Économie circulaire : trois entreprises occitanes récompensées pour leur démarche

Modèle de production et de consommation vertueux, l’économie circulaire consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur. Allonger ainsi le cycle de vie des produits permet en effet de réduire l’utilisation de matières premières et la production de déchets.

Zéro gaspillage et zéro déchet

Des enjeux particulièrement mis en avant en Occitanie qui a adopté une trajectoire « zéro gaspillage et zéro déchet » sur son territoire. Pour ce faire, la collectivité a adopté un Plan d’actions pour l’économie circulaire (PRAEC) et lancé un forum autour de cette thématique, le huitième ayant eu lieu le 13 novembre au palais des congrès de Gruissan. Pour encourager les acteurs économiques à s’engager sur cette voie, la Région publie également chaque année des appels à projet.

Parmi lesquels le challenge Expédition Créative qu’organise une fois par an Ad’Occ, l’agence régionale de développement économique. Son principe ? 48 heures de travail collaboratif en équipe entre dirigeants d’entreprise, experts en économie circulaire et étudiants. La septième édition 2025 s’est déroulée les 20 et 21 novembre au Domaine de Combelles, près de Rodez (Aveyron).

Pour l’occasion trois établissements d’enseignement supérieur de la région étaient mobilisés : l’IUT de Rodez, l’EGC de Rodez et le master management des transitions du campus de Mende de l’université de Nîmes. Des ressources complémentaires permettant d’aborder chaque projet dans sa globalité : technique, communication, marketing, gestion, stratégie, économie circulaire et conduite du changement.

Concrètement, pendant deux jours, dix entreprises préalablement sélectionnées ont travaillé avec une équipe de trois à cinq étudiants, guidés par des facilitateurs [1], experts du développement économique et de l’économie circulaire. Objectif ? Partir de leurs problématiques pour élaborer une stratégie et des pistes d’action immédiatement déployables. À l’issue de la cession, trois lauréats sont désignés. Il s’agit cette année de Pierre de Plan (Tarn-et-Garonne), d’Innled (Hérault) et de Jamais sans Taboo (Gers).

Valoriser, recycler, relocaliser

Forte d’une expérience de plus de 30 ans, Pierredeplan est un des leaders sur le marché du plan de travail minéral en France. Basée à Castelsarrasin (82), l’entreprise fabrique des surfaces sur mesure en quartz, céramique, pierre naturelle et lave émaillée. Elle travaille pour les particuliers mais aussi et surtout pour les professionnels avec notamment sa marque Pyrolave, utilisée dans le domaine hôtelier, l’architecture et le luxe à travers le monde entier.

En pleine croissance avec 130 salariés et 25 M€ de chiffre d’affaires, la société tarn-et-garonnaise voit chaque mois 100 tonnes de chutes de ces matières nobles partir en déchets car complexes à recycler. Les étudiants ont ainsi imaginé un système de tri par tailles et couleurs pour optimiser la gestion du « stock » à valoriser, associé à une cartographie des partenaires capables de transformer ces matériaux précieux.

Changer de modèle économique

Créateur français d’éclairages et de sonorisation innovants, Innled est installé à Castenau-le-Lez (34). Il distribue ses produits d’éclairage à LED sur batterie aux professionnels de l’évènementiel, de la restauration, de l’hôtellerie partout en Europe. Engagée dans une démarche éco-responsable, l’entreprise souhaite remplacer un de ses modèles fonctionnant avec une batterie au plomb par un produit intégrant des cellules lithium-ion reconditionnées. Elle cherche également des solutions pour donner une seconde vie à ces anciens mâts d’éclairage, toujours fonctionnels après dix ans d’usage.

Les étudiants ont imaginé divers leviers d’incitation pour encourager les clients à passer de l’ancien modèle au produit plus vertueux tout en énumérant des solutions pour réemployer ou recycler la gamme déclassée. Ils ont aussi proposé à l’Innled d’adopter un nouveau modèle économique, basé notamment sur le leasing.

Depuis Auch dans le Gers, Barbara Bourneau est la fondatrice de Jamais sans TaBoo. Elle conçoit et commercialise en ligne et dans les pharmacies, de la lingerie menstruelle qui allie bien-être féminin, technologie et durabilité. Depuis 2022, son produit phare est une bouillotte textile chauffante, intégrée à des sous-vêtements ou utilisée seule pour soulager naturellement les douleurs menstruelles.

Aujourd’hui, la créatrice souhaite aller plus loin dans sa démarche en repensant à la fois le packaging, pour le rendre à la fois écologique et adapté à la distribution en pharmacie, la logistique, pour limiter les déchets et les coûts, ainsi que le modèle économique pour concilier accessibilité, durabilité et performance. Pour répondre à ses multiples problématiques, les étudiants ont proposé différentes solutions.

En premier lieu, ils lui ont suggéré de renforcer la stratégie marketing en y intégrant les principes de l’économie circulaire : packaging upcyclé et réutilisable, mais aussi fabrication en Occitanie par une entreprise d’insertion sachant qu’aujourd’hui les produits de la marque sont fabriqués au Portugal et en Allemagne. Autre conseil donné : développer le réseau de distributeurs pharmaciens, en s’appuyant davantage sur les professionnels impliqués dans le parcours menstruel de la femme. À plus long terme, ils ont avec l’entrepreneuse explorer des pistes de développement telles que le lancement de nouvelles gammes, l’ouverture à l’export mais aussi une diversification de ses activités.