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Reev lève 3M€ pour industrialiser son orthèse robotisée d’aide à la marche

Depuis 2021, la pépite toulousaine connaît une ascension fulgurante grâce à sa genouillère motorisée qui aide les personnes atteintes de troubles de la marche à être plus autonomes au quotidien. Ce tour de table doit permettre à Reev de se lancer commercialement sur le marché américain.

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Reev a été créée en 2021 par Amaury Ciurana (à droite) et Robin Temporelli. Le premier est diplômé de l’Isae-Supaero et d’un Master X-HEC Entrepreneurs. Le second est ingénieur en mécanismes spatiaux et docteur en mécatronique de l’Université de Sherbrooke.

Selon les chiffres publiés par la Fondation pour la recherche sur les accidents vasculaires cérébraux, plus de 140 000 personnes sont victimes d’un AVC chaque année en France, soit une toutes les quatre minutes.

À travers le monde, ce sont 16 millions d’individus qui sont touchés par cette pathologie. Et même si tous les AVC n’ont pas la même sévérité, les séquelles sont très fréquentes. Parmi les plus courantes, on retrouve les atteintes motrices d’un ou de plusieurs membres (37,2 %) pouvant les empêcher de parcourir une distance à pied de 500 mètres (dans 42 % des cas).

Plus d’autonomie et d’endurance au quotidien

Pourtant, au cours des dernières décennies, les orthèses d’aide à la marche ont peu évolué. Passives, elles sont souvent jugées encombrantes, dépassées voire stigmatisantes par les patients. Mais tout ça pourrait bientôt changer grâce à Amaury Ciurana et Robin Temporelli, deux jeunes toulousains qui s’apprêtent à industrialiser une assistance robotisée à la marche.

À la tête depuis 2021 de la medtech Reev, ils ont développé Dreeven, une technologie inédite issue de l’automobile. Légère et intelligente, cette motorisation connectée pour orthèse médicale doit permettre aux personnes atteintes de troubles de la marche de gagner en autonomie dans leurs déplacements quotidiens.

« Marcher, faire ses courses, promener son chien, passer un trottoir, monter un escalier… Le but est vraiment de soulager d’au moins 30% l’effort du genou du patient et ainsi réduire sa fatigue musculaire », explique Amaury Ciurana, le PDG de la start-up toulousaine qui vient de signer un partenariat avec Thuasne, le leader européen de l’orthopédie.

« Nous allons produire la motorisation qui sera ensuite intégrée par Thuasne sur les orthèses. Nous allons fonctionner un peu sur le principe des vélos électriques avec d’un côté ceux qui s’occupent du moteur et de la batterie et de l’autre, ceux qui produisent l’ossature », détaille l’intéressé qui a commencé à travailler sur cet exosquelette en 2019, pendant ses années d’études à l’Isae-Supaero.

Partenariat stratégique avec Thuasne

Depuis, ce qui n’était « qu’un projet bénévole et scolaire » est devenu une jeune pousse prometteuse (25 salariés) qui enchaîne les distinctions (prix Lopez-Loreta, concours iLab, bourse French Tech Emergence de Bpifrance…) et séduit les investisseurs. Reev vient en effet de boucler un tour de table de 3 M€, dont 1,5 M€ en dilutif, mené par Polytechnique Ventures, et suivi par Irdi Capital Investissement, Newfundet des Business Angels.

Cette levée de fonds doit nous permettre de renforcer notre R&D, de finaliser notre prototype clinique et de lancer de nouvelles études auprès de patients. Ces fonds vont aussi être utilisés pour aider à la commercialisation prochaine de Reev Sense, notre capteur d’analyse du mouvement. »

Relié à une application mobile, ce dernier analyse la marche du patient, et permet de réaliser des tests de mobilité usuels pour fournir des bilans personnalisés, précis et objectifs aux professionnels de la rééducation « jusqu’au jour où l’on va passer à l’étape supérieure, c’est-à-dire à l’orthèse robotisée ».

Commercialisation aux USA dès cet automne

Et si à terme, Reev ambitionne bien sûr de commercialiser ces exosquelettes nouvelles générations en France et plus largement en Europe, les deux Frenchies visent d’abord le marché US.

S’implanter aux États-Unis est vraiment l’opportunité de démocratiser l’utilisation de notre innovation sur un marché où la réglementation est plus avancée qu’en Europe et où l’orthèse robotisée est d’ores et déjà remboursée. »

Preuve de l’intérêt des Américains pour la technologie Dreeven, la start-up a intégré en janvier 2023 l’accélérateur Techstars Future of Longevity, qui accompagne le développement de solutions innovantes répondant aux besoins des personnes âgées et de leurs soignants.

Dans la foulée, Reev a même réussi le tour de force de s’implanter au sein de l’écosystème entrepreneurial de Boston, berceau de la robotique et de la medtech pour lancer une étude de validation avec le MIT (Massachusetts Institute of Technology).

« Entre la commercialisation de notre premier produit et l’industrialisation de notre genouillère robotisée pour la tester sur des patients d’ici la fin l’année, nous sommes clairement à un moment charnière de notre développement », reconnaît le jeune PDG de Reev qui, s’il ne minimise pas les enjeux, reste serein.

« C’est bien pour une jeune start-up de répondre à la pression, ça pousse à se dépasser. Et puis, grâce à cette levée de fonds réussie, nous pouvons nous projeter vers l’avenir sans trop penser à la trésorerie. C’est donc tout de suite plus facile. »