Cykero choisit Montpellier pour installer son unité de reconditionnement, un projet à plus de 20 M€

Encore trop souvent assimilés, à tort, aux biens d’occasion, les produits reconditionnés sont des biens dits de seconde main ayant été contrôlés, si besoin réparés, nettoyés et vidés de leurs données personnelles, puis réemballés pour être recommercialisés.

Marginal il y a encore une quinzaine d’années, le marché du reconditionnement en France est aujourd’hui en plein essor. Selon une étude de l’institut GfK, le seul marché des smartphones reconditionnés a dépassé « les 2 Mds€ en 2023, porté par une croissance annuelle de 15 % ». Le boom du reconditionnement ne concerne pas seulement les appareils électroniques (ordinateurs, tablettes, appareils photos, consoles de jeux vidéo…), il touche de nombreux secteurs à commencer par celui de l’électroménager, des équipements informatiques ou encore de l’automobile.

Le reconditionné : un marché qui ne connaît pas la crise

Généralement dépeint comme plus vertueux sur le plan environnemental et plus avantageux sur le plan financier, sans pour autant compromettre la qualité, le marché de la seconde main ne séduit pas seulement les particuliers, il est aussi devenu une alternative crédible pour les entreprises. Selon une étude réalisée en avril 2023 par l’entreprise Keeep, en partenariat avec l’Institut du numérique responsable (INR) et l’association Halte à l’obsolescence programmée (Hop), « près de 32 % des sociétés privées et 12 % des organismes publics consacrent en effet au moins 20 % de leur budget d’achats IT aux appareils reconditionnés ».

De quoi attiser l’appétit des spécialistes du reconditionné. Parmi eux, Cykero. Fort d’une croissance exponentielle, avec un chiffre d’affaires de 12,5 M€ en 2023 et une prévision de 27 M€ cette année, ce groupe allemand est spécialisée dans la remise à neuf de smartphones, tablettes et autres appareils électroniques. Fondée en 2020, l’entreprise, qui dispose de filiales en France et outre-Rhin, avait annoncé il y a déjà plusieurs mois son intention de construire un Technocentre 4.0, une installation à la pointe de la technologie dédiée au reconditionnement automatisé et robotisé d’appareils électroniques pour un coût de 20,7 M€.

Elle a finalement choisi l’Occitanie et plus précisément Montpellier comme point de chute. La (bonne) nouvelle a été relayée par la Région dans un communiqué daté du 10 décembre 2024. Après la start-up tunisienne Wattnow, le studio écossais de jeux vidéos Build a Rocket Boy ou encore la filiale française de l’opérateur de satellite japonais Astroscale, ce nouveau projet d’investissement étranger démontre une fois encore la capacité d’attractivité du territoire occitan.

Bénéficie d’un soutien financier des collectivités

Accompagné depuis plus d’un an dans son projet d’implantation par les équipes de la Métropole de Montpellier, de la Région Occitanie et de son agence de développement économique Ad’Occ, en étroite collaboration avec Bpifrance, Cykero va bénéficier d’une aide métropolitaine de 300 000 €. Soumise au vote des élus régionaux ce vendredi 13 décembre, une enveloppe complémentaire de 800 000 € pourrait lui être attribuée.

Actuellement situé à Maisons-Laffitte, en région parisienne, le siège social de Cykero France sera transféré à Montpellier dans les prochains mois. Dès janvier 2025, le groupe s’installera au Montpellier International Business Incubator (MIBI) pour superviser la construction de son futur Technocentre, la mise en service de l’unité de production étant attendue à la fin du premier semestre 2026. Ce site industriel de plus de 3 500 m² - qui comprendra un showroom - doit lui permettre de traiter des volumes plus importants afin de répondre aux besoins massifs de ses grands comptes et ainsi renforcer sa compétitivité sur un marché en pleine expansion.

Objectif pour l’entreprise qui vise la barre symbolique des 100 M€ de CA d’ici 2028 ? S’imposer comme un acteur européen de référence dans le reconditionnement d’appareils électroniques. Pour y parvenir, Cykero compte bien appliquer les recettes qui ont fait jusqu’ici son succès. À savoir la proximité avec ses clients (B2B et B2C) ainsi que la recherche de qualité et de fiabilité des produits vendus (plus de 10 000 par mois) qui « nous permet aujourd’hui d’afficher un taux de retour SAV inférieur à 2 %, contre en moyenne 15 % pour les appareils reconditionnés grand public », affirme son fondateur et PDG Bichoi Metias qui annonce vouloir quadrupler les ventes réalisées par l’entreprise dès la première année de mise en service.

Montpellier, future capitale de l’économie circulaire ?

« L’arrivée de cette entreprise au MIBI concrétise le travail mené par nos équipes en lien avec la Région Occitanie », s’est félicité de son côté Michaël Delafosse, le maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole avant de revenir sur l’importance stratégique de ce projet industriel : « Fleuron de la nouveauté et de la transformation, Cykero intègre des technologies innovantes telles que l’IA, la robotique avancée et un système de traçabilité blockchain pour les processus de reconditionnement. De plus, le futur technocentre comptera un centre de R&D qui permettra de collaborer avec les universités et les laboratoires de recherche du territoire. »

Pour l’édile, cette implantation vient par ailleurs confirmer l’ambition de la préfecture de l’Hérault « de devenir un territoire de référence de l’économie circulaire et particulièrement de la nouvelle industrie liée au reconditionnement ». D’ici trois ans, le Technocentre de Cykero devrait permettre la création de 160 emplois au sein du quartier Eurêka, à Castelnau-le-Lez, à l’est de Montpellier.