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La ferme de Lacontal renoue avec la tradition de la lavande

Agriculture. Dans les années 60, le Tarn-et-Garonne faisait figure de référence dans la culture de la lavande. Elle est revenue dans le Quercy grâce au travail de lavandiculteurs à l’image d’Hélène Lafon et de Xavier Leplaideur. Ils ont trouvé la solution idéale pour développer leur exploitation, entre lavande et élevage.

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  • Photo de la ferme de Lacontal
    La ferme de Lacontal (Crédit : DR)
  • Photo de la ferme de Lacontal
    La ferme de Lacontal (Crédit : DR)

« En plantant les pieds de lavande, notre idée était de trouver une plante qui pousse sur les plateaux argilo-calcaires et peu gourmande en eau, », explique Xavier Leplaideur, le responsable de l’exploitation. « C’est un retour aux sources en quelque sorte. Entre 1950 et 1970, il y avait trois distilleries autour de Touffailles. On fournissait 10 % de la production nationale. Mais à l’époque, la filière avait du mal à se structurer, il manquait une interprofession. » Xavier Leplaideur est titulaire d’un BTS agricole et d’une maîtrise en développement local.

Sa compagne Hélène Lafon, qui a une formation en agriculture doublée d’un cursus en école de commerce, était responsable administrative et financière d’une coopérative agricole de producteurs de foie gras.

Xavier Leplaideur dirigeait une association régionale de protection de la nature à Toulouse. « À la quarantaine, j’ai décidé de reprendre une partie de la ferme de mes beaux-parents. Je me suis installé en 2005, ma compagne est venue me rejoindre en 2008. »

En 2006, le couple a planté 1 ha de lavande. L’exploitation en compte 12 aujourd’hui, si on ajoute la sauge et l’hélichryse (immortelle). Toutes ces plantes sont destinées à être distillées puis transformées en huile essentielle. « On a monté la distillerie en 2009, sans prétentions particulières, ajoute Xavier Leplaideur, on était certain que ça allait marcher. » La lavande n’est pas un jackpot vous dira l’exploitant, le rapport pouvant aller de 1 à 5 : « un gros pied de lavande peut ne produire que 2 ml d’huile essentielle. »

OPTIMISER POUR FAIRE TOURNER L’EXPLOITATION

La ferme d’Hélène Lafon et de Xavier Leplaideur est en polyculture et en élevage. « On le revendique, ajoute l’agriculteur. Sur des zones comme les nôtres, c’est une bonne solution. Certes, il y a l’astreinte de troupeau mais c’est une vraie richesse pour la terre, on fait des rotations régulières. Cette pratique favorise l’autonomie des fermes. On ne voulait pas de monoculture. »

Le couple a investi près de 170 000 € pour installer les locaux, la distillerie et acheter une machine de récolte pour la lavande. Hélène Lafon et Xavier Leplaideur sont passionnés par le métier, ils ont fait un choix de vie.


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« On ne compte pas notre temps de travail, en moyenne 2 500 heures chacun par an. Quand on me demande combien je gagne, je suis incapable de répondre, je dirais 2 € de l’heure », précise le quinqua.

Le couple maîtrise toute la chaîne à la ferme. C’est Hélène Lafon qui gère la comptabilité de l’entreprise. 70% du chiffre d’affaires provient de la culture des plantes et 30% de l’élevage des brebis. La Ferme de Lacontal distribue ses produits sur son site internet et en vente directe, boostés par les labels Bienvenue à la Ferme et Sud de France. Elle fait aussi partie des Clubs des Sites du Tarn-et-Garonne et du Tarn mis en place par les ADT (agence de développement touristique).

Elle travaille en réseau pour la fabrication de ses meringues, de ses savons ; ses couettes en laine sont réalisées par un artisan de l’Aveyron, Au fil de la laine, à Salles-Courbatiès. Transmettre son savoir fait partie des priorités de Xavier Leplaideur, il est coprésident de l’Adar, association pour le développement agricole rural. Il aide les exploitants à s’installer. « Il faut trouver des repreneurs, le nombre d’exploitation ne cesse de diminuer en France. D’ici à 10 ans, 50 % des exploitants seront à la retraite. »