À Toulouse, la start-up Ascendance signe deux nouveaux partenariats stratégiques
Aviation. La pépite toulousaine poursuit son développement et renforce sa stratégie d’internationalisation grâce à un rapprochement avec Abu Dhabi Investment Office et la signature d’un partenariat avec le loueur d’avions Amedeo.
Après avoir attiré tous les regards lors du salon du Bourget en juin 2023, où elle a conclu des partenariats pour le développement et l’industrialisation de ses deux solutions et annoncé la signature de 110 nouvelles intentions d’achat portant ainsi son carnet de commandes à plus de 500 intentions d’achats, la pépite toulousaine Ascendance (ex Ascendance Flight Technologies) a de nouveau brillé au Dubaï Airshow, salon aéronautique qui s’est tenu mi-novembre.
Résultat : elle passe un nouveau palier avec deux acteurs de premier plan que sont d’une part Abu Dhabi Investment Office (ADIO), en vue de contribuer activement à l’émergence d’Abu Dhabi en tant que capitale mondiale de la mobilité aérienne avancée, et d’autre part le loueur d’avions Amedeo (Amedeo Capital Limited), avec lequel Ascendance avait déjà signé une lettre d’intention d’achat.
Deux partenariats qui renforcent ainsi la stratégie d’internationalisation du Toulousain qui développe ATEA, un avion à décollage et atterrissage vertical (eVTOL) équipé d’un système de propulsion hybride électrique dénommé STERNA. « Les Émirats arabes unis se tournent vers le marché des nouvelles mobilités aériennes et veulent se placer comme leaders sur ce marché. Nous souhaitons ainsi nous positionner dans cet écosystème. C’est un bel exemple de ce qu’on peut faire avec notre avion concernant les vols régionaux en vue de rallier des endroits difficiles d’accès en plein désert », explique Thibault Baldivia, co-fondateur et directeur de la relation client chez Ascendance. Et de poursuivre :
Sur l’ensemble des commandes, ce partenariat peut être significatif. Les opérateurs d’hélicoptères, sur place, font partie aujourd’hui des plus grands opérateurs mondiaux en termes de volumes de machines et notre avion a vocation à remplacer les anciennes générations d’hélicoptères. »
Quid des futures opportunités industrielles et financières ? « ADIO pourrait à moyen terme faciliter la mise en relation avec des investisseurs locaux. La question est ouverte car nous recherchons des investisseurs pour les prochains tours de table. Pour l’instant, nous démarrons notre collaboration. »
En parallèle, le rapprochement avec Amedeo va permettre à Ascendance de développer son réseau de compagnies aériennes partenaires à l’international. « Le leasing représente aujourd’hui 50% des commandes de l’aviation mondiale. Amedeo se positionne comme un acteur majeur avec une importante flotte d’avions. Le groupe loue notamment une vingtaine d’appareils A380 à la compagnie Emirates. Nous allons bénéficier de son réseau et plancher sur une offre complète. Nous partageons une vision commune de la technologie hybride-électrique comme étant l’avenir d’une aviation plus durable et nous sommes très heureux d’être ensemble les fers de lance de ce nouveau marché », développe Thibault Baldivia.
Quant à la question de savoir si les pré-commandes portent sur un appareil pour un premier test ou plusieurs avions, l’intéressé confirme « qu’il s’agit généralement de plusieurs avions, car les clients ont une vraie logique de flotte et souhaitent sécuriser leur approvisionnement ».
Un choix technologique assumé
Le constructeur d’appareils eVTOL et de solutions de décarbonation affiche de belles perspectives. Après avoir levé cette année au total 34 M€ (21 M€ en début d’année complétés en juin par 13 M€ lors d’une sélection pour le plan France 2030 pour l’avion décarboné), l’assemblage de son 7e prototype, dit Iron Bird, est lancé sur son site d’essai en vol à Muret. « Ce prototype a pour vocation de s’assurer que tout fonctionne correctement au sol et à puissance réelle », souligne Thibault Baldivia. Le premier vol est prévu à l’horizon du second semestre 2024.
Les prochaines étapes ? « Nous travaillons avec plusieurs pilotes d’essai pour obtenir la certification que nous visons en 2027, avant d’amorcer la commercialisation notamment aux États-Unis, en Asie du Sud Est, en Europe, aux Émirats arabes unis. La France représente aussi une bonne partie des pré-commandes. Toutefois, dans l’Hexagone, les opportunités pour créer des lignes régionales sont moins grandes qu’aux États-Unis où le maillage est différent. De notre côté, nous avons déjà une densité cohérente. Nous travaillons étroitement avec la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). »
Si Ascendance étudie également les possibilités de débouchés sur le marché militaire, la start-up se concentre pour l’heure sur le marché civil. Elle vise le transport de passagers, le transport médical ou encore le transport de marchandises (jusqu’à 400 kg de charge utile). « Les clients recherchent de la flexibilité. C’est ce que leur offre notre appareil en plus de réduire les coûts et la nuisance sonore. »
Contrairement à l’avion électrique, qui, pour l’heure dispose d’une autonomie limitée, la technologie déployée par les fondateurs d’Ascendance permet d’atteindre des rayons d’action significatifs de l’ordre de 400 km avec quatre passagers plus le pilote, à une vitesse moyenne de 200 km/h. « Jean-Christophe Lambert, Clément Dinel, Benoît Ferran et moi-même avons travaillé sur le premier programme d’avion électrique d’Airbus il y a 10 ans avant qu’il ne soit mis à l’arrêt. Nous en avons tiré des conclusions notamment les limitations liées à la batterie. Raison pour laquelle nous avons basé notre stratégie sur l’hybride il y a six ans. »
120 collaborateurs en 2024
S’agissant des appareils de plus grande capacité, « nous développons un système de propulsion hybride-électrique que nous installons sur les avions conventionnels, lesquels peuvent alors transporter près de 70 passagers. » Pour aller dans ce sens, la start-up a passé un partenariat avec le constructeur Daher pour participer à la décarbonation de sa flotte prévue d’ici 2027.
Ascendance, qui prévoit l’installation d’une ligne d’assemblage finale ailleurs qu’à Muret (le lieu reste encore confidentiel) en vue d’accompagner sa phase d’industrialisation, envisage de recruter une quarantaine de personnes supplémentaires l’année prochaine, ce qui portera son effectif à près 120 collaborateurs au total.