Le Toulousain Hycco veut lever 9 M€ pour révolutionner le secteur de l’énergie hydrogène
Réindustrialisation. Avec ses plaques bipolaires en carbone qui permettent d’augmenter la durée de vie des piles à combustible, tout en réduisant drastiquement leur poids, la start-up toulousaine veut accélérer le déploiement de la mobilité hydrogène et favoriser ainsi la décarbonation des secteurs routier, ferroviaire, maritime et aérien. Elle ambitionne d’ouvrir d’ici deux ans une usine de production à grande échelle.
La start-up toulousaine Hycco, qui conçoit et industrialise une nouvelle génération de plaques bipolaires en carbone pour les piles à combustible à hydrogène, annonce le lancement d’une nouvelle levée de fonds de 9 M€. Des fonds qui doivent lui permettre de développer d’ici deux ans en région toulousaine sa première ligne de production afin d’accroître sa capacité de production de 10 000 actuellement à 165 000 plaques par an d’ici 2027 et répondre ainsi aux besoins du marché.
Fondée en 2019 par Ludovic Barbès, Alain Fontaine et Romain Di Costanzo, Hycco a été hébergée, à ses débuts, au sein de l’incubateur de l’école d’ingénieurs IMT Mines Albi, bénéficiant ainsi de l’accès à la plateforme technologique Mimausa (Matériaux Innovants pour la Mobilité et l’Usage des Systèmes Avancés), une structure qui offre un soutien en recherche et développement pour les projets liés à l’hydrogène et aux matériaux avancés.
Composants essentiels des piles à combustible, les plaques bipolaires, sur lesquelles travaille Hycco, représentent à elles seules 75 % de leur poids. Ce partenariat avec l’IMT Mines d’Albi lui a permis de produire des plaques bipolaires en matériaux composites thermoplastiques légères et durables avec des performances et épaisseurs similaires à la technologie métal actuellement utilisée.
Des drones...
Depuis 2021, une première levée de 1,7 M€ réalisée auprès de Wiseed, d’Ocseed et de Bpifrance a permis à Hycco de voler de ses propres ailes et de s’installer à Toulouse, au sein du bâtiment B612, à Montaudran, pour poursuivre le développement de sa technologie. Dans la foulée, en 2022, la jeune pousse a noué un nouveau partenariat avec le droniste toulousain Delair, l’Isae-Supaero et Pragma Industries, une entreprise biarrote spécialiste depuis 20 ans de la pile à combustible à hydrogène, dans le cadre du projet Mangabhy en vue de la mise au point d’un drone propulsé à l’hydrogène.
En parallèle, en 2023, Hycco a obtenu deux financements majeurs : l’un de 1,9 M€ suite à l’appel à projet (AAP) Première Usine de Bpifrance, et un second de 1,6 M€ de l’Ademe dans le cadre de l’AAP « Briques technologiques et démonstrateurs hydrogène » pour le projet NeGerHy mené avec l’isérois Hynology. Des fonds qui permettent à l’entreprise d’accélérer son développement industriel, tout en consolidant son avance technologique.
En janvier de l’année suivante, à l’occasion du salon Hyvolution Paris 2024, la pépite toulousaine - qui emploie une vingtaine de collaborateurs - a annoncé la signature d’un premier contrat commercial avec Pragma Industries en vue du lancement d’une pile à combustible ultralégère d’1 kW spécialement conçue pour les drones.
…à la mobilité lourde
Développer une pile à combustible pour des drones n’est cependant qu’une première étape pour Hycco qui voit plus grand. Avec sa technologie disruptive, l’entreprise toulousaine vise en effet le marché de la mobilité lourde, à savoir le routier, le ferroviaire, le maritime ou encore l’aérien. Au cours des six derniers mois, la start-up a d’ailleurs conçu et fabriqué une nouvelle pile plus puissante de 200 cm², qui représente « une réelle avancée », assure l’entreprise dans un communiqué daté du 23 janvier 2025, à la fois pour « relever les défis critiques de l’industrie » et « accélérer la transition vers des solutions de transport durables. »
Hycco annonce également le lancement d’une nouvelle plateforme de test de 60 kW qui va permettre d’évaluer les plaques bipolaires en fibre de carbone d’Hycco en conditions réelles, mais aussi de réduire les coûts de développement et les délais de mise sur le marché des nouvelles plaques.
« Nous comprenons les défis auxquels nos clients font face lors de l’intégration de technologies de pointe. Notre objectif est de fournir une solution qui réduise les risques et les incertitudes inhérents à ce processus », conclut Romain Di Costanzo, PDG d’Hycco qui vise 15 M€ de chiffre d’affaires dans cinq ans.