nous faisons, c’està- dire capter de la matière organique pour la remettre au sol localement est applicable dans beaucoup d’endroits dans le monde pour des contextes et des besoins différents. C’est un projet dont la pertinence ou l’impact peut donc être mondial à terme. Comme du reste tous les projets qui visent à remettre au sol la matière organique. C’est en effet la seule manière qu’on ait trouvée pour contrer le réchauffement climatique. Seuls les sols peuvent stocker le carbone qu’on a émis dans l’air. La contribution la plus forte que peuvent apporter les villes et les citadins, c’est faciliter ce retour au sol. »

Upcycle a vu le jour au début des années 2010 sur la base d’un projet qui visait à cultiver des pleurotes sur du marc de café recyclé, donc déjà autour de l’économie circulaire et des déchets.

Elle s’est lancée dans le compostage électromécanique en 2018 et a décidé d’intégrer la fabrication de ses dispositifs en France en 2020. En 2021, Upcycle a revendu son activité liée aux pleurotes. Upcycle emploie 22 personnes en plus des 11 salariés de Mayran.