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À Montauban, le Bateau Livre a le vent en poupe

Librairie. Charlotte Dirat n’a pas le temps de s’ennuyer, elle déborde d’énergie pour faire avancer sa librairie, située dans le centre de Montauban. Après avoir repris les commandes en novembre 2021, elle surfe sur la vague montante d’une nouvelle appétence des clients pour le commerce de proximité… et les livres.

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Le bateau livre Montauban
La clientèle de la librairie a rajeuni. (Crédit : DR)

Le Bateau Livre à Montauban est une institution : près de 40 ans d’existence. « J’ai acheté la librairie en septembre 2020 et commencé les travaux en avril 2021. J’ai bénéficié de subventions pour relancer l’activité parce que mon projet était bien ficelé, se réjouit Charlotte Dirat. C’est aussi la concrétisation d’un rêve, celui d’avoir une librairie ». Après le bac, Charlotte Dirat effectue des études pour travailler dans les métiers du livre et trouve un emploi en librairie. « La période était difficile, les librairies fermaient plus qu’elles n’ouvraient et j’ai compris très vite que d’une passion on ne fait pas un métier. »

La jeune femme décide alors de changer de voie pour travailler en entreprise dans la prévention des risques professionnels. Mais, elle garde en tête son envie de librairie. Le Covid passe par là. Charlotte Dirat souhaite prendre une nouvelle direction. Cliente du Bateau Livre, elle pousse la porte, Patricia Matsakis, la gérante lui confie qu’elle cherche à vendre depuis trois ans. Le hasard fait bien les choses : « je crois que la librairie me tendait les bras, qu’elle m’attendait, j’ai foncé. »

SAVOIR BIEN S’ENTOURER ET SE FAIRE CONSEILLER

Charlotte Dirat entreprend alors une étude de faisabilité. « Mon premier contact a été avec Occitanie Livre et Lecture. L’équipe a cru en mon projet. J’ai obtenu également le soutien de l’Adelc (Association pour le développement de la librairie de création). » Il a fallu faire de gros travaux dans les locaux, mettre aux normes PMR (personne à mobilité réduite). L’entrepreneuse obtiendra des subventions grâce au plan de relance post-Covid, pour près 50% du montant de son investissement. « Cette période était très intense pour moi. Je travaillais encore à temps plein et passais en moyenne 20 heures par semaine pour monter le projet. J’y croyais tellement, je n’ai jamais eu de moment de découragement. »

LE RETOUR DES LIBRAIRIES INDÉPENDANTES

Les indépendants représentent 22 % du marché du livre, une proportion en augmentation constante depuis cinq ans. 18 000 titres sont imprimés tous les ans. « On voit naître des librairies dans les territoires ruraux, je pense par exemple à Caussade ou encore au Tracteur savant à Saint Antonin-Noble-Val. Il y a une vraie dynamique. Nous sommes soutenus par les mairies, la Région, la CCI. Notre force est de faire des choix, je ne prends que les meilleurs titres, ceux qui ont une identité différente. » La librairie fait partie de l’association les Librairies sorcières. « Chez les sorcières, on connaît la potion magique pour faire lire les enfants », s’amuse Charlotte Dirat.


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Il y a un attachement aux librairies. Cette amoureuse des livres le mesure en participant à de nombreux salons tels que Confluences ou encore les Jolis Mots de mai organisé par l’association Reel (Recherche à l’école pour écrire et lire). Charlotte Dirat vient d’embaucher une libraire, « un coup demain indispensable, je suis sous l’eau mais heureuse. À deux, on doit dégager au moins 260000 € de chiffre d’affaires pour faire tourner la librairie. »

Elle aimerait aller à la rencontre des jeunes lecteurs, proposer des salons dans les écoles, les collèges. « Je voudrais que tout le monde pousse la porte d’une librairie, c’est notre mission de libraire indépendant. » Pari réussi, une nouvelle clientèle, plus jeune, plus familiale, avide de conseils avisés pousse désormais la porte du Bateau Livre, Charlotte Dirat aimerait que sa librairie devienne un espace de vie et d’échanges autour du livre.