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Blue Whale diversifie ses productions

Agroalimentaire. Malgré une récolte compliquée et un marché en tension, le groupement de fruiticulteurs tarn-et-garonnais, Blue Whale, continue ses investissements notamment pour atteindre ses objectifs de diversification.

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Blue Whale diversifie ses productions
(Crédit : Pixabay)

Avec près de 6 000 ha de culture, 300 fruiticulteurs, 180 collaborateurs pour un chiffre d’affaires qui, bon an mal an, demeure à peu près stable, malgré la Covid avec 310 M€ de CA affiché en 2021 contre 295 M€ en 2022, Blue Whale résiste. Le groupe prévoit cependant encore un léger recul, soit 290 M€ pour 2023. « Les prix de ventes sur le marché n’ont pas compensé les inf lat ions subies. » Aux crises successives s’ajoutent les caprices du climat. En effet, avec un volume annuel avoisinant les 240 000 tonnes de pommes traitées en France – les vergers du Sud-Ouest en représentant la moitié –, Blue Whale, fait état, d’une perte de rendement comprise entre 15 et 20%, associée à des dégâts qualitatifs, selon le bilan des dernières récoltes. « Nous sortons d’une saison très compliquée, marquée notamment par la canicule et la sécheresse qui ont eu un double impact. La chaleur n’est pas favorable à la couleur des fruits et le manque d’eau provoque des craquelures de l’épiderme. Ces effets sont nettement plus marqués que les années précédentes, notamment pour la Pink Lady qui représente 16% de nos surfaces cultivées et qui a été particulièrement touchée », explique le président, Christophe Belloc.

De nombreuses problématiques se posent aujourd’hui pour les exploitants autour de de la production et du Varenne de l’eau – un projet initié par le gouvernement en 2021, auquel prennent part les chambres d’agriculture, qui vise à faire émerger des solutions pour une agriculture résiliente face au changement climatique. À ce titre, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, s’est rendu dans le département du Tarn-et-Garonne le 28 novembre pour s’exprimer sur la thématique du changement climatique, ses conséquences sur l’agriculture et la nécessité de l’accès à l’eau. « Nous demandons des engagements car pour l’instant, nous subissons une perte de capacité de production. L’objectif est de conserver une souveraineté malgré les contraintes climatiques, un contexte inflationniste et l’augmentation du coût de maind’oeuvre en France. Nous sommes ainsi en recherche d’efficience à travers la logistique et la supply chain pour faire gagner des centimes à nos producteurs. On en est là », pointe-t-il.


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La transition vers le bio qui a notamment porté la croissance de Blue Whale ces dernières années (soit 20% des surfaces), est aujourd’hui saturé. « Le marché français, qui a peiné à être compétitif, a ainsi poussé les producteurs à aller chercher de la valeur, en se positionnant sur un marché de niche, qui représente seulement 10% du marché et qui se contracte actuellement. De plus, la production des cinq dernières années arrive à maturité, ce qui fait que les rendements doublent, alors que le marché stagne. »

DIVERSIFICATION

Pour tenir le cap, le groupe coopératif poursuit ses investissements notamment dans le renouvellement des variétés. « Nos vergers de pommes dans le Tarn-et-Garonne, qui représentent une surface de 2 300 hectares, connaissent un taux de renouvellement annuel de 8 % (3% sur le plan national). On parle d’une enveloppe de 60 K€ par hectare et s’il s’agit d’extension, cela génère autant d’investissements dans la filière ». La diversification fait aussi partie des objectifs du groupe, qui mise sur le kiwi vert produit en Occitanie depuis 30 ans et le kiwi jaune ainsi que la poire lesquels devraient représenter un marché porteur dans les prochaines années. « Nous projettons dans le Sud-Ouest de consacrer 150 hectares pour la production de kiwis. Quant à la poire, 60 hectares sont en cours de développement, avec des variétés qui s’adaptent après quelques années de mise à l’arrêt dû à la présence d’une bactérie », souligne le président.

« Nous comptons mettre des moyens supplémentaires pour développer le marketing et gagner de la valeur sur les rayons. »

À côté de ces marchés périphériques, le groupe investit dans une variété de pomme française, la Candine « une des pommes les plus sucrées du marché ». Elle représente pour l’heure 230 hectares de verger. « Cette pomme a une très bonne conservation, et nous sommes le seul groupe coopératif à la produire. On espère que cette variété se positionnera comme la championne de nos exportations et remplacera la pomme Gala, devenue un standard mondial. 7000 tonnes dont 5000 en bio sont en développement destinées notamment au marché asiatique mais aussi au marché européen » De fait, 15 à 20% du CA sera réinjecté dans sa promotion. Le groupe coopératif Montalbanais qui s’étend sur le Sud Ouest, le Val de Loire, le Sud Est et les Alpes, n’a plus de réputation à faire. L’exportation est la raison d’être de la structure, présente dans 82 pays, laquelle a profité du manque de productions de certains pays concurrents tels que les États-Unis et la Chine.

Développer le marketing

Blue Whale a également ouvert un bureau à Singapour cette année, avec deux collaborateurs sur place, « car les marchés du Moyen-Orient sont de plus en plus compliqués à pénétrer. Cela a été une de nos premières destinations où nous sommes actuellement de plus en plus concurrencés par des offres provenant de la Turquie et de l’Europe centrale. Dubai est une plateforme où les contraintes sanitaires sont plus souples donc tout le monde peut s’y aventurer. Tout se joue sur les prix. Même si nous entendons y mener des actions, l’un de nos principaux objectifs est de développer l’Asie où nous avons déjà une forte présence et de renforcer notre activité en Amérique du Sud, (nous avons un correspondant au Brésil), un de nos marchés historiques. »

Blue Whale garde aussi l’oeil rivé sur l’Afrique, en passe de représenter un marché conséquent d’ici quelques années. « La pomme est le fruit des classes moyennes, et la clientèle apparaît dans les grandes métropoles africaines qui se développent. Le réseau doit cependant se structurer », souligne-t-il. Quant à l’Europe, il s’agit surtout de la partie Ouest avec l’Espagne ainsi que l’Angleterre. « Nous souhaitons aussi gagner plus de parts de marché en Allemagne ». L’Hexagone reste également un segment à développer pour le groupe coopératif. Près de 60 000 tonnes sur 240 000 sont pour l’heure destinées aux distributeurs nationaux. « Nous comptons mettre des moyens supplémentaires pour développer le marketing et gagner de la valeur sur les rayons. Nous avons, pour se faire, renforcer l’équipe avec une dizaine de personnes supplémentaires cette année », conclut le président.