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Agritech : la start-up Abelio veut dépasser le million d’euros de chiffre d’affaires en 2024

Success Story. Depuis 2017, le Toulousain Abelio développe des outils de prévision dédiés aux agriculteurs et viticulteurs. Il a reçu le Prix « coup de cœur » lors de la deuxième édition régionale du Prix Next Innov 2024. Une récompense qui devrait l’aider dans sa stratégie d’internationalisation.

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Photo de Grégoire Dupré
Grégoire Dupré est le PDG d’Abelio. Il a co-fondé la start-up en 2017 avec Philippe Caumes. (Crédit : DR)

La Banque Populaire Occitane a remis le 25 mars 2024, dans l’enceinte de la Cité de l’Espace à Toulouse, les Prix Next Innov 2024. À cette occasion, trois start-up ont été récompensées pour leur contribution à l’innovation et au développement durable. Parmi elles, la pépite toulousaine Abelio, spécialisée dans le développement et la commercialisation d’outils numériques pour les agriculteurs.

« Nous sommes fiers d’avoir fait parties des 10 candidats sélectionnés sur 60. Ce concours draine des start-up de qualité, de fait, sortir du lot est une belle reconnaissance. Abelio a reçu le prix « Coup de cœur », et être élu par mes pairs me fait grandement plaisir. Cette récompense va permettre d’asseoir notre notoriété », se félicite Grégoire Dupré, cofondateur et PDG d’Abelio.

Pendant ses études, l’ingénieur en mécanique quantique appliquée à la fusion nucléaire s’est questionné sur ce que l’intelligence artificielle pouvait amener à l’agriculture. « J’ai réalisé que l’IA était très puissante et que cela pouvait être pertinent de la mettre au service de ce secteur pour optimiser le travail des agriculteurs et les différentes étapes de l’itinéraire technique », se rappelle-t-il. Abelio est né.

L’objectif du Toulousain est d’apporter une optimisation financière pour les agriculteurs, pour le côté social et durable de l’agriculture. « Il faut associer obligatoirement un volet environnemental, c’est assurément l’ADN du projet. Tous nos services sont complémentaires mais l’optimisation de la fertilisation azotée est devenue un vrai sujet. »

Direction l’Europe, le Canada et l’Australie

Le jeune entrepreneur, petit-fils d’agriculteurs, est à la tête d’une start-up qui ne cesse de grandir depuis sa création en 2017. La jeune pousse commercialise désormais quatre outils d’aides à la décision en une seule plateforme : l’optimisation de la fertilisation azotée, la pulvérisation localisée, la gestion des maladies et le pilotage de l’irrigation, le dernier en date mis sur le marché en 2023.

L’histoire de cette innovation s’inscrit largement dans l’Hexagone, mais elle s’apprête à s’exporter à l’international. « Nous souhaitons exporter notre outil de fertilisation azoté car celle-ci est aujourd’hui responsable de la majorité de l’impact carbone. Raisonner les apports d’engrais chimiques azotés, cela nous permettra d’avoir un impact très fort au niveau des émissions carbones dans ce domaine », affirme Grégoire Dupré avant de détailler sa stratégie de développement :

Nous visons l’Allemagne, l’Italie, ce qui nous permettra aussi d’accéder aux pays de l’Est européens, ainsi que le Canada et l’Australie, deux grandes puissances agricoles où l’on trouve d’énormes fermes et donc un besoin accru d’optimisation. En moyenne, la modulation de dose d’engrais permet de réduire de 5% l’apport d’azote. Des discussions sont enclenchées avec les acteurs agro-industriels et des agriculteurs, l’objectif étant à minima de procéder à des tests dès cette année. »

Une réduction d’utilisation d’herbicides de 68%

Concernant son développement à l’échelle nationale, Abelio entend booster son service autour de la gestion de la pulvérisation des herbicides.

« Côté herbicide, l’utilisation de notre solution a démontré une réduction d’utilisation de produit de 68%. Sur les fongicides, nous observons une réduction de traitement de 21%, assure-t-il. On entend parler de la controverse autour de glyphosate, des demandes des agriculteurs de renouvellement de l’utilisation de certaines molécules qui visent à traiter les mauvaises herbes. Notre ambition est de permettre aux agriculteurs de rester efficients et l’efficience passe aussi par le raisonnement de l’utilisation des herbicides. Notre outil cible uniquement les zones qui sont touchées par les mauvaises herbes en vue de limiter le gaspillage des intrants et notamment de ne pas polluer les surfaces agricoles et les sols inutilement. »

Un nouvel outil dédié à la viticulture

La pépite toulousaine a fait le choix stratégique de se diversifier, notamment dans le domaine de la viticulture. « Nos outils étaient jusqu’à maintenant orientés vers la grande culture, notamment les cultures céréalières et aussi légumières (légume de plein champs). La viticulture est un segment sur lequel nous cherchions à nous positionner depuis quelque temps et nous avons eu des demandes émanant du terrain à la fois de viticulteurs et de producteurs de céréales », indique Grégoire Dupré.

Après deux ans de préparation, le nouvel outil est à l’essai sur le marché national. « Il gère aussi la précaution des maladies, la gestion de l’irrigation et la gestion de la fertilisation. Il reprend les mêmes paramètres que nos outils existants mais avec des objectifs un peu différents. » De par le développement de ce nouveau segment de marché, Abelio table sur une progression de 30% de son activité.

Des formations en vue

En marge, le Toulousain envisage à l’horizon 2025 de mettre en place des formations en partenariat avec le fonds d’assurance formation Vivea, lequel accompagne les chefs d’entreprise agricole dans le développement de leurs compétences en finançant les formations professionnelles des entrepreneurs du vivant.

« Pour l’heure, les agriculteurs sont aiguillés par le technicien de leur coopérative mais effectivement un technicien a beaucoup d’agriculteurs à gérer. Cette formation d’une durée d’une demie journée doit permettre aux professionnels de la terre de mieux prendre en main nos outils, de mieux appréhender les concepts agronomiques autour de nos services et de rendre leur utilisation plus performante », affirme Grégoire Dupré.

Abelio, qui a par ailleurs levé 4 M€ en automne dernier, entend dépasser la barre du million d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Pour accompagner sa stratégie de développement, la start-up annonce vouloir renforcer ses équipes en passant de 30 à une quarantaine de collaborateurs.