KéaBot, l’antigaspi des cosmétiques
Innovation. Arnaud Mallinger a lancé en 2022 une application mobile qui propose à la vente les invendus des pharmacies à prix responsables.
Crème de jour, dentifrice, déodorant, shampoing, savon… Tous les jours, nous sommes des millions à utiliser ces cosmétiques. Vendus par plus de 3 000 entreprises françaises réparties sur quelque 6 000 établissements, dont 3 600 pharmacies et parapharmacies, la fabrication et l’utilisation de ces produits ont un impact non négligeable sur l’environnement.
Selon un rapport gouvernemental publié en 2022, l’industrie cosmétique est à l’origine de 0,5% à 1,5% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Pharmacien de formation, Arnaud Mallinger a été le témoin direct de ce gaspillage qui voit chaque année des milliers de produits d’hygiène et de cosmétiques invendus partir à la poubelle.
Pour en finir avec cette aberration écologique, économique et sociale, ce Toulousain de 33 ans a lancé il y a un an l’application de marketplace KéaBot. « Elle fonctionne sur le même principe que Too Good To Go, cette application de lutte contre le gaspillage alimentaire, qui permet de récupérer les invendus de commerçants, explique l’intéressé. Sur Kéabot, les pharmacies partenaires mettent en vente leurs produits à dates courtes, issus des sur-stocks ou tout simplement au packaging abîmé et ce, à des prix responsables : de 30 à 50% de réduction par rapport au tarif initial. Nous proposons des fiches descriptives sur les contenances, les ingrédients ou encore les quantités de CO2 économisées… Une fois le panier rempli, il suffit à l’utilisateur de procéder au paiement avant de se rendre directement dans les officines pour retirer les produits en click and collect. Cela permet de garantir leur traçabilité. »
D’abord lancée en 2020 sous forme d’un site internet, cette solution mobile anti-gaspi – téléchargeable sur Apple Store et Google Play – compte aujourd’hui près de 20 000 utilisateurs et a déjà permis de sauver plus de 1 000 produits, soit 150kg d’émission de CO2 économisés, l’équivalent d’un aller Toulouse-Paris. « Nous faisons simplement office d’hébergeur, ce sont les pharmaciens qui sont garants de leurs stocks. Nous percevons une commission sur chaque vente réalisée. Ce pourcentage varie selon que nous sommes passés en direct avec une pharmacie ou via des réseaux regroupant plusieurs officines de pharmacie », détaille Arnaud Mallinger.
Fort d’un CA de 15 000 € en 2022 et de plus de 63 000 € investis depuis le début de l’aventure KéaBot (dont 30 000 € de prêts octroyés par Créalia Occitanie et d’Initiative France), le jeune entrepreneur propose depuis un mois une nouvelle solution anti-gaspi basée cette fois-ci sur le don.
« Les pharmacies partenaires ont maintenant la possibilité de proposer ces invendus à des associations, en priorité ceux dont la date de péremption approche (moins d’un mois). Un délai court qui de mande une solution rapide et simple qui n’existait pas jusqu’ici. Concrètement, à partir de 20 produits, les officines créent un panier et lancent un appel d’offres qui permet aux associations des alentours de se positionner et par la suite de venir le récupérer directement chez elles. C’est un gain de temps considérable. »
Déjà active dans plusieurs villes de France, l’application KéaBot est en passe de changer de dimension. En effet, d’ici quelques jours, « nous allons faire entrer un nouvel acteur du monde de la pharmacie qui va nous ramener jusqu’à 4 000 officines, soit un quart du marché français », annonce Arnaud Mallinger qui vise les 50 000 € de CA en 2023.