Thibaut Service Fruits, la nouvelle dynamique
Agroalimentaire. Olivier Thibaut a su trouver les bons arguments pour faire éclore un marché de niche : celui du jus de fruit pressé. Sous la marque « les Rives de l’Aveyron », il produit 200 000 bouteilles par an. Entre la cueillette et les fruits du verger, il a trouvé le bon équilibre.
À 44 ans, Olivier Thibaut est aux commandes de la ferme fruitière créée par son père en 1958, à Albias dans le Tarn-et-Garonne. L’entreprise emploie quatre permanents sur les vergers et six sur la partie préparation et vente des jus de fruit. « Mon père, Bertrand Thibaut, a démarré l’exploitation avec des pommiers, puis des poiriers, mais le marché s’est effondré à cause du feu bactérien. » Il n’a gardé que 3 ha de poiriers pour approvisionner les industriels. Thibaut Service Fruits est alors imposé dans le conditionnement et la mise en plateau de fruits pour les grandes enseignes. « Ce n’est plus rentable désormais, explique le gérant. De grosses usines ont tout automatisé, les petites centrales de calibrage ont dû trouver d’autres marchés ».
Olivier Thibaut est arrivé dans l’exploitation en 2008, après une carrière dans le graphisme et la communication. Autant de compétences qui lui ont permis de développer le site internet de la ferme. L’exploitation était à ce moment-là en perte de vitesse. Son père avait eu l’idée de vendre des fruits abîmés piqués par les insectes. « On est en conventionnel mais il y a 20 % de fruits non vendables en catégorie 1. Pour ne pas les perdre, mon père a décidé de faire des jus de fruits de pommes et de poires sans alcool. Le marché a bien répondu. » Olivier Thibaut a repris le poste de commercial, il vendait les jus de fruits. « En trois ans, j’ai triplé le chiffre d’affaires, certains petits supermarchés étaient très intéressés. On est passé de 8000 bouteilles à 30 000 par an ».
FAIRE GRANDIR LA FERME
S’est alors posée la question de la fabrication, la famille a décidé d’installer un atelier de jus de fruit. « En 2010, on a préparé nos premiers jus pétillants. Nous sommes allés en Italie, en Champagne, en Normandie pour récupérer des pressoirs d’occasion. On s’est formé sur les méthodes de pasteurisation et d’hygiène afin de pouvoir transformer les fruits. C’est bien moins compliqué que le vin », sourit Olivier Thibaut. L’entreprise a embauché de nouveaux commerciaux puis des livreurs.
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Elle travaille avec toutes les enseignes en grande distribution, en restauration, chambres d’hôtes et magasins bio. « On produit aujourd’hui 200 000 bouteilles et on fabrique du jus de fruit pour d’autres producteurs ». La ferme vend encore des fruits non transformés mais ne conditionne plus, « nous sommes dans une démarche responsable de réduction des emballages, ajoute Olivier Thibaut. Les clients viennent chercher à la ferme des sacs de 10 kg, on vend également en grande surface, dans des contenants de 50 kg, en vrac ».
SAVOIR SE DIVERSIFIER
Thibaut Services Fruits récolte en moyenne 1000 tonnes de pommes par an, elles sont vendues à la coopérative Novacoop à Bessens, « c’est un choix de travailler avec une coopérative, un petit producteur a besoin de techniciens. Il faut un agrément pour vendre les pommes dans toute l’Europe ». Le chiffre d’affaires est estimé à 700 K€, réalisé à 80 % sur la vente du jus de fruit, 15 % sur le magasin en vente directe et cueillette, 5 % sur la fabrication des jus pour d’autres marques.
Olivier Thibaut a trouvé le bon équilibre. « Le seul problème, c’est la main-d’oeuvre. C’est difficile de recruter. Dans les vergers, l’agribashing nous a fait beaucoup de mal. Dans un département comme le nôtre, le plus gros producteur de pommes en France, il y a des lycées agricoles mais pas assez de volontaires pour le diplôme de chef de culture ».