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Mobilité : Reev lève 8,8 M€ pour industrialiser ses genouillères robotisées

Santé. Avec ses orthèses motorisées intelligentes, le toulousain veut révolutionner le marché des aides à la marche. Son objectif : améliorer la qualité de vie et l’autonomie des personnes souffrant de troubles de la marche consécutifs à un AVC, une sclérose en plaques ou une paralysie cérébrale.

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Reev vient de lever 8,8 M€ pour accélérer l’industrialisation de son aide à la marche. (©Reev)

Aider les millions de personnes ayant des difficultés à marcher à surmonter leur handicap quotidien en devenant plus autonomes dans leurs déplacements, telle est la vocation de l’entreprise toulousaine Reev, une jeune pousse fondée en 2021 par Amaury Ciurana et Robin Temporelli, deux ingénieurs diplômés respectivement de l’Isae-Supaero et de l’Insa.

Aujourd’hui basée à Toulouse et Boston, aux États-Unis, la pépite, qui emploie 30 salariés, développe des orthèses de genou robotisées intelligentes. Pour accélérer le déploiement de sa solution, elle vient d’annoncer, dans un communiqué daté du 4 février 2025, la clôture d’un nouveau tour de table.

D’un montant de 8,8 M€, il a été réalisé auprès de Polytechnique Ventures, fonds de capital-risque dédié à l’écosystème entrepreneurial de l’École polytechnique, Newfund Heka, fonds d’investissement parisien et Irdi Capital Investissement, société de gestion d’actifs toulousaine, tout trois soutiens historiques de la start-up. En 2023, celle-ci avait en effet collecté 3 M€ auprès de ces mêmes acteurs.

Le footballeur Raphaël Varane séduit par le concept

Preuve que cette technologie séduit de plus en plus d’investisseurs, l’entreprise qui est incubée depuis janvier 2023 au sein de l’accélérateur états-unien Techstars Future of Longevity, a également reçu le soutien de business angels et d’opérateurs du secteur de la santé. Parmi ces contributeurs, rassemblés par le multi-family office Scala Patrimoine, figurent notamment le footballeur Raphaël Varane et le chirurgien orthopédiste montpelliérain, Hervé Silbert, spécialiste du genou.

Avec ses orthèses autoportantes sur mesure de 3 kg dénommées Dreeven, Reev veut révolutionner le marché de l’assistance à la mobilité. Son ambition est en effet de remédier aux limites des technologies des exosquelettes existants en réduisant le poids de l’appareil, tout en en diminuant les coûts et en améliorant la personnalisation. « Contrairement aux genouillères classiques qui se contentent de stabiliser la jambe, notre orthèse est active, détaille ainsi Amaury Ciurana sur le site de Scala Patrimoine. Elle amplifie les capacités motrices de son utilisateur grâce aux données recueillies par un capteur d’analyse des mouvements ».

Deux solutions complémentaires

Dans le détail, Dreeven est basé sur un système d’assistance électrohydraulique. Pilotée par l’intelligence artificielle, l’exosquelette fournit une aide motrice précise et personnalisée aux mouvements du genou, offrant aux patients atteints de troubles neurologiques de la marche un gain en terme de mobilité sans équivalent. Une simple extension du genou suffit en effet à soulever l’utilisateur, réduisant de 30 % l’effort nécessaire pour se déplacer.

En parallèle, l’équipe de Reev a développé un autre produit, Reev Sense, un ensemble de capteurs de mouvement fixés sur la chaussure ou la jambe du patient et connectés à une application mobile. Cette solution est destinée aux professionnels de la rééducation auxquels elle permet, grâce à une analyse rapide et précise de la marche, de suivre l’évolution des progrès réalisés. La technologie a déjà obtenu ses certifications FDA pour les USA et CE pour l’Europe.

Une étude et des essais cliniques à venir

Les fonds recueillis à l’occasion de cette nouvelle augmentation de capital vont permettre à Reev, qui a signé un partenariat, il y a deux ans, avec Thuasne, un spécialiste européen de l’orthopédie, de finaliser l’industrialisation de Dreeven. Ils serviront notamment à financer une étude clinique au sein du Neuromotor Recovery Lab du Sargent College of Health & Rehabilitation Sciences de Boston University, avant l’organisation d’essais cliniques élargis en vue de l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché de part et d’autre de l’Atlantique.

Les premiers utilisateurs de Dreeven devraient être les patients ayant des difficultés à marcher suite à un accident vasculaire cérébral (AVC). Soit « 50 millions de personnes dans le monde » précisait Amaury Ciurana, sur le plateau de BFM Business en 2023. Reev vise aussi les patients souffrant de troubles de la marche consécutifs à une sclérose en plaques ou à une paraplégie.

Plusieurs fois primée, l’entreprise prévoit de lancer une première série de son orthèse dès 2026. Des produits qui seront vendus en priorité sur le marché états-unien. Stratégiques pour Reev, les Etats-Unis offrent en effet « un remboursement par les assurances pouvant atteindre 30 000 $ pour ses équipements », ajoute Amaury Ciurana. Portée par ses bonnes perspectives, l’entreprise recrute actuellement une demi-douzaine d’ingénieurs et de profils commerciaux.