InSitu Groupe rachète At Home Écosystème
Immobilier d’entreprise. Les deux acteurs toulousains dédiés à l’hébergement tertiaire flexible se rapprochent. Les détails avec Stéphane Adnet, directeur général d’InSitu Groupe.
InSitu Groupe vient de racheter At Home. Pouvez-vous nous rappeler qui est InSitu ?
Le groupe a été fondé il y a 25 ans par Pascal Fenasse. Il se développe aujourd’hui majoritairement sur le marché du bureau opéré (l’activité génère 75 % de son chiffre d’affaires).
Cela signifie que nous mettons à disposition de nos clients des bureaux clé en main, dans le cadre d’un contrat de prestation de service. Cela leur évite de s’enfermer dans un bail 3-6- 9 : ils bénéficient d’une prestation de service qui présente l’énorme avantage de la souplesse contractuelle tant sur la surface occupée qui peut évoluer, à la hausse ou à la baisse, que sur la durée d’engagement qui peut être parfois très courte ou s’étendre sur plusieurs années en fonction des besoins.
Combien de mètres carrés tertiaires opérez-vous aujourd’hui ?
Le parc immobilier opéré par InSitu frôle les 50 000 m2 de surfaces tertiaires, essentiellement à Toulouse et Blagnac où se situe le siège de l’entreprise, mais aussi à Rennes, Aix-en-Provence, Montpellier.
Et en 2025, nous nous installerons à Paris dans un très bel immeuble haussmannien, en complète rénovation, avenue Victor Hugo dans le XVIe arrondissement. Nous sommes locataires. C’est donc nous qui assumons le risque du remplissage des bureaux.
Nous vendons ensuite un contrat de prestation de service, soit pour un poste de travail, dans les zones de coworking que nous opérons, soit le plus souvent pour des surfaces de bureaux. C’est une prestation all inclusive : vous êtes au bureau comme à l’hôtel. Au pied de chaque bâtiment, se trouve une conciergerie qui répond à tous vos besoins.
Des prestations sur mesure en somme ?
En amont, nous avons effectivement défini l’aménagement intérieur que le client souhaite. Nous faisons alors appel à notre filiale, Home & Office Concept, distributeur de mobilier situé à Paris, pour meubler et équiper les bureaux en fonction de ce cahier des charges.
C’est donc très facile pour nos clients : on s’occupe de tout pour eux ! Home & Office Concept dispose également, rue Saint-Honoré, d’un magasin. Nous vendons ainsi du mobilier à Canal +, notre premier client l’an dernier, LVMH, Danone, Axa, Zadig & Voltaire, etc. Ces surfaces de bureaux comprennent aussi fitness centers, flottes de vélos et trottinettes électriques à disposition, terrasses aménagées, studio TV, salles de réunion…
Vous êtes également présents sur le marché de la restauration d’entreprise ?
Nous avons en effet deux autres filiales : InSitu Foodies et Bocal en Boucle. Dans le premier cas, il s’agit d’un service de restauration pour nos clients dans nos immeubles de Toulouse et de Blagnac. Quant à Bocal en Boucle, il s’agit d’une start-up toulousaine dont le laboratoire est situé au MIN, qui vend des distributeurs connectés de produits de restauration frais, faits maison et 100% bio.
Nous équipons nos parcs de ces distributeurs connectés mais nous vendons aussi ces dispositifs à l’extérieur du groupe, notre premier client étant, sur ce créneau, Danone à Rueil-Malmaison. Nous avons en fait réalisé l’an dernier deux opérations de croissance externe, l’une portant sur Home & Office Concept et l’autre sur Bocal en Boucle.
Quelle est la stratégie poursuivie à travers le rachat d’At Home ?
Ce rachat consolide nos projets de croissance. At Home fait le même métier que nous avec une cible un peu différente. Jusque-là, nous n’accueillions pas de start-up dans les locaux que nous opérons, même si nous avions quelques postes de coworking. Grâce à cette acquisition, nous élargissons le spectre de notre clientèle, qui va désormais de la start-up jusqu’au grand groupe.
Par rappel, At Home aujourd’hui, ce sont deux sites : la Cité avec 287 postes de travail et Médéric (derrière TBS) avec 249 postes. Un troisième site est prévu au sein de la future Cité internationale des chercheurs, avec 174 postes. Son ouverture est prévue le 2novembre. L’université fédérale de Toulouse est concessionnaire du lieu.
