Hommes et chiffres

Grégoire Pécou : « Une entreprise qui n’évolue pas est une entreprise qui régresse »

Artisanat. S’il y a bien un secteur d’activité qui fait toujours rêver, c’est celui du chocolat. Grégoire Pécou est tombé dans la marmite, il n’en est jamais ressorti. Arrière-petit-fils du fondateur de la maison Pécou dans le Tarn-et-Garonne, il a lancé son entreprise, une chocolaterie qui s’adresse en grande partie aux professionnels.

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Photo de Grégoire Pécou et son équipe
Grégoire Pécou et son équipe. Le chef d’entreprise, artisan chocolatier, emploie aujourd’hui 10 salariés. (Crédit : DR)

Si on vous dit Pécou à Montauban, vous pensez aux dragées. « J’ai choisi un chemin différent, explique Grégoire Pécou, je suis chocolatier de formation. »

Le trentenaire a un bagage professionnel impressionnant : CAP de pâtissier chocolatier, une mention et un BTM (brevet technique des métiers).

« Je suis dans le métier depuis 15 ans, j’ai commencé en apprentissage. Je suis passé par une dizaine d’entreprises : la Maison Pillon, Sébastien Bouillet à Lyon… et par tous les postes : planning, production, qualité, commerce. J’ai bien appréhendé les différents métiers. » Il a lancé son entreprise, il y a un an et demi. Grégoire Pécou s’est appuyé sur le savoir-faire de la maison Mère Pécou (143 ans d’existence). Il est resté quatre ans à la production et deux ans sur la partie commerciale avant de voler de ses propres ailes.

« C’est formateur, j’ai eu cette chance. On a deux métiers différents, les dragées et le chocolat. On se complète », précise-t-il.

Un savoir-faire plus que centenaire

Être un Pécou est un gage de sérieux, mais ça ne suffit pas face aux banquiers… Grégoire Pécou a lancé son activité pendant le confinement.

« Ce n’était pas la période idéale, le projet est passé devant plusieurs commissions bancaires. Finalement, c’est ma banque personnelle qui m’a suivi. J’ai investi 1,2M€. Pour être compétitif, il faut mettre les moyens. Pendant un an, ça n’a pas été de tout repos. On a eu droit à une augmentation de 40% des prix du matériel et à 120 000 € de travaux supplémentaires. En période de crise, c’est un combat de tous les jours. »


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L’entreprise de Grégoire Pécou emploie aujourd’hui 10 salariés. Elle a trouvé son équilibre dès la première année. Une boutique d’usine, un magasin en centre-ville, si Grégoire Pécou est visible auprès des particuliers, il a mené un travail de fond auprès des professionnels et a réussi en un an à se créer un portefeuille de 200 clients.

Avec le chocolat, « on travaille essentiellement à Noël et à Pâques, il fallait trouver un moyen de lisser l’activité sur toute l’année. »

Plusieurs axes de développement

Grégoire Pécou développe son savoir-faire auprès de clients professionnels. Il propose du chocolat aux artisans boulangers, qui n’ont pas la formation de chocolatier : tablettes (une trentaine de références), orangettes, roses des sables… Pour les pros, c’est de la vente additionnelle. Grégoire Pécou fabrique aussi pour les industriels : « on enrobe 10 000 oursons en guimauve par mois. Ça nous assure un CA constant. On ne peut pas se permettre d’avoir un seul axe de développement. »

Le particulier représente 10% du chiffre d’affaires, 50 % pour les professionnels et 40% pour l’industriel. Autres segments en plein développement, celui des petits gâteaux. « Citons le cake de voyage, on en vend 300 par semaine, il y a une forte demande des professionnels ».

Il faut du volume pour faire tourner l’entreprise. « On a un outil de production à faire fonctionner, mais ce ne sera jamais au détriment de la qualité. On est loin des gros industriels de chocolat, on est une TPE », précise l’intéressé.

L’entreprise a réussi à se structurer en peu de temps, elle voit loin. Grégoire Pécou a décidé d’agrandir l’espace de stockage et de se lancer sur le marché de la glace. « Avec les chaleurs an noncées, il faut trouver une alternative au chocolat, on va vendre en boutique cet été et sur le marché professionnel dans un an. »

CA escompté : 800 000 € en 2023. Grégoire Pécou a 31 ans, mais il n’a pas fini de grandir. « J’ai besoin d’un challenge, une entreprise qui n’évolue pas est une entreprise qui régresse. On peut rester le petit artisan du coin, mais on s’étoufferait vite. »