Peelou, des pyjamas (enfin) absorbants

N’est-on jamais mieux servi que par soi-même ? De ce célèbre proverbe, la toulousaine Dalila Barhou mi en a fait son leitmotiv après avoir cherché en vain pendant des années des solutions efficientes contre l’énurésie nocturne de deux de ses enfants.

Plus fréquemment appelé « pipi au lit », ce trouble est courant chez les enfants et les adolescents. Pourtant, les solutions pour gérer cette situation au quotidien sont limitées en ce qui concerne les protections, du genre sous-vêtements ou pyjamas absorbants.

« J’ai rapidement abandonné les couches qui sont polluantes, infantilisantes et coûteuses, raconte la jeune femme qui travaille dans le milieu de l’hôtellerie. Pour les pyjamas dits absorbants, il n’existe pas de marques françaises et pour celles qui commercialisent des produits, ils ne sont pas du tout efficaces. » Conséquence : des heures passées à laver les vêtements, les draps, les couettes et les matelas souillés par l’urine.

Une charge mentale supplémentaire pour cette maman solo mais surtout un sentiment de honte grandissant chez ces deux garçons de 6 et 7 ans. « Avec le temps, ce trouble finit par devenir un vrai handicap social. Les enfants s’isolent à l’âge où normalement ils commencent à vouloir dormir chez leurs amis ou partir en colo. C’est difficile à vivre », confesse Dalila Barhoumi.

Alors, portée par sa seule volontée – et malgré son absence d’expérience dans l’industrie textile, l’entrepreneuriat ou même la vente –, elle se lance un pari fou : fabriquer un pyjama imperméable, discret et esthétique.

Sans argent et sans ressource, elle rejoint fin 2021 l’association Les déterminés, qui propose un programme d’accompagnement gratuit à l’entrepreneuriat. Là-bas, elle donne vie à sa marque Peelou, jeu de mot de « pee » (pipi en anglais) et pilou, « cette matière cotonneuse, hyper réconfortante ».

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Elle rencontre aussi Sana Ben Ali, qui s’occupe désormais de sa communication. Grâce à un premier prototype, elle intègre le programme French Tech Tremplin et décroche une bourse de 42 000€ ainsi qu’un accompagnement personnalisé et bénéficie d’un espace de travail sur le campus At Home, à la Cité.

Fort de cette nouvelle visibilité et de cette assise financière Dalila Barhoumi se met à la recherche d’un ou d’une prototypiste. Grâce au bouche-àoreille, elle rencontre Faten Ben Halima. « J’ai tout de suite été emballée par le projet, notamment par sa dimension technique », explique l’intéressée.

Après sept mois d’un travail acharné, l’équipe Peelou tient enfin son pyjama. « Il est composé d’un boxeur ou d’un shorty avec une poche kangourou dans laquelle on vient glisser un insert absorbant fabriqué à partir de bambou micro-étanche, détaille Dalila Barhoumi. Par-dessus, on vient rajouter un pantalon imperméable qui permet une protection complète. »

Après une phase de test couronnée de succès, l’équipe vise désormais plus grand. Pour cela, elle a lancé sur Ulule une campagne de financement participatif afin « d’amorcer la production à plus grande échelle de nos premiers modèles ».

L’objectif ? Atteindre les 5 000 € pour produire une cinquantaine de pyjamas et poursuivre le développement de la marque. Piquée par la fièvre de l’entrepreneuriat, Dalila Barhoumi ne compte pas s’arrêter là.

Fatiguée mais épanouie par sa nouvelle carrière, elle ambitionne déjà de diversifier sa ligne de vêtements avec des produits annexes et veut cibler une nouvelle clientèle, « notamment les personnes âgées et celles en situation de handicap », confie la Toulousaine.