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Greffe de rein : Sêmeia et Chiesi signent un partenariat pour démocratiser le don d’organe de son vivant

Santé. Par manque d’informations, le don de rein d’un donneur vivant est encore peu fréquent en France alors que 15 000 patients français sont en attente d’une greffe. Afin de lever ces freins, la start-up toulousaine Sêmeia et l’italien Chiesi viennent de signer un partenariat. Objectif : améliorer l’information et la prise en charge des donneurs et des receveurs tout au long du processus de greffe.

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Chiesi, laboratoire biopharmaceutique transalpin engagé dans la transplantation rénale et la start-up toulousaine Sêmeia, qui a développé NephroWise, un dispositif médical de télésurveillance dédié aux patients atteints de maladies rénales et aux patients greffés, viennent de signer un partenariat afin de proposer un outil numérique innovant dédié à l’information et au suivi des donneurs de rein. (©Pixabay)

Quelque six millions de personnes sont en France concernées par des maladies rénales, principalement du fait de l’augmentation du diabète et de l’hypertension artérielle. Pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale terminale, la greffe de rein, lorsqu’elle est possible, est la solution qui apporte la meilleure qualité de vie ainsi que la meilleure espérance de vie. Prés de 15 000 Français sont ainsi en attente d’une greffe de rein.

L’organe greffé peut être issu d’un donneur décédé, mais aussi, on le sait moins, d’un donneur vivant. Depuis 2004, la loi française autorise en effet une personne à donner l’un des ses reins à un proche, possibilité élargie depuis 2011 aux personnes ayant un lien affectif « étroit et stable » depuis au moins deux ans avec le receveur.

15 % des transplantations rénales seulement

Or, faute d’informations, le don de rein d’un donneur vivant, qui offre pourtant un meilleur pronostic pour le receveur, est encore peu courant en France. Seules 15 % des transplantations rénales proviennent de donneurs vivants. C’est pour lever ces freins au don de rein d’un donneur vivant que la medtech toulousaine Sêmeia, spécialisée dans la télésurveillance des maladies chroniques, vient de nouer un partenariat avec l’italien Chiesi.

Créée à Toulouse en 2017 par Mathieu Godart, Pierre Hornus et Daniel Szeftel, Sêmeia développe et déploie une plateforme numérique (Wise) pour le suivi des maladies chroniques (maladie rénale chronique, pneumologie, rhumatologie, santé mentale, diabète...). Fondée sur l’utilisation de l’intelligence artificielle, elle permet de fluidifier et d’optimiser le parcours de soin au bénéfice aussi bien des patients que des soignants et des établissements de santé.

Depuis sa création, Sêmeia a développé trois outils : NephroWise, dispositif médical de télésurveillance dédié aux patients atteints de maladies rénales et aux patients greffés ; MentalWise, pour le suivi des patients bipolaires ; ainsi qu’OncoWise, utilisé depuis fin 2020 pour accompagner au quotidien les patients atteints de cancer du sein sous traitements anticancéreux oraux.

Une information claire et précise

De son côté, le groupe familial biopharmaceutique transalpin propose des solutions thérapeutiques innovantes dans trois domaines : les maladies respiratoires, les maladies rares et ultra-rares et la transplantation rénale et hépatique. Fort de 7 000 collaborateurs dans le monde, le groupe, qui réalise 200 M€ de chiffre d’affaires, est présent en France à travers des activités de R&D, de production et de distribution.

L’accord conclu entre Sêmeia et Chiesi porte sur le développement d’un outil numérique dont la vocation est de développer du contenu d’information simple et pédagogique sur le don du vivant et plus globalement d’améliorer la prise en charge des transplantations rénales à partir de donneurs vivants. « Il est crucial de fournir des informations claires et précises sur le don du vivant au grand public et aux médecins, rappelle ainsi le Dr Laure Esposito, néphrologue au CHU de Toulouse, ceci afin de connaître toutes les possibilités de transplantation, notamment celles à partir des donneurs vivants apparentés (DVA), qui représentent la meilleure option pour les patients en attente de greffe. »

Aujourd’hui, ces informations sont fournies par l’Agence de la biomédecine, directement dans les centres de transplantation, et les centres de néphrologie, et s’adressent surtout aux patients déjà engagés dans les démarches ou inscrits sur liste d’attente. « Avec ce projet, nous voulons élargir les possibilités et harmoniser les informations pour tous les receveurs, qu’ils soient ou non déjà dans le processus », ajoute la néphrologue.

Un suivi avant et après la greffe

L’objectif pour Sêmeia et Chiesi est de favoriser l’accès à l’information en amont de la greffe, mais aussi de contribuer à l’amélioration du parcours de soins notamment en optimisant la collecte et le partage des résultats des bilans médicaux des donneurs. Il s’agira également d’améliorer le suivi post-don des proches donneurs afin de prévenir les risques de complications rénales et cardiovasculaires. Ces fonctionnalités nouvelles viendront enrichir la plateforme NephroWise.

La start-up, qui emploie aujourd’hui plus de 35 personnes à Toulouse et une quinzaine en région parisienne, a signé en octobre dernier un premier partenariat avec une autre entreprise biopharmaceutique Boehringer Ingelheim. Objectif : développer la solution DiabetoWise qui vise à optimiser la prise en charge des patients atteints de diabète de type 2.

Sêmeia a bouclé deux levées de fonds en 2020 et 2022 auprès de la Banque des Territoires (groupe Caisse des Dépôts), d’Orange et de Malakoff Mederic, pour un montant total de 8 M€.