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Rémy Soulier, ébéniste en mode slow

Artisanat. Rémy Soulier est un artisan d’art, l’illustration parfaite d’une reconversion réussie. Installé à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, il fabrique des meubles en bois. Il a su trouver son modèle économique. Les nouveaux usages numériques ont radicalement changé sa façon de travailler.

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Rémy Soulier, ébéniste en mode slow
Rémy Soulier, ébéniste tarn-et-garonnais, accueille également des étudiants pour faire découvrir son métier. (Crédit : DR)

Avec application et passion, Rémy Soulier s’est imposé dans le métier d’ébéniste. Jusqu’en 2010, il travaillait comme technicien pour les Bâtiments de France, en Lozère. « J’étais sur le terrain, puis le métier est devenu de plus en plus administratif, je ne voulais pas passer le reste de ma vie à faire des papiers. » À 32 ans, il se lance et passe un CAP d’ébénisterie au lycée des métiers d’art, du bois et de l’ameublement de Revel. Il se met en disponibilité de l’administration.

« Je me suis retrouvé sur les bancs d’école avec des étudiants de 14 à 55 ans. C’était une année formidable », se souvient l’artisan. Pendant sa formation, il effectue plusieurs stages chez des menuisiers puis décide de démissionner et de créer son entreprise. « Je voulais réaliser du petit mobilier sur-mesure, je n’avais pas envie de faire de la menuiserie traditionnelle, des portes, des fenêtres. » Il a conçu des petits meubles et les a présentés dans les salons d’art à Figeac (46) ou à Lodève (34). Ils ont tout de suite trouvé leur public. Rémy Soulier fait très peu de restauration de meubles, par choix.

UNE CLIENTÈLE À L’ÉCOUTE, EN RECHERCHE DE SENS

Cet ébéniste vous le dira, créer un meuble pour un client est une question de feeling. « C’est une relation de confiance, je vais questionner le client sur ses attentes, lui proposer des couleurs, différents veinages de bois. Ensemble, on va dessiner le meuble qu’il attend. » Les clients apprécient, ils lui demandent des photos pour suivre son avancée. « Je le ressens encore plus depuis la crise liée au Covid. Les clients se recentrent sur le local. » Rémy joue la carte de la proximité pour trouver sa matière première. Les scieries sont installées dans l’Aveyron, le Tarn-et-Garonne. Il choisit des essences locales comme le chêne. « L’approvisionnement est devenu aléatoire, les plus beaux stocks de bois sont achetés en grosse quantité par la Chine, tendant le marché et faisant grimper les prix. Je ne suis qu’un tout petit client, je dois faire preuve de patience pour me fournir ».

L’ART DE TRANSMETTRE

Plusieurs fois par an, l’artisan accueille des étudiants en CAP, en bac professionnel ou des licences pro en stage dans son entreprise. « C’est une remise en question pour moi, un véritable échange avec les étudiants. En design, les étudiants m’apportent de nouvelles connaissances, je leur enseigne la technique. » Depuis quatre ans, Rémy Soulier sort de son atelier pour dispenser les cours aux étudiants de licence pro du pôle design de l’université Jean Jaurès à Montauban. Rémy Soulier sait qu’un artisan travaille seul mais il ne reste pas solitaire. En effet, il échange beaucoup avec d’autres professionnels. « Je suis en relation régulière avec la chambre de métiers pour les formations, en veille permanente sur les outils numériques. Je travaille beaucoup le bois avec des machines traditionnelles mais le numérique me sauve régulièrement. Par exemple, si on me demande une rose des vents incrustée, avec le numérique, il me faut une heure. En manuel, il me faudrait trois jours », sourit-il.


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L’artisan a investi 70 K€ de matériel et acheté une machine à commande numérique. Pour ses besoins occasionnels en découpe au laser et en fraisage, il se rend dans un fablab au Caylus. Il est satisfait de son CA, environ 50 K€. Son site internet est une vraie vitrine. « 40 % de ma clientèle arrive grâce à internet. » Rémy Soulier a participé au salon du Made in France à Paris. Il participera également cette année à un salon national d’artisans d’art. Ses plus beaux projets réalisés ? Difficile de répondre, il y en a plusieurs vous dira Remy Soulier. « Je suis satisfait quand le client est heureux d’avoir son meuble, une fois posé, il ne m’appartient plus », dit-il avec quelques trémolos dans la voix.