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Anyos : bornes de recharge nouvelle génération

Mobilité. La start-up toulousaine a bouclé un tour de table de 1,5 M€. L’objectif : poursuivre son maillage dans l’Hexagone.

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De gauche à droite : Aurélien Michel-Vioux, Paul Malabert et Nicolas Vermorel, cofondateurs de la start-up Anyos. (Crédit : Anyos)

2023 est synonyme d’évolution pour la pépite Anyos, spécialisée dans les infrastructures de recharge des véhicules électriques, basée à la Cité de Toulouse. Préalablement hébergée au sein de l’incubateur toulousain Nubbo sous le nom de Securecharge, la structure dotée d’une nouvelle identité visuelle, qui vient d’être rebaptisée Anyos, a levé en décembre dernier 1,5 M€ auprès de NMP développement, Ocseed, Bpifrance et le CIC.

Cette opération financière a pour objectif de booster la croissance de l’entreprise, d’appuyer son essor commercial sur le territoire national et de renforcer l’équipe d’ingénierie avec huit collaborateurs supplémentaires. L’entreprise est née à l’initiative de trois ingénieurs qui, en 2019, se sont intéressés au marché encore balbutiant des bornes de recharge électrique.

De fait, le trio a souhaité développer une offre de services complète, clé en main, autour d’une première borne de recharge dotée d’un système de gestion dynamique de charge intégrée et autonome, comprenant la phase d’étude, l’accompagnement pour l’installation, l’opération et la maintenance.

Pour ces deux dernières opérations, l’entreprise s’est appuyée sur l’expertise du groupe montalbanais Fauché. La start-up, qui a à coeur d’accompagner ses clients sur les évolutions réglementaires et écologiques et signe de jolis contrats avec de grands comptes tels que RTE, Eiffage Immobilier, Vinted ou encore le Crédit Agricole Nord-Midi Pyrénées. Mais elle se heurte également aux problématiques associées à des taux de fonctionnement plutôt faibles, alors que la demande d’utilisation des bornes ne cesse d’augmenter.

De plus, le nouvel acteur se frotte à une concurrence de plus en plus accrue. En effet, selon une étude de l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique Avere-France, les véhicules électrifiés rechargeables légers neufs qui représentaient 2,6 % du marché en 2019, atteignent aujourd’hui 20 %. Une progression qui devrait encore s’accentuer.

Nouvelle borne Occitanie qui s’adapte à tous les changements

Borne
3000 bornes devraient être installées cette année. (Crédit : Anyos)

Les entrepreneurs ont cependant, dès la création, de la suite dans les idées. « Devenir fabricant et réindustrialiser cette technologie en Occitanie afin de donner du relief à la filière font partie depuis longtemps de nos axes stratégiques de développement. De fait, pendant deux ans, nous avons mené un projet de R & D ambitieux, via nos fonds propres, pour répondre aux attentes des collectivités et des entreprises privées, elles aussi aux prises des évolutions. Nous avons mis au point une nouvelle borne de recharge, à haute technologie, facile à maintenir ou à réparer. Elle a été spécifiquement conçue en réponse aux problématiques liées à ce type d’infrastructures à savoir, entre autres, l’emprise foncière, l’évolution du type de charge et la modification de standards réglementaires », explique Paul Malbert, CEO et cofondateur.

Du reste, l’entreprise apporte aussi une réponse aux problèmes liés à un dysfonctionnement qui sont devenus récurrents.

En effet, « près de 75 % des usagers ont déjà rencontré des bornes en panne. De plus, beaucoup d’opérateurs ont investi dans des bornes standards de prises qui évoluent et sont, de fait, obligés de les remplacer ».

Temps d’intervention réduit

Dans le détail, la borne de recharge nouvelle génération et modulaire est constituée de deux éléments principaux : une structure métallique, ancrée au sol ou au mur, qui peut être harmonisée avec le paysage urbain, et un boîtier technique – totalement amovible – comprenant l’interface utilisateur et tous les composants de contrôle et de puissance.

« Cette configuration présente un avantage majeur : en cas de panne ou d’évolution technique, le temps d’intervention sur la borne est fortement réduit. Les réparations et les modifications pourront être effectuées au centre de maintenance, sans impacter la continuité de service », souligne le cofondateur.


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Son développement mené dans le cadre du dispositif Tremplin de l’Ademe, a été réalisé en accord avec les principes d’éco-conception et a notamment bénéficié du soutien de Bpifrance. Côté réalisation, l’entreprise s’est rapprochée du groupe tarnais Syselec, qui est en capacité de produire 4000 bornes par an.

« C’est la plus importante production dans le sud de la France ». En termes de volume de ventes, l’entreprise espère atteindre 3000 bornes cette année, plus du double en 2024 et 5500 bornes à l’horizon 2026. La certification du produit est en passe d’être validée.

Des projets dans les cartons

Le nouveau produit, protégé par deux brevets, qui entend répondre à plusieurs enjeux dont la continuité d’un service, devrait encore connaître des évolutions technologiques dans les deux ans à venir. Les progrès concerneront notamment la gestion de la puissance et le temps de recharge. « Nous planchons sur une façade qui intègre une technologie de recharge de courant alternatif (AC).

On y insérera une façade rétro compatible, dotée cette fois d’un point de charge en courant continu (DC), qui permettra de faire le plein en quatre minutes, au lieu de deux à trois heures en moyenne à ce jour. Ce prototype qui devrait voir le jour d’ici 2024, sera destiné aux collectivités et entreprises qui ont de nombreux commerciaux, des conducteurs de camions de chargement,etc. En effet un particulier n’a pas besoin d’un temps de charge si rapide.

On considère généralement qu’un usager qui se déplace quotidiennement avec un véhicule électrique est à 80% de son temps à l’arrêt », détaille Paul Malbert. Un autre produit, destiné, lui, aux particuliers, sortira à l’automne 2023. De par une forte incitation gouvernementale à la mobilité plus vertueuse et un parc de véhicules électrique qui s’agrandit de plus en plus sur le territoire, les voyants sont donc au vert pour la start-up qui vise 1,6 M€ de chiffre d’affaires en 2023 et 13,5 M€ d’ici deux ans.

L’entreprise, qui anticipe 600 points de recharge équipés dans les 12 prochains mois, entend renforcer sa présence dans l’Hexagone – elle est implantée pour l’heure à Toulouse et Marseille – à travers notamment l’ouverture d’agences à Paris, Lyon et Nantes, avant de se déployer dans les pays du Nord de l’Europe à l’horizon 2025.