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Nanomade lève des fonds pour booster l’industrialisation de ses capteurs tactiles

Innovation. L’entreprise toulousaine développe un capteur tactile capable de rendre toutes surfaces et tous matériaux interactifs. Une prouesse technologique qui séduit les marchés aéronautique et automobile. Présent au CES de Las Vegas 2024, elle annonce réaliser un deuxième tour de table cette année pour booster son industrialisation.

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Nanomade est dirigée par Olivier de Tremaudan et Jean-Claude Rassou (©Nanomade).

Pour sa deuxième participation au CES de Las Vegas, l’entreprise toulousaine Nanomade a été une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. Elle développe en effet un capteur capable de rendre n’importe quelle matière et surface en zone interactive intelligente avec lequel elle continue de séduire notamment le secteur de l’automobile.

« Pour cette édition, nous exposions en partenariat avec la start-up toulousaine Eye Lights, à l’origine d’un pare-brise à réalité augmentée et affichage à tête haute. Nous comptons retourner au CES l’an prochain mais cette fois avec notre propre stand », se félicite Olivier de Tremaudan, président de Nanomade qui a racheté l’entreprise en 2019 au côté de Jean-Claude Rassou, un ancien de Motorola.

L’entreprise créée initialement en 2009 planche depuis 10 ans sur un produit disruptif en collaboration avec le CNRS. « Nous avons de notre côté déposé une dizaine de brevets mais nous disposons du brevet sur la technologie de base en commun avec le CNRS. Nous en avons l’exclusivité d’exploitation », explique le président. Issue de travaux conduits au sein du Laboratoire de physique et chimie en nano-objet (une unité mixte de recherche Insa Toulouse/CNRS/Université Paul Sabatier), la technologie développée par Nanomade repose sur une encre à base de nanoparticules déposée sur un film souple isolant doté d’électrodes conductrices :

Il s’agit d’une technologie de détection disruptive qui rend toutes surfaces et tous matériaux interactifs. Cette technologie brevetée repose sur une encre exclusive qui transforme le substrat flexible et mince sur lequel elle est imprimée en une surface hyper sensible multi-touch et multi-force. Lorsque le capteur subit une pression, la conductivité de l’encre change de façon exponentielle au niveau de contrainte. Cela permet ainsi de déterminer l’emplacement et l’intensité de la force appliquée. Les champs d’application sont très larges. »

Cible les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et de la santé

Depuis le rachat, les associés ont fait le choix stratégique de se tourner principalement vers les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. « L’entreprise a connu deux vies, détaille Olivier de Tremaudan. Pendant la première, elle avait un projet avec un leader mondial des smartphones, lequel n’a finalement pas abouti, ce qui a été un gros coup dur. Lors du rachat, mon associé et moi-même avons décidé de limiter notre technologie à deux secteurs que sont l’aéronautique et l’automobile, même si d’autres projets gravitent autour de la medtech et de la défense. »

L’entreprise développe depuis deux ans avec l’équipementier aéronautique Otonomy Aviation une solution qui, grâce aux capteurs Nanomade intégrés aux passerelles des avions, permet de mesurer avec précision chaque impact sur la porte de l’avion lors de l’embarquement. « Nous en sommes à la phase de prototypage et espérons une commercialisation en 2025. »

Nanomade a également un projet avec le toulousain Aura Aero, lequel, assure Olivier de Tremaudan « truffe ses avions de nos technologies à plusieurs niveaux ». Et de poursuivre :

Le premier capteur est installé dans le train d’atterrissage ce qui permet d’avoir une mesure proactive de l’usage du train et ainsi de faire de la maintenance prédictive. Un autre est positionné dans la structure afin de connaitre les forces exercées dans l’avion en fonction du pilotage. Enfin, nous intégrons notre technologie dans la gouverne. Nos capteurs permettent d’uniformiser les techniques de pilotage et de récupérer de la data. »

Une deuxième levée de fonds en 2024

Le contrôle de la santé des structures ou SHM (Structural Health Monitoring), qui permet de maintenir et de prolonger la durée de vie des infrastructures, de détecter et de prédire leurs défaillances, ainsi que la maintenance prédictive sont des sujets que l’entreprise évoque aussi avec le géant toulousain, Airbus. D’autres discussions sont en cours avec Safran, dans le domaine de la défense et de l’automobile. « Nous développons un prototype avec un constructeur de sport automobile. L’idée est d’intégrer nos capteurs dans le volant. L’un des usages serait de supprimer les palettes dans les voitures de sport afin que le pilote change les vitesses simplement en pressant le volant », souligne le président.

Dans le secteur de la santé, l’entreprise vient de lancer la production en série de sa technologie qui va alimenter un dispositif de rééducation pour les patients atteints de maladies neurodégénératives en partenariat avec la medtech Dextrain. Celle-ci développe des technologies médicales basées sur les neurosciences pour le diagnostic et le traitement des déficits de la main. « Dextrain fabrique les 200 premiers prototypes et nous lancerons en production 5 000 premières pièces dans le premier semestre à destination des neurologues et des kinésithérapeutes français. »

Afin de passer à la vitesse supérieure, le Toulousain, qui a levé des fonds en 2023 après de business angels, prépare un deuxième tour de table cette année. « Nous espérons lever entre 2 et 4 M€ pour se doter d’un outil de production capable de produire des millions de capteurs par an. Actuellement, nous avons la capacité de produire 10 000 capteurs », conclut le président. Forte d’une quinzaine de collaborateurs, l’entreprise espère étoffer son équipe d’ici deux ans d’une dizaine de salariés supplémentaires.