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Lanceur d’étoiles veut faire décoller les start-up

Innovation. Un consortium réunissant 11 partenaires régionaux et nationaux initie un programme d’accompagnement destiné à faire émerger des projets locaux de deep tech dans les domaines aéronautique, spatial et de la défense.

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Manteau neigeux
Elda Technology est spécialisée dans l’étude du manteau neigeux. (Crédit : Pixabay)

Le 17 février au Centre d’innovation de Toulouse Aerospace à Montaudran, sept start-up toulousaines ont eu l’occasion de présenter leur projet devant une centaine de personnes dont des représentants de grands groupes des secteurs de l’aéronautique, du spatial et de la défense. Une belle occasion de briller pour ces pépites, dont six sont issues de l’Isae-Supaero et la dernière de l’Enac, et surtout de nouer des contacts avec de potentiels partenaires.

Elles ont pour point commun d’être accompagnées depuis septembre 2022 dans le cadre du programme Lanceur d’étoiles, initié en juillet dernier par un consortium qui réunit 11 acteurs : l’université de Toulouse, Toulouse Tech Transfer, Nubbo, TBS Education, l’IMT Mines Albi-Carmaux, l’INP Toulouse, l’Onera, l’université Toulouse III Paul Sabatier, l’Isae-Supaero, le Cnes et Aerospace Valley.

CRÉATEUR DE PROJETS

« L’idée de créer ce programme est née dans un bureau de Toulouse Tech Transfer, du constat qu’il manquait un catalyseur pour valoriser tous les projets deep tech dans les domaines aéronautique, spatial et de la défense de la région toulousaine », détaille François du Cluzel, chef de service Innovation et Entrepreneuriat, à l’Isae-Supaero.

L’ambition des 11 partenaires, qui ont réuni 22 K€ pour financer ce nouveau programme d’accompagnement, est de créer un environnement favorable au développement et à l’accélération de ces start-up, pour peu qu’elles soient situées en région toulousaine, qu’elles portent un projet innovant de deep tech dans les domaines déjà cités de l’aéronautique, du spatial et la défense.

En septembre, sept start-up ont intégré le dispositif, pour une durée de six à 18 mois. Il leur permet d’accéder aux ressources technologiques et expertises des 11 partenaires, de bénéficier également de rendez-vous mensuels et de boot camps. Trois autres demandes d’intégration ont été reçues et seront prochainement examinées par le comité scientifique du consortium.

Ce dernier a, du reste, fait des demandes de financement pour pouvoir augmenter le nombre de projets accompagnés, notamment auprès de la Région Occitanie et dans le cadre de l’appel à projet lancé en décembre par le ministère de l’Économie autour des pôles universitaires d’innovation (PUI). Selon François du Cluzel, « l’enveloppe minimale serait d’1 M€ pour assurer la pérennité du dispositif et mettre en adéquation les besoins et nos ambitions. »

PÉPITES À SUIVRE

Tidav Aero, qui est hébergée au sein de l’Enac, développe de nouveaux drones de type VTOL (aéronefs à décollage et atterrissage verticaux) , capables de voler par vents forts, offrant ainsi une disponibilité en vol largement supérieure aux modèles existants, avec une grande élongation. Les six autres start-up sont portées par des enseignantschercheurs, des doctorants, des étudiants ou de jeunes diplômés de l’Isae-Supaero.

L’une des plus avancées dans ses travaux est sans doute Tacita Dynamics qui « développe un dispositif antivibratoire basé sur de l’anti-résonance, un système qui permet de baisser drastiquement les vibrations sur n’importe quel type de machine, qu’il s’agisse d’une machine volante ou de toute autre machine », détaille François du Cluzel. Les porteurs de projet, un enseignant chercheur et un doctorant de l’Isae-Supaero, ont réalisé des tests sur une aile d’avion. « En rajoutant 1 % de la masse de l’avion, cela permet de réduire de 60% les vibrations sur l’aile. C’est donc très important ».


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Au point que cela intéresse d’autres secteurs depuis les constructeurs automobiles jusqu’aux fabricants d’électroménager. Elda Technology, projet porté par quatre jeunes diplômés, développe « une plateforme de service, qui permet, à partir d’un drone, de cartographier en temps réel en 2D et en 3D, le manteau neigeux, à des fins, en premier lieu, de prévention des avalanches et ensuite d’estimation des besoins en neige de culture », détaille François du Cluzel.

L’équipe, qui a déjà signé des partenariats avec des stations alpines dont Serre Chevalier, recherche également des collaborations avec des stations de sport d’hiver pyrénéennes. La start-up a, du reste, remporté plusieurs prix dont un Business O Féminin Awards 2022. MadeInTracker développe, de son côté, une solution de traçabilité des produits et composants basés sur des passeports numériques. Porté par deux enseignants-chercheurs et un doctorant de l’Isae-Supaero, Dycsyt planche, pour sa part, sur un logiciel de modélisation de contrôle des vibrations des panneaux souples déployés sur les satellites.

L’équipe a déjà déposé un premier brevet. α-impulsion est sans doute le projet le plus « disruptif », selon François du Cluzel. L’équipe, composée d’un jeune diplômé et d’un étudiant en fin de cursus, travaille à la conception d’un moteur de fusée utilisant un carburant solide et liquide, le carburant solide étant utilisé en tant que structure pour minimiser la masse du lanceur. Il s’agirait en clair, d’un lanceur autophage qui s’autoconsume au fur et à mesure que la fusée s’élève. La pépite est appuyée par l’Onera et le Cnes.

Le dernier projet accompagné par le programme Lanceur d’étoiles est Héliosphère qui vise à développer une solution de transmission de puissance sans fil pour l’alimentation continue à distance des systèmes autonomes et le déploiement de réseaux électriques mobiles et agiles.

« L’idée est de pouvoir se passer des batteries sur un drone, leur autonomie étant très faible. Le but est de pouvoir recharger le drone à distance par la transmission de puissance via un laser. Les étudiants de dernière année de l’Isae-Supaero qui portent le projet ont un prototype quasiment terminé », pointe François du Cluzel. Des tests de transmission de puissance ont débuté.