Hommes et chiffres

Avec la marque de vêtements Kear à Toulouse, l’algue devient fashion

Mode. À 28 ans, Alice Thieffry-Cesari a créé une marque de vêtements à Toulouse qui prend soin de vous grâce à la fibre d’algue.

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Photo de la marque Kear
La marque Kear (Crédit : EMMA STOFFEL)

C’est bien connu : pour être bien dans sa tête, il faut être bien dans son corps. Et vice-versa. De ce concept, Alice Thieffry-Cesari en a fait le fondement de sa marque de vêtement baptisé Kear. La contraction de la lettre K pour karma et de wear, du verbe porter en anglais.

« L’idée était de créer une collection qui s’ancre dans la tendance du « carewear », ces vêtements qui prennent soin de vous. »

Apparue au début des années 2000, l’industrie cosmeto-textile s’est depuis développée et perfectionnée.

Elle s’est surtout démocratisée avec la prise de conscience écologique des consommateurs qui cherchent aussi à répondre à un autre enjeu tout aussi important : leur bien-être. C’est d’ailleurs après un burn-out, en pleine période de Covid- 19, qu’Alice a senti le besoin de se recentrer sur elle-même et ses envies.

Après un master en droit tout en travaillant en parallèle dans le monde de la restauration et du prêt-à-porter, « j’ai pris une première fois le large en 2015 direction la Thaïlande pour recharger les batteries et trouver un nouvel élan », raconte la jeune femme.

Reboostée, elle décroche un poste dans les assurances. Une routine métro-boulot-dodo, très loin de ses aspirations de liberté et de création qui la pousse à tout plaquer de nouveau pour se former au marketing et à la communication.

De stage en stage, elle finit par atterrir à Dubaï où elle décroche… le Covid- 19. Après un isolement forcé de 10 jours et un rapatriement, elle tombe en dépression.

« J’étais au fond du trou. Et pour m’en sortir je savais qu’il fallait que je prenne soin de ma santé physique et surtout mentale. »

Passionnée depuis toujours par la mode, l’idée de créer des vêtements « qui me nourrissent de l’intérieur et me redonnent l’assurance que j’avais perdue s’est petit à petit imposée à moi ». Ce qui n’est alors qu’un rêve devient son projet de vie en avril 2022 avec Kear.


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Après des mois et des mois de recherche dans l’industrie du cosmo-textile, elle en est persuadée : il y a un véritable créneau. Encore faut-il pour cela trouver le tissu innovant qui fera la singularité de sa marque.

Elle trouve le Graal en août dernier auprès d’un fournisseur madrilène qui fabrique du tissu à partir de fibres de coton biologique… et d’algues islandaises !

Déjà utilisée en cuisine, cosmétique ou comme carburant, l’algue est une plante aux mille possibilités qui se travaille aussi comme matière textile.

« Même une fois récoltée et tissée, elle ne perd pas ses vertus thérapeutiques et curatives qui sont nombreuses. Pour la peau : hypoallergénique, anti-inflammatoire, anti-UV... Et c’est aussi bon pour la planète puisque la culture de l’algue se fait sans pesticides, ni engrais. C’est donc biodégradable et même compostable. »

Autre atout : la fibre d’algue est quatre fois plus résistante que la fibre synthétique « de quoi garantir la qualité et la durabilité » des modèles de la première collection. Une collection unisexe réalisée en collaboration avec Mathilde Casquinha, une styliste toulousaine et qui comprend : un sweat-shirt, un pantalon, un short et aussi un chouchou « fabriqué avec les chutes de tissu ».

Très actuelle de par son design épuré et ses couleurs organiques, elle se distingue par ses finitions de qualité grâce au travail de surpiqûres. Si une centaine de pièces sont déjà sorties de son atelier situé au Portugal, elle espère accélérer la production dans les mois à venir.

Pour cela, elle a lancé le 13 mars une campagne de pré-commande sur Ulule. L’enjeu est important pour l’entrepreneuse qui a déjà investi plus de 8 000 €.

« Le but est d’atteindre les 100 commandes pour continuer à développer la marque, créer un site marchand et aussi être vendu dans des concept store. » Heureuse d’avoir enfin trouvé sa voie, Alice Thieffry-Cesari compte désormais faire entendre sa voix dans le milieu très concurrentiel du prêt-à porter.