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Au Bourget, ATR promeut une aviation régionale compétitive et rentable

Transport aérien. Habitué du salon du Bourget, le toulousain a profité de sa présence à Paris pour faire un bilan à mi-étape. Entre nouvelles commandes, partenariats stratégiques et réflexion sur un avion décarboné, le constructeur d’avions régionaux turbopropulseurs veut continuer à surfer sur un marché en plein essor et asseoir son leadership.

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Durant le salon du Bourget, Nathalie Tarnaud Laude, la PDG d’ATR et Alex Wilcox, le dirigeant de JSX, transporteur aérien charter public basé au Texas, ont signé un important contrat de partenariat. (©ATR)

Avec un chiffre d’affaires de plus 1,2 Md$ et plus de 56 commandes enregistrées (+40 % sur un an), portant le carnet de commandes à 150 appareils, et 35 avions livrés, ATR a clôturé l’année 2024 sur un bilan très positif.

Et 2025 semble aussi bien orientée pour le constructeur toulousain d’avions régionaux de moins de 90 places à turbopropulseurs (système à hélices). C’est ce qui ressort du bilan à mi-parcours dressé lors du 55e salon du Bourget par l’entreprise qui emploie 1 100 salariés partout dans le monde.

Au cours du premier semestre de cette année, l’avionneur a en effet enregistré 30 nouveaux contrats dont 19 ATR 72-600 (44 à 78 places) de la compagnie aérienne de taïwanaise Uni Air et 11 autres de deux clients dont l’identité n’a pas été révélée. Cette commande, la plus importante que le groupe ait reçue depuis 2017, porte à 1 900 le nombre d’appareils vendus depuis le lancement du programme. Pour Nathalie Tarnaud Laude, sa PDG, ces chiffres démontrent l’adéquation des produits ATR aux besoins du marché :

Nos avions continuent de prouver qu’ils sont la solution idéale pour la mobilité aérienne régionale, offrant le bon mélange de performance, d’efficacité et de fiabilité, que nos clients exigent. »

L’aviation régionale haut de gamme, nouveau débouché

Le Toulousain, co-entreprise entre Airbus et le groupe industriel italien Leonardo, a également profité du Bourget pour annoncer la signature d’autres contrats avec des opérateurs existants et de nouveaux clients, à la fois des compagnies aériennes et des loueurs.

Leader du transport aérien inter-îles en Polynésie française, Air Tahiti qui exploite des ATR depuis 1987, a décidé de lancer un service VIP qui devrait être opérationnel au second semestre 2026. Il desservira certaines destinations emblématiques telles que Bora Bora et Raiatea.

Pour ce faire, le premier employeur privé de la région avec 1600 collaborateurs a opté pour la cabine ATR HighLine All-Business class pour l’un des quatre ATR 72-600 récemment commandés. Air Tahiti est le deuxième opérateur, après la compagnie malaisienne Berjaya Air, à se doter d’une telle configuration, confirmant ainsi la demande pour une aviation régionale haut de gamme et à faibles émissions, un marché sur lequel ATR se dit « idéalement positionné ».

Mais, le gros coup réalisé par ATR, c’est le contrat remporté auprès de l’américain JSX. Basé au Texas, le transporteur aérien charter public exploite jusqu’à 140 vols par jour vers 27 destinations de loisirs et d’affaires en Arizona, en Californie, en Floride, à New York ou encore au Mexique.

Une présence renforcée sur le marché américain

Alors que sa flotte est aujourd’hui uniquement composée d’appareils du constructeur brésilien Embraer, JSX va donc louer deux ATR 42-600 (30 à 50 places) afin « d’étendre son service de vol à arrêts multiples et de desservir d’avantage de terminaux privés, d’opérateurs de bases fixes et d’aéroports mal desservis aux États-Unis », précise le Toulousain dans un communiqué du 18 juin.

Alors qu’ATR a fait des services de maintenance un des axes de sa stratégie de développement avec des bases un peu partout dans le monde, cette location d’avions s’accompagne d’un contrat de maintenance globale « afin d’optimiser la disponibilité et la fiabilité » des appareils.

Ce premier partenariat devrait qui plus est s’inscrire sur le long terme puisque ATR a reçu une lettre d’intention portant sur 25 appareils dotés de la technologie ATR HighLine, à savoir équipés de sièges premium et classe affaires.

L’Asie-Pacifique, un territoire à haut potentiel

Pour le Toulousain, cet accord marque une étape majeure de son développement outre-Atlantique. Grâce aux avions d’ATR, JSX va en effet pouvoir accéder à un millier de nouveaux aéroports et élargir l’accès à des vols charters publics fiables à travers tout le continent nord-américain, constituant ainsi une vitrine de choix pour le constructeur franco-italien. Et Nathalie Tarnaud Laude d’ajouter :

Nous sommes impatients de soutenir la vision de JSX et de consolider notre position comme acteur de premier plan pour l’aviation régionale aux États-Unis. »

Si le marché nord-américain constitue une énorme opportunité pour l’avionneur, son développement se fera aussi et surtout sur la région Asie-Pacifique. Selon les dernières prévisions d’ATR relatives au marché des turbopropulseurs, au cours des 20 prochaines années, le besoin mondial devrait atteint 2 100 appareils de transport de passagers (et 500 avions cargo) dont 210 pour l’Inde et 835 pour le reste de la région. Une dynamique portée par le renouvellement et la modernisation de la flotte mais aussi par la création de nouvelles lignes.