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Acheter un meuble fabriqué à partir de déchets, chiche ?

Environnement. La marque Mobilier Tournesol produit et commercialise des meubles de rangement éco-conçus et fabriqués à Toulouse exclusivement à partir de déchets du BTP.

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Mobilier Tournesol
À l’origine de ce projet : quatre architectes toulousains. (Crédit : MOBILIER TOURNESOL)

230 millions ! C’est le nombre de tonnes de déchets que produit chaque année le secteur du BTP. Les chantiers de démolition et de rénovation sont particulièrement concernés. Face à ce constat, que faire ? Les enfouir ? Les recycler ?

Quatre trentenaires toulousains ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps en créant Mobilier Tournesol en 2022, une marque de meubles de rangement fabriquée uniquement à partir de surplus de chantiers et de chutes industrielles locales : fers à béton, aluminium composite, charnières plastiques…

Tous architectes de profession, « notre objectif est de réduire la quantité de déchets dans l’Hexagone. De prouver qu’ils sont une matière de travail. Que l’on peut prolonger leur durée de vie par un détournement d’usage », explique Thomas Combes, un des quatre associés.

Comment ? En s’inscrivant dans une démarche de réemploi, appelée aussi surcyclage (upcycling en anglais). « L’idée est vraiment de réduire au maximum notre impact environnemental. Or, pour recycler la ferraille par exemple il faut faire fondre le métal et donc le chauffer à plus de 2000 degrés. C’est un processus très énergivore, d’où le concept de surcyclage qui vise à donner une seconde vie à des matériaux sans les retransformer. »

Modulables, légers et rapide à monter

C’est cette conscience écologique et l’envie de faire bouger les lignes « dans un milieu de l’architecture très normé » qui a réuni Thomas Combes, François Bois, Arnaud Jouanchicot et Paul Chevalier.

« On voulait mettre cet enjeu environnemental au centre de notre travail. Et pour cela, on a choisi de se mettre à notre compte. » L’aventure commence en 2019 avec le collectif Tournesol qui regroupe leurs deux coeurs d’activité, à savoir un cabinet d’architecture et la fabrication de meubles.

En 2021, nouveau départ, avec la création d’une société d’architecture indépendante, Les bureaux Tournesol et un an plus tard, le lancement de la marque Mobilier Tournesol, spécialisée dans la fabrication et la vente de mobiliers de rangements modulaires, de type étagères, à destination principalement des entreprises.

« À l’époque du collectif, on avait récupéré gratuitement des kilos de déchets auprès d’un industriel spécialisé dans la production d’armatures et de ferraillage pour réaliser des meubles de récups pour la décoration intérieure de plusieurs clients, raconte Thomas Combes. Boostés par les bons retours, on a décidé de produire du mobilier en série. »


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Un changement de stratégie réalisé avec l’appui des Canaux. Une structure parisienne qui conseille, forme et accompagne des acteurs économiques engagés pour la solidarité et la planète.

Ainsi, entre 2021 et 2022, les jeunes entrepreneurs ont été accompagnés et poussés à développer leur concept. Un concept d’autant plus pertinent qu’à la même époque la loi antigaspillage pour une économie circulaire, dite loi Agec, a été adoptée.

« Celle-ci oblige notamment toutes collectivités publiques à consacrer 20% de leur budget annuel à des mobiliers issus du réemploi ou de l’économie circulaire. Le timing n’aurait pas pu être mieux trouvé », sourit Thomas Combes.

Lauréat French Tech 2022

Précurseur grâce à ses meubles éco-conçus, fabriqués à Colomiers (zone En Jacca), la marque Mobilier Tournesol se fait rapidement un nom dans ce marché du upcycling à fort potentiel de croissance. Lauréat French Tech 2022, « on a reçu une bourse Bpifrance de 42 000€ et 9 000€ de la part d’internautes grâce à une campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule », indique l’intéressé.

De quoi permettre à l’entreprise d’accélérer sa production de meubles qui compte aujourd’hui deux gammes. La collection en kit Zéro, composée d’étagères sans clous ni vis, déclinable en plusieurs tailles et qui peuvent s’additionner à l’infini.

Et la collection Mono, qui « fait écho aux grands classiques du rayonnage et de l’étagère, avec au choix deux modules : une version haute et une version basse. »

Très légers et ultra rapides à monter, « nos produits offrent une très grande modularité et donc cela facilite l’aménagement d’un espace de travail au gré des envies et des besoins », assure Thomas Combes. Une promesse qui a déjà séduit de nombreux clients.

La marque a déjà vendu pour plus de 30 000 € de meubles, pour un total de 282 tonnes de CO2 évitées. Prochaine étape pour les quatre associés toulousains : « Se rapprocher de gros distributeurs pour vendre en quantité nos meubles auprès des entreprises et puis, sur le plus long terme, créer de nouvelles gammes de mobilier (assises, tables…) à partir de nouveaux matériaux comme des pales d’éoliennes ou de simples portes. »

Un travail de recherche et développement au coeur de leur métier d’architecte « qui nous pousse à innover toujours un peu plus », conclut avec le sourire Thomas Combes.