La filière aérospatiale sur la voie de la reprise
Aérospatial. L’Insee, en partenariat avec le pôle de compétitivité Aerospace Valley, vient de publier le bilan d’activité de la filière.
Fortement affectée par la crise de la Covid 19 qui a plombé les chiffres d’affaires et les effectifs respectivement de 34 % et de 6 % en 2020, la filière aérospatiale du grand Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) a connu en 2021 un rebond modéré. Le chiffre d’affaires de la filière a grimpé de près 6 % par rapport à 2020, sans atteindre pour autant les niveaux d’avant crise. Ainsi, en fin d’année dernière, le chiffre d’affaires de la filière restait inférieur de 30% à celui de 2019. C’est ce qu’indique la dernière étude de l’Insee Occitanie réalisée en partenariat avec le pôle de compétitivité Aerospace Valley.
Un seul secteur, la métallurgie, n’a pas bénéficié de ce rebond. En 2021, le chiffre d’affaires du secteur a en effet encore reculé de 15 % (après -23% en 2020), à comparer au segment de la fabrication d’équipements électriques et électroniques dont le chiffre d’affaires a fait un bond de plus de 20 % en 2021 tandis que le secteur de l’informatique enregistrait une croissance de son chiffre d’affaires de 15%. Le spatial a, du reste, connu un rebond d’activité légèrement plus marqué que l’aéronautique, la construction spatiale ayant connu une croissance de son chiffre d’affaires proche de 10% en 2021.
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Ce regain d’activité modeste au cours de l’année 2021 s’explique par la persistance de certains freins tels que les contraintes sanitaires au sein des entreprises et les difficultés d’approvisionnements, notamment dans la métallurgie touchée par des tensions sur des matériaux tel le titan, l’acier ou encore l’inox et dans le secteur de la fabrication d’équipements électriques et électroniques par les tensions sur les semi-conducteurs. Tandis que dans le reste de l’économie française, les effectifs ont progressé de 5,6% sur l’année, l’emploi s’est stabilisé dans la filière aérospatiale, note également l’Insee. En 2021, l’évolution est en effet de +0,3 %, soit 300 supplémentaires. L’industrie aérospatiale a, elle, encore perdu des emplois l’an dernier, particulièrement la métallurgie, alors que les effectifs du secteur tertiaire ont augmenté, tant dans l’ingénierie que dans l’informatique. Au global, à fin 2021, la filière affichait un niveau d’emploi inférieur de 5 % à celui de 2019, soit près de 6000 emplois en moins.
ACCÉLÉRATION FRANCHE EN 2022
Selon l’Insee, qui ne dispose pas de toutes les données pour l’année en cours, mais a interrogé les chefs d’entreprise sur leur perception des évolutions d’activité, l’année 2022 paraît mieux orientée. La très grande majorité des dirigeants interrogés s’attendent à une accélération de la reprise, tant dans l’industrie que dans le tertiaire. Les plus optimistes sont cependant les grandes entreprises. Alors que les carnets de commandes des donneurs d’ordre sont pleins pour cinq à dix ans, la plupart des chefs d’entreprise interrogés parient sur une croissance des effectifs (76% envisagent de recruter ou ont recruté) et un bon nombre table sur une reprise des investissements. Pour autant, cette embellie risque bien d’être freinée par les problématiques de recrutement.
Huit entreprises sur dix déclarent rencontrer de telles difficultés. L’autre source d’inquiétude évoquée par Bruno Darboux, président d’Aerospace Valley est la crise énergétique. « La filière métallurgie fait effectivement face à différents problèmes : de compétences, d’approvisionnement et désormais de prix de l’énergie. Les plus exposées sont celles du secteur de la fonderie et du traitement de surfacepeinture. L’énergie pesait relativement peu dans leurs bilans pré crise, mais son poids a été multiplié par trois ou cinq. Le dispositif d’amortissement de l’État se met en place. Il devrait permettre d’amortir le choc, mais cela va tout de même plomber les finances des entreprises. »