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Casa 93 s’installe dans le quartier du Mirail

Mode. Former des jeunes en difficulté aux mille et un métiers de la mode en plein quartier du Mirail, c’est le pari que font Nadine Gonzalez, fondatrice de la Casa 93 et Anne Péchoux, coordinatrice générale du projet toulousain.

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Anne Péchoux, coordinatrice générale de la Casa 93 Mirail, et Nadine Gonzalez, fondatrice de la Casa 93 (Crédit : DR)

Aider des jeunes, notamment issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), à reprendre confiance en eux en valorisant leur créativité, tel est le propos de la Casa 93, une école de mode d’un nouveau genre, créée en 2017 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, par Nadine Gonzalez. Depuis, la structure, qui a noué des partenariats forts avec plusieurs grands noms du luxe tels Louis Vuitton, Galeries Lafayette, Michael Jordan, Courir, reçoit plus d’un millier de candidatures, dont beaucoup du Sud-Ouest.

C’est ce qui a donné l’idée à sa fondatrice de jeter les bases, en octobre dernier, d’une seconde école, la Casa 93 Mirail. Installée sur la dalle Abbal, rue de Kiev à Toulouse, la nouvelle structure vise aussi à tirer parti des fleurons de la filière textile en Occitanie : la laine, le chanvre et le pastel. La Casa 93 Mirail a été inaugurée le 9 septembre en présence de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, Rachida Lucazeau, conseillère régionale, en charge de la délégation Fondation des bénévoles/ Associations et Égalité des territoires, Isabelle Hardy, vice-présidente du Conseil départemental de la Haute-Garonne, et Cécile Lenglet, sous-préfète de Muret, représentant les quatre collectivités qui assurent aujourd’hui plus de 90 % du budget de la nouvelle école. L’idée de la Casa est née au Brésil.


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En 2005, au coeur des favelas de Rio, Nadine Gonzalez, une Parisienne issue de l’univers de la mode, fonde, avec Andrea Fasanello, Moda-Fusion, association reconnue d’intérêt général, pour mener à bien un projet social dont les missions principales n’ont pas changé : « identifier les talents, les former, les promouvoir et les insérer sur le marché du travail, résume la fondatrice. Les femmes des quartiers défavorisés ont été notre première cible mais très vite nous nous sommes orientés vers les jeunes, puisque les femmes que nous avions formées ont rapidement pu transmettre leur savoir. Le projet est devenu une école, La Casa Geração, et en 2017, nous avons créé la première école en France, la Casa 93, qui dispense une formation professionnelle tout en portant un projet social. »

En Seine-Saint-Denis, ce sont 20 jeunes qui chaque année intègrent l’école. À Toulouse, la jauge est fixée pour l’instant à 12. « Nous ciblons les 18-25 ans qui ont un parcours de vie compliqué, sur le plan familial, psychologique, religieux, scolaire, et souvent des problèmes d’argent, même si nous ne nous adressons pas seulement aux jeunes issus des QPV. Nous sommes très attachés au métissage qu’il soit intellectuel, social, culturel. »

PARTENARIATS GAGNANTS

À l’issue de la formation, l’école aide certains de ces jeunes à poursuivre leurs études dans des institutions telles que l’Institut français de la mode, grâce à des bourses. À Toulouse, un partenariat a été signé avec l’École supérieure internationale de la mode (Esimode), pour offrir une bourse au mérite à un des futurs étudiants de la Casa 93 Mirail. La première promotion est en cours de recrutement, l’accès à la formation, entièrement gratuite, se faisant sans condition de diplôme. Elle aura pour parrains Marithé et François Girbaud, originaires d’Occitanie.

La formation prépare en 12 mois aux différents métiers des industries créatives en lien avec les filières textiles régionales. En pleine renaissance, elles ont de forts besoins de recrutement. Des partenariats ont ainsi été conclus avec Laines Paysannes, en Ariège, et Atelier Tuffery, en Lozère. D’autres marques nationales telles « Mugler et Chloé ont également dit leur intérêt de travailler avec Casa 93 Mirail sur des matières naturelles et la teinture végétale », précise Nadine Gonzalez.

Casa 93 a, en outre, fait de l’upcycling sa spécialité : elle travaille avec ces différentes marques partenaires en vue de donner une nouvelle vie aux produits issus de collections antérieures, dans le cadre de leurs nouvelles obligations liées à l’application de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec). Pour Anne Péchoux, coordinatrice générale du projet à Toulouse, le premier enjeu est la constitution d’une première promotion qui fera sa rentrée en octobre. Depuis plusieurs mois, elle a entrepris, avec la fondatrice, de nouer des relations avec de nombreux acteurs de terrain, sur l’ensemble du territoire de la région, pour dénicher les futures pépites dont le talent ne demande qu’à éclore. L’autre enjeu, à plus long terme, est de pérenniser l’école en étoffant la liste des partenariats privés et le champ des collaborations et en s’ouvrant à d’autres mécènes. Avec, pourquoi pas, la signature d’accords avec de grands groupes régionaux.