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Merci René avance ses pions dans l’Hexagone

Économie solidaire. La Scop toulousaine, qui accompagne les professionnels à la réalisation de leurs espaces de manière responsable, vient de lever 500 K€ et voit grand. Elle entend se développer dans toutes les métropoles françaises à travers la création de franchises.

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Projet du centre d'appels
Projet du centre d’appels la Maïf. (Crédit : MERCI RENÉ)

L’année 2023 est un tournant pour la Scop Merci René, qui affiche de belles ambitions. La coopérative toulousaine fait le lien entre les acteurs du réemploi et les entreprises ou collectivités locales qui ont un projet de réaménagement en circuit court avec des meubles d’occasion. Elle vient de boucler son premier tour de table à hauteur de 500 K€ auprès d’établissements bancaires et d’acteurs de l’économie sociale et solidaire tels que France Active et Bpifrance en vue de l’élaboration d’une plateforme innovante.

Cette opération financière permet notamment à la structure de faire un bond en avant digital, de porter son équipe de cinq à huit collaborateurs et d’asseoir sa notoriété sur le territoire national via la création de franchises dans les grandes métropoles. Ce dernier objectif est fixé à l’horizon 2025.

CRÉATION DE FRANCHISES

« Au-delà de la Ville rose, nous souhaitons renforcer notre présence à Lyon, ville dans laquelle nous sommes déjà très présents, puis à Bordeaux, dès cette année », souligne Olivier Hue, fondateur associé et gérant de Merci René. Et pour cause, la coopérative, qui conseille ses clients sur l’aménagement d’espaces et propose des solutions issues de l’économie circulaire et locale, s’est fait une petite renommée à l’échelle nationale.

D’où le besoin de s’étendre. « Nous souhaitons ainsi nous rapprocher de nos clients et de nos partenaires. Bien que nos clients soient majoritairement basés en Occitanie, nous avons des demandes de projets qui émanent de toute la France mais jusqu’à présent, il était difficile pour nous d’y répondre. »

PLATEFORME DIGITALE

Autre axe de développement qui va permettre à la Scop de maintenir son activité et de rentrer dans une nouvelle ère : le développement d’une plateforme digitale.

« Contrairement à un architecte d’intérieur classique qui a un panel de fournisseurs industriels qui disposent de catalogues, de fiches techniques, etc., nos partenaires, qui sont principalement des ressourceries, des recycleries et de petits artisans, n’en ont pas. De fait, pour donner à voir des produits et permettre aux clients de se projeter, nous devons nous-mêmes créer des piles de documents, ce qui est très chronophage pour l’équipe. »

« L’idée, via la création de la plateforme, est d’élaborer un système d’information, basé sur la cartographie de nos partenaires et les catalogues de mobiliers associés. »

« Nous aimerions par la suite qu’ils puissent participer à l’ajout des informations et que nos clients aient ainsi accès à tous les éléments dont ils ont besoin. Nous entendons également livrer des données sur l’impact écologique en fonction des solutions retenues, un aspect auquel nous tenons tout particulièrement. »

En effet, la coopérative a à coeur de donner une seconde vie au mobilier tout en offrant une solution aux clients en faisant rimer RSE et économie circulaire avec architecture d’intérieur. Lors de sa création, d’abord sous forme associative il y a cinq ans, Merci René ne se frotte à aucune concurrence.


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À l’issue d’une rencontre avec Jean-Julien Urbain, architecte d’intérieur, Olivier Hue, expert du recyclage de bureau, qui n’en est pas à sa première aventure entrepreneuriale, souhaite répondre à un double constat : d’un côté, chaque année, les professionnels mettent 90 000 tonnes de mobilier au recyclage et seulement 1,5% sont réemployés, et de l’autre, les acteurs manquent de solutions pour des projets de réaménagement et de réemploi.

Olivier Hue devient alors visionnaire en la matière dans l’Hexagone, soutenu par la Région Occitanie et l’Ademe. C’est grâce au bailleur social toulousain Le Groupe des Chalets (pour la réhabilitation d’un ancien bâtiment en résidence étudiante) que la structure, devenue une Scop en 2019, décolle. Suivront d’autres projets d’envergure avec des entreprises privées et publiques telles que Pierre et Vacances, la Maïf (dont un centre d’appels à Montpellier livré en fin d’année dernière), le MIN, etc.

Actuellement, la Scop collabore avec une résidence de tourisme dans les Alpes pour l’accompagner dans l’élaboration de sa propre gamme de mobilier. Plus près, Merci René travaille avec l’Association Les Jeunes Handicapés pour la rénovation de l’ensemble de ses lieux de vie à Lahage (31).

1M€ DE CA EN 2025

La Scop, qui réalise en moyenne entre 40 et 50 projets par an, entend, avec ces nouveaux leviers de croissance, intensifier la cadence. Côté partenaires – passant d’une vingtaine à la création à 250 en 2022 –, elle compte étoffer son maillage qui relie déjà les quatre coins de la France. « Nous avons aussi des entreprises plus conventionnelles qui proposent un produit correspondant à nos critères dont notamment la fabrication française. C’est ce mix entre elles et les artisans locaux qui nous permet de mener de beaux projets », détaille le gérant. Merci René vise 1M€ de CA en 2025.