Boxe connectée : le tarnais I-Percut marque des points
Sport. La start-up a développé une housse bardée de capteurs et de LED pour les sacs de frappe ainsi qu’une application dédiée, pour permettre aux boxeurs amateurs et professionnels de mesurer leurs performances à l’entrainement, une solution commercialisée en France depuis mai 2023. En 2024, l’entreprise prévoit une levée de fonds pour accélérer son développement à l’international.
La boxe, un sport tendance ? Depuis les JO de Rio en 2016 et les belles performances de l’équipe de France, le nombre des licenciés a grimpé en flèche pour atteindre près de 65000 inscrits à la FFB. En dehors des clubs, la boxe fait également de plus en plus d’adeptes dans les salles de fitness où elle est perçue comme un sport complet mais au-delà comme un outil de développement personne, voir un moyen d’émancipation. Et la vidéo diffusée sur le réseau social X par le président de la République, gants de boxe sur l’épaule, posant devant un sac de frappe, pour encourager les Français à faire plus de sport au quotidien, ne devrait pas inverser la tendance, au contraire.
Du pain bénit pour une start-up tarnaise, I-Percut, qui développe depuis 2020, un dispositif connecté pour la pratique de la boxe. Olivier et Maryline Huc, ses fondateurs, ont en effet conçu une housse bardée de capteurs et de LED qui transforme un simple sac de frappe en outil de tracking. Il permet aux boxeurs amateurs ou professionnels de mesurer l’efficacité et la progression de leur entrainement à travers quatre métriques : la force, la vitesse, la réactivité et la volumétrie. Des données que le sportif peut consulter grâce à une application dédiée : elle propose en outre une foule d’exercices et permet de créer ses propres entrainements.
L’idée, née lors d’une discussion entre Olivier Huc, boxeur amateur, et un vendeur de matériel de sport de combat qui se plaignait qu’il n’y ait pas de technologie dans ses produits, a depuis fait florès. L’I-Perskin a en effet valu à ses concepteurs, à l’occasion de leur première participation au CES de Las Vegas, en 2023, un Innovation Award dans la catégorie sport et fitness.
Un coup de pouce décisif pour Maryline Huc :
Cela nous a permis de nous différencier. On a eu, grâce aux médias, beaucoup de retours de distributeurs et d’investisseurs à travers le monde. »
Une roadmap toute tracée
Depuis, l’entreprise a un peu mis en stand-by ses multiples contacts à l’étranger pour lancer son produit dans l’Hexagone, où l’I-Perskin est en vente depuis mai 2023. En quelques mois, la housse et l’appli ont déjà séduit de nombreuses salles un peu partout en France : à Dinan, Tourcoing, Paris, Saint-Chamond, Blagnac, Levallois, Epinay-sur-Scène, Lavaur…
« Nos cibles principales sont les clubs de boxe mais aussi les salles de sport et de fitness car beaucoup d’entre elles ont intégré la boxe dans leurs cours », précise la cofondatrice. Des partenariats avec différents équipementiers et distributeurs français tels que Métal Boxe, Rinkage, SportCom, LeaderFit’ sont en cours de négociation.
I-Percut, qui emploie cinq personnes et a réalisé 50 K€ de chiffre d’affaires l’an dernier, vise désormais un développement à l’échelle européenne. L’entreprise est en effet en train de bâtir un réseau de distributeurs en vue de se déployer en Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne et République Tchèque.
Pour financer cette nouvelle phase, elle projette une levée de fonds de 1,5 M€ au premier semestre 2024. Olivier et Maryline Huc, qui ont vendu leur précédente entreprise pour se lancer dans l’aventure d’I-Percut, ont déjà investi 1 M€ sur fonds propres pour développer la housse et l’application dédiée. La levée de fonds doit permettre à la start-up, installée à Appelle, près de Puylaurens, d’étoffer son effectif avec le recrutement de cinq nouveaux collaborateurs, notamment au sein de son service commercial, mais aussi de financer sa stratégie de communication pour faire connaitre plus largement ses produits.
Des produits made in Occitanie
Lesquels sont fabriqués en France, voire made in Occitanie, comme le détaille la dirigeante.
La carte électronique est fabriquée à Castres, les capteurs que nous avons développés sont produits par une entreprise adaptée près de Toulouse, la housse est fabriquée chez Briatexte dans le Tarn. Seule l’appli est développée par une entreprise bordelaise ».
I-Percut qui table sur un chiffre d’affaires de 4 M€ cette année voit plus loin. Dès 2025, l’entreprise, qui a développé un brevet à l’échelle mondiale, espère en effet se déployer aux États-Unis et au Canada. Dans cette perspective, et soucieuse de réduire son bilan carbone, elle projette d’implanter une seconde unité de production outre-Atlantique pour couvrir ces nouveaux marchés.
L’autre ambition de la start-up tarnaise est de poursuivre ses efforts de R&D afin de développer de nouvelles offres, notamment des offres packagées dédiées aux univers de la boxe, de l’handiboxe, du fitness mais aussi de la santé. « Nous avons eu plusieurs contacts avec des kinésithérapeutes en charge la rééducation de sportifs. Ils n’arrivent pas bien à mesurer les progrès réalisés par leurs patients. Notre technologie les intéresse. Nous planchons sur un nouvel objet plus adapté à cet usage. Nous sommes également sollicités par des associations évoluant dans le champ des maladies neurodégénératives (Alzheimer et Parkinson). Elles utilisent la boxe ou du moins le toucher dans de nombreux exercices et cela fonctionne très bien. Nous sommes donc en train d’imaginer sur notre application de nouveaux exercices, des jeux, en lien avec des neuropsychiatres, des exercices plus adaptés au monde médical. Au sein d’I-Percut, nous sommes très tournés vers le social, et ce serait pour nous une vraie victoire que d’apporter une nouvelle solution dans ce cadre-là », conclut Maryline Huc.