Hommes et chiffres

Tidav : une longueur d’avance

Technologie. Avec deux associés, Cédric Lefort a créé Tidav, une entreprise qui développe de nouveaux drones de type VTOL pour parcourir de grandes distances rapidement.

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Tidav : une longueur d'avance
(Crédit : DR)

La Commission européenne a adopté fin novembre sa stratégie européenne Drone 2.0, relative à l’exploitation des drones et à la définition des exigences techniques. En clair, l’usage des aéronefs devient de plus en plus normalisé dans le paysage terrestre et maritime avec cependant de fortes contraintes. Une aubaine pour Cédric Lefort, cofondateur du toulousain Tidav qui développe des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux (VTOL). « Notre design et notre technique de vol unique permettent une utilisation par forts vents et offrent ainsi une disponibilité en vol largement supérieure aux modèles existants, avec une grande élongation. Or, de nombreux industriels ont besoin d’un moyen de transport aérien léger, capable d’acheminer diverses charges ou capteurs », souligne le quadra. Ancien prothésiste dentaire à Paris, il a, à l’aube de sa trentaine, décidé de reprendre des études d’ingénieurs à l’Insa de Toulouse et « a réalisé l’un des premiers drones de l’institut ».


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Ce qui l’a conduit à devenir ingénieur de valorisation en systèmes de drones au sein de Toulouse Tech Transfer puis responsable de la R & D chez Airborne Concept. « J’ai travaillé sur des premières mondiales dont un drone aérolargable au service des opérations aériennes, à voilure fixe, largué depuis la soute d’un C160 Transall. J’ai également planché sur le développement de VTOL pour la Poste en lien avec des contrats de maturation. Je ne pars donc pas de zéro », souligne-t-il. Cependant, la structure ayant mis la clé sous la porte, il embarque alors deux collègues dans l’aventure entrepreneuriale. « Avec Vivien Jourdon, ancien ingénieur logiciel chez Alten et responsable du développement logiciel autopilote et stations sol, et Philippe Valero, qui, lui gérait le pilotage des modèles, nous sommes très complémentaires. À nous trois, nous avions la capacité d’inventer un engin et de réinventer les lois de vol qui permettent de gérer le modèle en translation et rotation. » Les trois entrepreneurs planchent dès 2019 sur un premier modèle de15 kg qui a permis, en octobre 2020, d’opérer un atterrissage de précision avec des vents supérieurs à 50km/h. Le test concluant a ainsi ancré leur positionnement auprès du tissu académique et institutionnel. Le trio crée alors la société en 2021 préincubée au sein de Nubbo et dépose un brevet au printemps 2022.

Objectif : lancement de la phase d’industrialisation

Tout s’enchaîne. « Nous sommes depuis accompagnés par le consortium Esa Bic Sud France, coordonné par Aerospace Valley. L’Enac a également proposé de nous accueillir dans ses locaux. Nous en sommes désormais à la 5e version, un modèle de 25 kg avec une capacité d’emport de l’ordre de 8 kg, avec ailes et sans aile. Un troisième prototype, à visée industrielle, est en fabrication. Pour l’heure, la fabrication se fait en interne, grâce notamment à des imprimantes 3D et ma véranda s’est transformée en laboratoire », sourit-il.

Les entrepreneurs, qui ont aujourd’hui des partenaires clients en France et à l’étranger, espèrent une mise sur le marché d’ici 2025, avec une application dans le milieu maritime, notamment pour le secteur pétrolier et gazier ainsi que la défense. En parallèle du récent prix coup de coeur décerné par le Club Galaxie, Tidav a été sélectionné dans le cadre du dispositif « Lanceur d’Étoiles ». « Nous allons développer avec l’Onera une étude formelle de notre système à partir de mars et dresser un système de mise à l’échelle. En marge, nous avons aussi une accessibilté à Port-la-Nouvelle pour faire nos essais à partir de navires », conclut-il. La deeptech a ainsi l’objectif de lancer sa phase d’industrialisation à l’horizon cinq ans avec des partenaires locaux, de proposer un modèle de 150 kg et de créer une dizaine d’emplois d’ici trois ans.