Surplus Recyclage, la vision d’un pionnier
Recyclage. Le groupe tarnais, Surplus Recyclage a inauguré un complexe industriel unique en Europe, dédié à la mobilité durable.
Laurent Hérail, fondateur du groupe Surplus Recyclage – qui comprend sept entités – est à la fois pionnier et visionnaire. Il y a près de deux décennies, il a pris position sur un marché de niche, qui a connu depuis un bel essor. Son ambition : la récupération de pièces de réemplois de tout type de véhicules. Il est désormais à la tête d’un complexe industriel de 30 hectares, – inauguré le 6 octobre dernier –, dont le coût d’investissement atteint 30 M€ depuis le début de l’aventure en 2012. Celui-ci a désormais une capacité de traitement de 60 000 véhicules par an (autos, motos et véhicules industriels) et traite actuellement 24 000 véhicules hors d’usage (VHU).
En périphérie de la ville de Gaillac, où le siège est implanté, des voitures accidentées, mais aussi des motos, camions, engins agricoles carbonisés attendent ainsi d’êtres désossés, vidés de leurs pièces réutilisables. Certains véhicules attentent d’être reconditionnés pour être remis sur le marché. L’idée : éviter le broyeur et créer une économie circulaire dédiée à la mobilité vertueuse, le premier projet de cette ampleur en Europe.
2 400 000 PIÈCES RECONDITIONNÉES
En 2005, lors de la création du groupe Surplus Recyclage (après la reprise d’une structure à Castres pour s’insérer dans un milieu assez fermé), son dirigeant Laurent Hérail a ainsi eu le nez, avec l’arrivée d’une directive européenne relatives aux performances environnementales des véhicules hors d’usage au début des années 2000. Celui qui s’est fait seul a bien compris l’intérêt de récupérer des tableaux de bords, des composants électriques, etc., pour les réutiliser. « Notre coeur de métier, ce sont les pièces détachées. Nous les recyclons, soit environ 1000 tonnes par an, les certifions et les revendons à une majorité de professionnels. Nous proposons sur notre site internet près de 750 000 références automobiles, 350 000 références pour la partie moto et 150 000 pour les véhicules industriels ». Au total, le groupe peut se targuer d’avoir atteint 2 400 000 pièces reconditionnées depuis sa création.
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« Les véhicules hors d’usage sont des déchets dangereux tant qu’ils n’ont pas subi une dépollution complète. Leur gestion, encadrée par la loi, revêt des défis environnementaux et économiques importants. L’enjeu est de taille quand on sait qu’environ 1million de VHU sont traités par an en France et que 2,5 millions de véhicules neufs sont mis sur le marché national chaque année. Le recyclage des véhicules en fin de vie s’impose aujourd’hui comme une évidence. Au fil des années, j’ai su transformer ce métier artisanal en métier industriel, il y avait tout à créer », souligne-t-il. L’entreprise n’a eu de cesse de se développer, hors des sites de Gaillac et Toulouse dédiés historiquement aux VHU, avec la création de Surplus Motos à Castres en 2010 (recyclage des deux ou trois roues, des quads et des véhicules sans permis), l’installation de Surplus Autos et Motos à Gaillac, en 2014, qui a connu différentes extensions, et la création de Surplus Industries en 2018 dédié aux engins lourds (déconstruction de poids lourds, engins agricoles et BTP), appliquant une logistique industrielle.
Puis, le groupe a passé la vitesse supérieure avec GSR Logistics, né en 2021, qui prend en charge la collecte et le transport des véhicules vers le site en vue « d’optimiser le remplissage de nos véhicules. » La PME familiale a également mis en place cette année, GSR Repair, entité qui reconditionne les véhicules en utilisant à plus de 30 % des pièces de réemplois issues des centres de traitement. Les principaux partenaires sont notamment les assureurs mais aussi les garagistes de plus en plus demandeurs et les particuliers. Le dirigeant de rappeler que, « nous avons automatisé les tâches pour être efficaces. Lorsqu’un garagiste met deux heures pour décortiquer un motopropulseur, notre système d’automatisation le fait en 30 minutes. »
UNE MARGE DE PROGRESSION EN FRANCE
Le groupe ambitionne ainsi d’accompagner les usagers vers une mobilité plus durable grâce à la réutilisation de pièces issues de l’économie circulaire. Cependant par rapport aux pays voisins, l’Hexagone accuse encore un certain retard malgré sa progression, le réemploi n’étant pas encore monnaie courante. « En France, la pièce détachée d’occasion représente 4 % du marché de la pièce de rechange tandis que dans les pays du Nord et du Sud de l’Europe, tels que l’Espagne ou l’Italie, on en est déjà à 20 % » Il reste encore du chemin à faire, surtout que chaque année, en France, plus d’1,5 million de véhicules sont mis au rebut suite à des sinistres ou compte tenu de leur vétusté, ce qui laisse ainsi à l’entreprise tarnaise de belles perspectives. Le PDG, qui, en parallèle, a succédé à François Raguin à la tête de Mobilians Occitanie pour la mandature 2022-2026, tient à souligner que, « la France n’a cependant pas à rougir. Si en termes de volumes, nous devons encore engager des efforts, en matière environnementale, nous ne sommes pas les derniers. Les réglementations européennes, dont la France est l’un des chefs de file, s’apprêtent à se durcir dès 2023 pour toutes les catégories de véhicules. L’Hexagone sera le premier pays européen à appliquer de nouvelles directives pour les deux roues ».
Le groupe entend également renforcer sa position sur les mobilités vertes. « Dès l’an prochain, une nouvelle entité, spécialisée dans le recyclage, la réparation et le reconditionnement des batteries de véhicules électriques et des composants électroniques présents dans les véhicules autonomes, verra le jour sur le complexe. » Un axe de croissance supplémentaire pour le Tarnais qui projette 37 M€ de CA cette année, 46 M€ à horizon 2025, et envisage de porter son effectif à 240 collaborateurs.