Villeroy & Boch accélère sur la RSE
Environnement. Son usine, située à Valence d’Agen en Tarn-et-Garonne, s’est engagée dans un plan pluriannuel à hauteur de 6 M€ entre 2022 et 2023 pour verdir ses process de fabrication.
Aux injonctions qui visent la neutralité carbone à l’horizon 2050, s’ajoute désormais l’envolée des coûts de l’énergie. Pour assurer une continuité de leur activité, les industriels doivent ainsi faire preuve de modernisme et verdir progressivement leur process de fabrication. Le directeur de l’usine Villeroy & Boch, Laurent Santarelli, doté d’une sensibilité écologique, n’a pas attendu ces annonces pour mettre en place une stratégie RSE, avec une vision « jusqu’au-boutiste » afin de décarbonner les process de son usine tarn-et-garonnaise, spécialisée dans la fabrication de receveurs de douches, de lavabos et d’éviers en céramique. Le dernier site de production français du groupe allemand entend être un exemple pour l’ensemble des entités.
RÉCUPÉRATION ET VALORISATION DE CHALEUR FATALE
À son arrivée au printemps 2020, le directeur a, de fait, démarré un vaste plan de RSE par l’optimisation des réglages du four, qui a déjà permis de réaliser 12% d’économies de gaz sur l’ensemble de l’usine. Depuis, le site a engagé un plan pluriannuel d’investissement de l’ordre de 6 M€ (2022- 2023) pour poursuivre ses efforts de transition environnementale. Le premier volet consiste à remplacer les séchoirs par des modèles nouvelle génération et à mettre en place une solution de stockage thermique haute température. Pour ce faire, l’usine a noué un partenariat avec la startup toulousaine Eco-Tech Ceram en septembre dernier, laquelle a développé et breveté une solution de récupération et valorisation de la chaleur fatale. Ce procédé va ainsi permettre à l’usine de Villeroy & Boch de valoriser la chaleur fatale issue des fumées de process de cuisson. L’objectif est d’économiser 5,5 Gw de gaz par an et éviter ainsi l’émission de 1000 tonnes de CO2. Les travaux préparatoires sont en cours pour une mise en service au printemps prochain.
SUBSTITUER LE GAZ PAR DE L’HYDROGÈNE VERT
Le directeur nourrit toutefois de plus grandes ambitions pour son site. Au-delà de ce premier projet ambitieux, il entend également installer un parc photovoltaïque (en toiture ou au sol), qui nécessite une enveloppe de 3 M€ afin, « d’alimenter la partie d’électrification de la chaleur et fournir ainsi à l’usine 20% de sa consommation électrique. Ce projet va demander du temps, nous souhaitons éviter les dossiers lourds relatifs aux études d’impact ce qui permettrait une mise en service plus rapide, à l’horizon 2024. Mais je souhaite aller encore plus loin », souligne-t-il. En effet, à terme, le site a pour ambition de substituer le gaz par de l’hydrogène vert grâce à un électrolyseur. Pour ce faire, le site s’est rapproché de l’entreprise Genvia – issue d’un partenariat public-privé, qui développe des électrolyseurs haute température nouvelle génération pour la production d’hydrogène vert. « Les démonstrateurs étant en cours de réalisation, nous espérons doter le site de cette nouvelle technologie en 2025. En attendant, ce n’est pas exclu que je réalise des essais via un autre procédé développé par la start-up héraultaise Bulane – experte en génération et combustion hydrogène –, qui affiche un rendement moindre mais qui utilise la chaleur fatale », avance-t-il.
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En parallèle, le plan de relance a permis aussi à l’usine d’investir dans une ligne d’émaillage automatisée – qui sera entièrement automatisée en février 2023 –, en vue d’augmenter sa productivité. Le site, qui a produit 180 000 pièces en 2021 (contre 155 000 escomptées), entend également challenger les matériaux de synthèse en résine et développer des matériaux durables made in France à travers la création d’un cluster technologique, le tout en partenariat avec des acteurs régionaux. « L’idée est également de former les futurs talents », souligne Laurent Santarelli, à la tête de 250 collaborateurs. De beaux projets à venir qui pourraient cependant être troublés par la situation conjoncturelle. L’entreprise, qui affichait un CA de 57,2 M€ en 2021, en progression par rapport à 2020, s’apprête à voir son CA sensiblement diminuer. Une crainte exprimée par le dirigeant qui pointe également un manque de mesures protectionnistes notamment face à la hausse des coûts de l’énergie et à la concurrence.