Aithra, diamant aux mille facettes
Recherche. Cédric Neuville et Marine Bertucchi, partenaires dans la vie et au travail, ont créé un procédé de nouvelles formes de diamant de synthèse.
Qui dit diamant, dit forcément joaillerie. Ce matériau a cependant de nombreuses propriétés, notamment des capacités thermiques et électriques peu communes ou encore une résistance à la corrosion. Au large potentiel, produit en laboratoire sous des formes complexes, il pourrait être utilisé dans bien d’autres domaines. C’est le défi ambitieux que se sont fixés Cédric Neuville et Marine Bertucchi, duo dans la vie et désormais au travail. Lui, est à la fois un ancien ingénieur chercheur pour le commissariat de l’énergie atomique (CEA) – spécialisé en physique des plasmas, il a validé un doctorat au CEA, pour lequel il a reçu un prix de thèse en 2017 – et ancien consultant sur des projets de pilotage financier pour des groupes aéronautiques. De son côté, Marine Bertucchi, experte en informatique et systèmes avancés, a notamment forgé son expérience en tant qu’ingénieure systèmes et R & D chez Thales pour l’équipement de guerre électronique et comme data scientist au sein de la plateforme d’intelligence automobile, Drust.
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Depuis leur rencontre sur les bancs de l’école d’ingénieurs à Paris, CentraleSupélec, et après de riches parcours, ils ont décidé de créer la deeptech toulousaine Aithra, il y a deux ans. « Je me suis intéressé à la production de diamants en laboratoire en me demandant s’il était possible de reproduire les conditions physiques extrêmes naturelles. Sur le marché, en plus des procédés qui reproduisaient déjà ces conditions naturelles, il existait seulement des procédés de fabrication en 2D », explique le cofondateur. Or, comme le souligne son associée, « le diamant extrait ou produit en laboratoire prend des formes non contrôlées. Mais entre le caillou, la poudre et les plaques fines, aucune autre forme brute est accessible. C’est le matériau le plus dur au monde et coûteux à usiner, ce qui, de fait, restreint ses applications. » Cédric Neuville est ainsi à l’origine d’un procédé disruptif permettant de fabriquer des formes complexes, ce qui ouvrirait le champ des possibles notamment dans le milieu industriel.
Phase de production à l’horizon 2025
« Nous avons finalement fait le choix d’orienter notre activité vers deux marchés industriels. Le diamant correctement traité permettrait de convertir les radiations nucléaires en électricité ou en chaleur, notamment pour la production de batterie à longue durée de vie. Aussi, utiliser les propriétés de dureté et de très faible frottement de ce matériau permettrait de remplacer les pièces mécaniques critiques qui s’usent, notamment dans l’industrie du transport ferroviaire », explique Marine Bertucchi. Et son conjoint de souligner : « le point commun entre les deux est d’allonger la durée de vie des équipements. L’enjeu pour nous est de qualifier les usages pour comprendre où les diamants de formes complexes maximisent notre impact en termes d’upcycling et de réduction de l’obsolescence ».
Ils visent le marché Français et international. Incubée chez Nubbo et basée dans les locaux de la pépinière de Toulouse Métropole, la pépite, qui va déposer un deuxième brevet, entend terminer sa preuve de concept début 2023 pour amorcer une phase de production à l’horizon 2025. « Nous avons fusionné deux techniques existantes de diamants de laboratoire à savoir la haute pression et la haute température ainsi que la détonation explosive », précise la cofondatrice. Autre défi d’ici deux ans : recruter quatre collaborateurs en juillet 2023 et quatre autres début 2024 dont des profils techniques. Après une première levée de fonds en 2021 et une aide de Bpifrance, un deuxième tour de table fait également partie des objectifs de la start-up.