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Satellites : Thales Alenia Space, bien placée dans la course

Spatial. La coentreprise entre Thales et Léonardo fait le bilan des nombreux marchés qu’elle a remportés l’an dernier.

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Satellites : Thales Alenia Space.
(Crédit : Freepik)

Télécommunications, exploration spatiale, observation de la Terre, autant de segments de marché sur lesquels les équipes de Thales Alenia Space, coentreprise entre le français Thales (67 %) et l’italien Leonardo (33 %), ont performé en 2022. Basée à Cannes, l’entreprise qui possède 17 sites en Europe – dont le plus important est à Toulouse avec près de 2600 salariés – et une implantation industrielle aux USA, s’affiche de fait, pour la deuxième année consécutive, comme le leader mondial sur le marché des satellites de télécommunications géostationnaires.

Thales Alenia Space a en effet remporté six satellites sur les 10 attribués en 2022 sur le marché ouvert au niveau mondial. Un résultat qui s’appuie sur le succès remporté auprès des grands opérateurs mondiaux par sa nouvelle ligne de produits entièrement reconfigurable en orbite Space Inspire( Instant SPaceIn-orbit Reconfiguration ) avec l’attribution des satellites Intelsat 41(IS-41) et Intelsat44(IS-44), Arabsat-7A, SES-26 et Eutelsat Flexsat Thales Alenia Space poursuit sa collaboration avec Eutelsat en apportant la solution de connectivité au sol SpaceGate pour le satellite Eutelsat Konnect VHTS, permettant d’accroître significativement les performances du segment sol du satellite. La société fournira également le satellite KoreaSat-6A à l’opérateur sudcoréen KTSAT.

EXPLORATION, OBSERVATION, SÉCURITÉ

Côté exploration spatiale, l’année a été marquée par le succès du lancement de la mission Artemis I de la Nasa en vue d’une installation durable sur la Lune. Thales Alenia Space a contribué aux technologies clés du module de service européen de la capsule Orion, développé sous contrat de l’Agence spatiale européenne (Esa). La coentreprise poursuit également le développement des modules Halo,Esprit et I-Habde la station spatiale lunaire. En parallèle, l’entreprise a signé un contrat d’étude avec l’Esa portant sur le développement d’une charge utile d’extraction d’oxygène à partir de roche lunaire. Ce contrat devra valider la capacité de production d’oxygène in situ dans les quantités requises par les futures colonies lunaires.

Dans le champ de l’observation de la Terre, Thales Alenia Space a signé l’an dernier la deuxième tranche pour les Missions Co2m, Cristal, Chime, CIMR et Rose L de Copernicus, principal programme d’observation de la Terre par satellite de la Commission européenne et programme clé de l’Esa dans ce domaine. Sur le marché de la navigation par satellite, la coentreprise franco-italienne est également bien présente avec la signature l’an dernier d’un contrat avec l’Agence de l’Union européenne pour le Programme spatial (Euspa) qui vise à développer, qualifier et déployer la nouvelle version d’Egnos, le système européen de navigation par satellite. Thales Alenia Space a également franchi un nouveau jalon dans le cadre du programme Galileo, avec l’intégration d’un nouveau satellite au segment solde mission GMS (Ground Mission Segment), qui permettra d’améliorer le service de positionnement.


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Egnos compte 3,3 milliards d’utilisateurs. Dans le secteur de la sécurité et de la Défense, Thales Alenia Space et Telespazio ont signé une deuxième tranche du contrat avec le ministère italien de la Défense portant sur la poursuite du développement du système de télécommunications sécurisées par satellite Sicral 3 et du segment sol associé. Le programme italien de système de télécommunications sécurisées et d’alertes avancées, dénommé Sicral, se compose de deux satellites géostationnaires dédiés aux liaisons stratégiques et tactiques, en appui des opérations militaires, à la fois en Italie et ailleurs dans le monde.

ESPACE DURABLE

Sur le segment de marché de l’orbite basse, Thales Alenia Space et le britannique QinetiQ ont ouvert, l’an dernier, la voie des nanosatellites multimissions en très basse orbite terrestre en signant un contrat d’étude avec l’Esa pour Skimsat, un concept très innovant visant à réduire le coût des satellites d’observation de la Terre. Dans le même temps, la coentreprise a signé avec le luxembourgeois Space Cargo Unlimited la première phase du contrat de conception et de production du véhicule Rev1, la première usine de l’espace.

En tant que maître d’œuvre, Thales Alenia Space sera responsable de la conception, de l’ingénierie et du développement du véhicule Rev1. Space Cargo Unlimited sera le propriétaire et exploitant commercial du véhicule. La coentreprise a également fait une percée l’an dernier dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’Espace durable. Thales Alenia Space, avec différents partenaires, a en effet été sélectionné par la Commission européenne pour mener le programme Eross Iod (European Robotic Orbital Support Services InOrbit Demonstrator) dédié aux services en orbite, ou « On-Orbit Servicing ».

Ce programme vise à déployer des technologies avancées de robotiques spatiales pour rendre l’utilisation de l’espace plus durable, en prolongeant la durée de vie des satellites, en améliorant leurs performances et en réduisant les débris spatiaux. Alors que l’empreinte environnementale du numérique devient un enjeu majeur, Thales Alenia Space a par ailleurs été sélectionnée par la Commission européenne pour mener l’étude de faisabilité Ascend, portant sur l’installation de data centers en orbite.

Ce projet pourrait contribuer à l’objectif Green Deal de neutralité carbone d’ici 2050 et constituerait un développement sans précédent de l’écosystème du spatial et du digital européen. Enfin, Thales Alenia Space a signé un contrat avec ArianeGroup pour la production de la chaîne de sauvegarde du lanceurAriane6dontla fonction principale est de neutraliser le lanceur dans le cas où la trajectoire suivie mettrait en péril des personnes ou des biens. Thales Alenia Space a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 2,15 Mds€ en 2021 et emploie près de 8000 personnes dans 10 pays.