Medef 31 : les chefs d’entreprise inquiets
Economie. À l’occasion de la publication de la 35e édition du Top Eco Occitanie, l’organisation patronale a fait un point sur le climat des affaires.
Difficultés de recrutement, hausse du coût de l’énergie et transition écologique, ces trois préoccupations sont revenues en boucle dans les propos des représentants de plusieurs branches professionnelles de la région, invités par le président du Medef Haute-Garonne, Pierre-Olivier Nau, à prendre la parole le 9septembre à l’occasion de la présentation de la 35e édition du Top Éco Occitanie, ce « grand répertoire des entreprises et décideurs » de la région, publié chaque année par Entreprises Occitanie, le magazine économique édité par l’organisation patronale. Des branches professionnelles dont les situations varient fortement en fonction de la nature de l’activité. Du côté l’UIMM, qui regroupe les industriels de la métallurgie, son président régional, Bruno Bergoend veut rester optimiste. « Le contexte régional est très favorable », observe-t-il.
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De fait, les carnets de commandes des constructeurs aéronautiques sont pleins. Pour autant, l’industriel pointe la hausse des prix des matières premières, des métiers toujours en tension, les difficultés d’approvisionnement et surtout, « le mur énergétique » auquel risquent d’être confrontés certains acteurs de la filière au moment du renouvellement de leurs contrats d’approvisionnement en énergie, qui nécessitera, a-t-il indiqué, « au cas par cas, des dispositifs d’accompagnement ». Le dirigeant a aussi évoqué les futurs plans de sobriété énergétique et de décarbonation.
« Nous travaillons sur le sujet depuis des années, a-t-il fait remarquer. Le secteur a ainsi pris un engagement zéro émission nette en 2050. L’automobile a bien démarré sa transition et pris de l’avance sur l’aéronautique. Nous travaillons sur ces questions avec le ministère, et notre vocation, à l’UIMM, est d’aider les entreprises à faire des diagnostics de leur process industriel, car pour elles, au-delà de réduire la température des bureaux à 19 °C, tel que l’a recommandé la Première ministre, c’est bien ça l’enjeu. Cette démarche s’inscrit dans un temps long. C’est le travail que nous menons avec l’Ademe notamment, pour construire ces diagnostics et identifier les fonds qui permettront d’aider les entreprises à les financer. Car si la Covid a contraint les entreprises à passer le cap de la digitalisation, je pense que, sous la poussée de cette crise énergétique, la décarbonation, va faire le même bond. »
ÉROSION DES MARGES
Émile Noyer, président de la fédération du bâtiment et des travaux publics de Haute- Garonne, pointe, lui aussi, des besoins de recrutements que les entreprises ont toutes les peines à satisfaire, une envolée des coûts des matériaux de construction, mais déplore surtout, en plus d’un manque de foncier, un effondrement des délivrances de permis de construire. Conséquence : on a construit dans le département 7400 logements entre juin 2021 et juin 2022 contre 13 600 quatre ans plus tôt. Des chiffres loin d’être en adéquation avec les besoins de logements. Hors logements, si de gros projets s’annoncent (Cité administrative, Campus TBS, usine Evotec, troisième ligne de métro, etc.), les surfaces commencées sont en repli constant (-11,6% cette année). Le dirigeant s’inquiète dès lors de la santé des entreprises : « beaucoup ne pourront pas rembourser les PGE », prévient-il.
Même inquiétude du côté des transports où les entreprises sont directement impactées par les hausses des prix des carburants. « Il y a un risque majeur pour certains d’être pris à la gorge », indique Guillaume Chavanat, représentant de la branche. D’autant que le secteur manque de visibilité quand aux alternatives au diesel. Le secteur, ajoute-t-il, souffre d’un problème d’attractivité, avec de forts besoins de recrutement. Des difficultés que connaissent également les dirigeants de la restauration, de l’hôtellerie et de l’événementiel, représenté par Thomas Fantini, vice-président du Medef, qui souligne, qu’avec la hausse des matières premières, la revalorisation des salaires dans la branche, les marges des entreprises, qui ont, elles aussi, des PGE à rembourser, s’érodent fortement.
Malgré des hausses d’activité de l’ordre de 10 % au premier semestre de cette année, les professionnels du conseil, réunis au sein du Syntec-Ingénierie, que préside en région Philippe Frey, s’alarment, eux, de l’inflation, « véritable sujet de préoccupation », de « la baisse des marges » et de « la pénurie de ressources ». Des soucis, que connaissent également les entreprises de services du numérique qui ont, rappelle Frédéric Honorat, président régional de Numeum, nouveau nom du Syntec-Numérique, « 8 000 postes ouverts ». Le professionnel note toutefois qu’après une hausse d’activité de 7,4% cette année, « les perspectives sont également bonnes pour 2023 », pour le secteur. De leur côté, les commerçants, par la voix de Guillaume Duval, directeur de la Fédération des Associations des commerçants, artisans et professionnels de Toulouse, s’alarment des conditions d’accès au centre-ville, « de plus en plus difficiles ».