Elle a confié l’exploitation de la Cité internationale des chercheurs au bailleur social Cité Jardins (groupe ActionLogement) qui a en effet désigné At Home comme sous-exploitant de la zone de coworking.
À travers ce rapprochement, At Home renforce son assise financière grâce au soutien opérationnel et stratégique qu’InSitu va pouvoir lui apporter, et de son côté, InSitu va bénéficier de l’expérience d’animation de communauté – c’est comme cela que se définit At Home –, à savoir l’animation de l’écosystème des résidents At Home.
En termes de complémentarité de savoir-faire d’une part et d’implantation géographique d’autre part puisqu’In Situ n’est pas présent aujourd’hui en hypercentre, c’est donc une vraie force de pouvoir proposer des sites en centre-ville, à la périphérie et demain à l’extérieur de la Métropole de Toulouse, dans une seule et même structure avec une vision identique du métier d’hébergement en surface tertiaire.
Quels sont vos autres projets de développement ?
Ce rachat s’inscrit dans un projet beaucoup plus ambitieux pour InSitu que l’on a appelé Cap 30 ans pour célébrer notre trentième anniversaire dans cinq ans. Nous avons l’ambition de doubler notre parc immobilier, c’est-à-dire atteindre a minima 100 000 m2 sous gestion, et de doubler notre chiffre d’affaires qui aujourd’hui est de 25 M€.
Cela va passer par le développement de nos surfaces, que ce soit pour At Home ou InSitu, à Toulouse et à Paris également. Et par ailleurs, cela va passer par des projets de corpoworking en lien avec le groupe ActionLogement.
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D’une part, parce que la zone de coworking de la Cité internationale des chercheurs est labellisée espace de corpoworking par ActionLogement, d’autre part, parce qu’At Home est également fléché comme le futur exploitant du deuxième site de corpoworking initié par Action-Logement, à Gimont, dans les anciens locaux de la Comtesse du Barry.
D’autres projets pourraient suivre dans la périphérie toulousaine qui nous permettront d’étendre le maillage At Home-InSitu sur l’ensemble du territoire du Sud-Ouest.
Vous souhaitez multiplier les espaces de coworking ailleurs sur le territoire national ?
De fait, le seul site où il nous paraît intéressant de développer des résidences multiclients de coworking, c’est le quartier central des affaires à Paris.
À l’inverse, et c’est un de nos axes de différenciation sur ce vaste marché du bureau tertiaire flexible, nous répondons à la demande de grands comptes qui souhaitent que nous opérions des bâtiments tertiaires mono-occupants. Nous le faisons déjà à Toulouse, Rennes, Aix-en-Provence et aussi Montpellier.
Comment le Covid-19 a-t-il impacté votre groupe ?
La crise pandémique a été un extraordinaire accélérateur de tendances de fond d’usages de travail. Certes le télétravail a connu un essor considérable, néanmoins l’ambition des entreprises a été, très vite, de donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau.
Cela passe par un aménagement des espaces de travail totalement différent de ce qui existait avant, c’est-à-dire des espaces de travail propices au travail d’équipe, à la création, à l’idéation, aux moments collaboratifs.
Notre savoir-faire consiste, en design d’espace, à réinventer des espaces de travail qui répondent à ces attentes.
Après un moment de stand-by, le Covid a donc permis à notre activité de connaître un essor considérable. Cela a été également le cas pour At Home. Toutes les surfaces que nous opérons sont quasiment complètes.
Nos taux de commercialisation évoluent entre 94 et 97 %. D’où l’impérieuse nécessité pour nous de trouver des nouvelles surfaces pour les louer, les transformer et les proposer ensuite sur le marché.
Les offres présentes sur le marché répondent-elles à vos besoins ?
Nous sommes en cours de discussion sur plusieurs sites. Un très gros projet doit ouvrir autour de l’aéroport, ainsi qu’un deuxième également très proche. Nous étudions d’autres pistes à Paris. Nous avons enfin un gros projet à Pibrac : nous avons signé un contrat de réservation sur un foncier de 25 000 m2 auprès d’Oppidea où nous allons créer un hub combinant un tiers-lieu tertiaire, des activités sportives, un restaurant, une maison de services notamment dans le domaine de la santé.
Si tout va bien, le site ouvrira en fin d’année 2025. D’autres développements d’At Home sont prévus à Paris mais aussi au centre-ville de Toulouse, mais c’est encore trop tôt pour en parler.