Agriflux : le transport en commun des produits locaux
Logistique. Le Toulousain s’apprête à réaliser une levée de fonds en vue de déployer son modèle en France.
Être une interface entre les producteurs locaux et les transporteurs, tel est l’ambition à l’échelle régionale mais aussi nationale de la jeune pousse toulousaine Agriflux, gérée par une direction quadricéphale – Nils Olivier, Jean-Marc Thouy, Tiphaine Élise et Martin Bué. Nichée entre les murs du MIN (Grand marché d’intérêt national), la structure, fruit de la fusion à l’automne 2022 avec la SAS iséroise Marnadil - Chemin des Mûres, infrastructure de transports de produits locaux – créée par Nils Olivier, ancien ingénieur de la propriété industrielle à l’Inria, aujourd’hui président d’Agriflux –, se définit comme un projet à impact.
« Nous voulons rendre l’alimentation locale encore plus vertueuse à travers des réseaux de distribution qui permettent de produire et de vendre à des prix raisonnables », explique Jean-Marc Thouy, directeur général, ancien cadre dans une coopérative agricole, élu et acteur du développement local.
L’entreprise, qui s’apprête dès ce printemps à accélèrer son développement via une levée de fonds de 1,5 M€, a connu une lente mise en route. Elle a vu le jour en 2015, à l’issue d’une rencontre avec un spécialiste de la logistique et du dernier km. Elle a, à ses débuts, réalisé des études de marché, mais a longtemps été une sorte de « coquille vide », comme le concède le DG.
Depuis, d’autres profils ont rejoint l’aventure ce qui a permis de réunir toutes les compétences métier à savoir l’organisation, la logistique, la partie optimisation technologique et technique, et la gestion des opérations. Les premières actions sur le terrain ont véritablement commencé en 2021, un peu avant la fusion.
« Il y a eu un gros travail de mise en oeuvre avec les transporteurs et les premiers producteurs. La phase de démarrage a été assez lente. L’activité a décollé en 2022. Depuis, nous avons livré 270 tonnes de produits et 2000 colis sur 280 points de livraison différents. » Forte aujourd’hui d’un maillage d’une cinquantaine de producteurs notamment sur l’ex-territoire de Midi-Pyrénées, Agriflux entend en atteindre près de 300 d’ici la fin de l’année.
TOUR DE CONTRÔLE
Agriflux veut être le transport en commun des produits locaux, c’est-à-dire une solution de transport qui va permettre aux producteurs agricoles, transformateurs ou petits industriels (conserverie, etc.) qui ont de petits flux de bénéficier d’un service de logistique et de livraison, de l’enlèvement à l’exploitation jusqu’à la distribution en point relais, en magasins, en restauration, etc.
« Généralement, ils le gèrent eux-mêmes mais les livraisons sont chronophages. De plus, les coûts qu’elles engendrent peuvent représenter jusqu’à 30% du prix du produit. »
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De fait, pour optimiser les flux, l’entreprise, qui agit comme une tour de contrôle, a conçu une application via laquelle les producteurs plannifient leur distribution.
« Il s’agit d’offrir des alternatives de livraison, de digitaliser la chaîne d’approvisionnement pour obtenir des données logistiques pour la mutualisation des transports et réorganiser le transport des produits locaux en réseaux coopératifs massifiés dans une logique écologique. L’objectif est d’utiliser tous les réseaux de transports et logistiques déjà existants au lieu d’en créer d’autres. Nous collaborons pour l’heure avec une dizaine de transporteurs dans la région », précise le DG.
1,5 M€ DE LEVÉE DE FONDS
La solution, qui facilite la vie des producteurs, offre aussi « des avantages aux transporteurs et aux points de distribution qui peuvent recevoir en une même livraison les colis de plusieurs producteurs ».
Côté territoire, c’est une manière d’ancrer les collectivités dans la transition alimentaire et de mettre en avant le circuit court. Au-delà d’ étoffer son maillage de partenaires en région, Agriflux compte séduire d’autres collectivités dans l’Hexagone. Pour ce faire, elle envisage de réaliser son premier tour de table à hauteur de 1,5 M€ au premier semestre 2022.
Avec cette levée de fonds, elle entend ouvrir des agences dans trois autres villes en France dès cette année. « Pour l’heure, nous avons un rapprochement avec la ville de Lille. Nous discutons également avec un réseau de distribution francilien et nous avons l’oeil rivé sur Bordeaux. Nous envisageons de recruter pour assurer l’ouverture des agences », souligne Jean-Marc Thouy, qui n’exclut pas d’exporter le modèle dans les pays limitrophes tels que l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne.
« C’est un schéma adaptable et reproductible dans ces pays. Nous tâtons le terrain. » Constituée d’une équipe de 13 collaborateurs, l’entreprise vise 700 K€ de CA en 2023, soit un peu plus du double que celui de 2022.