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Best of 2025 : retour sur les temps forts du mois de juin

Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 22 décembre au 2 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective, mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.

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En cette fin d’année 2025, les places, les rues et les monuments de Blagnac se sont parés de leurs plus beaux habits de lumière. (©Gazette du Midi)

L’entreprise du mois : Look Up

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour Look Up. La PME toulousaine, spécialisée dans la sécurité des activités orbitales et des infrastructures spatiales, a finalisé une levée de fonds de 50 M€ en juin 2025. Ce nouveau tour de table lui permet de poursuivre le déploiement de son réseau mondial de radars de surveillance de l’espace dénommé Sorasys. Cette montée en capital intervient deux ans après une précédente opération qui lui a permis de collecter 14 M€, dont la moitié via France 2030 et le fond French Tech Seed.

Look Up a été fondée en 2022 à Toulouse par Juan Carlos Dolado Perez et Michel Frieding. (©Look Up)

Fondée en 2022 par l’ex-commandant de l’Espace, le général Michel Frieding, et par Juan Carlos Dolado Perez, ancien responsable du département de surveillance de l’espace du Cnes, l’entreprise intervient dans la prévention et dans la protection des satellites. Elle développe un ensemble de solutions, comprenant des radars et une plateforme digitale, pour cartographier les objets en orbite en vue de prévenir d’éventuelles collisions aux conséquences potentiellement dévastatrices.

Depuis juin 2024, la PME aux 60 collaborateurs, a pris la tête du projet européen Atlas2 (Acceleration Towards LEO Automatic Space Safety). Objectif : « sauver les satellites des débris spatiaux » grâce à un réseau mondial de sept radars. Évalué à 3,4 M€, le programme est financé à hauteur de 2,4 M€ par l’Union européenne et court jusqu’en 2026.

Depuis le premier satellite artificiel lancé en 1957, leur nombre a explosé passant l’an dernier la barre des 10 000, et ne cesse de croître avec les projets de mégaconstellations de Starlink portée par SpaceX, ou de Kuiper pour Amazon, sans oublier leurs homologues chinoises. À cela, s’ajoute les débris spatiaux, de l’ordre de 128 000 selon le Cnes, qui rendent l’orbite terrestre, particulièrement dangereuse pour toute nouvelle capsule.

Cette dernière levée de fonds associe de la dette bancaire à l’entrée dans son capital du britannique ETF Partners à hauteur de 24 M€. S’y ajoutent des fonds d’investissement dont l’espagnol Kfund et EIC Fund, le fond institutionnel du Conseil européen de l’innovation, l’allemand MIG Capital, et les français Karista et Expansion. Depuis mars dernier, le premier radar de Look Up installé en Lozère est opérationnel. Deux nouveaux radars sont prévus en Polynésie Française, dans lesquels l’UE a investi 15 M€. En parallèle, la PME met à disposition ses données à ses clients publics ou privés via sa plateforme Synapse.

Toujours plus haut, toujours plus loin, la spacetech envisage de nouveaux projets pour cette année 2026, parmi lesquels le développement de services de gestion du trafic spatial dans le domaine civil et de la défense. Le 2 décembre dernier, Look Up a annoncé la signature d’un contrat national majeur avec le Cnes pour le partage des données collectées grâce à son radar Sorarys.

La start-up du mois : Reeflect

8,6 % de la population française est atteinte de troubles auditifs, soit 5,4 millions de personnes. « 90 % d’entre elles ne se sentent pas en sécurité chez elles », alerte Anthony Denux. Né de parents malentendants, le chef d’entreprise diplômé de l’École des Mines a créé en juin 2024 Reeflect, afin d’apporter une réponse adaptée aux défis d’accessibilité et de sécurité auxquels les personnes atteintes de troubles auditifs sont confrontées dans leur vie quotidienne.

Anthony Denux, créateur de Reeflect, société spécialisée dans le développement d’un système d’alerte intelligent destiné aux personnes sourdes et malentendantes, entend équiper 2 000 foyers d’ici 2027. (©Reeflect)

« Petit, j’avais pour habitude d’être les oreilles de mes parents. En grandissant, et grâce à ma formation, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire pour apporter une solution plus efficace et aussi plus adaptée », explique le vingtenaire. La TPE montpelliéraine aux 40 K€ de chiffre d’affaires en 2024, qui emploie six salariés, développe un dispositif émettant des signaux lumineux de couleurs différentes suivant le type de bruit qu’il capte.

La solution, qui a demandé deux ans de R&D, prend la forme d’un système domotique connecté, comportant différents capteurs placés dans les pièces d’une habitation ou d’un bâtiment. L’outil comprend un micro autonome, une « oreille intelligente » qui utilise l’intelligence artificielle pour classer les événements sonores en fonction de leur dangerosité (cri, sonnerie à l’entrée, alarme incendie, robinet resté ouvert…) et prévient la personne grâce aux rubans LED.

L’alerte peut aussi être donnée par le biais de vibrations et de notifications émises par l’application mobile de Reeflect, directement sur le téléphone ou la montre connectée de l’utilisateur. « Intuitif et adaptable, notre dispositif s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises qui cherchent des solutions pour sécuriser leurs collaborateurs sourds et malentendants », ajoute le dirigeant. Ce sont d’ailleurs principalement des entreprises héraultaises qui pour l’heure ont fait confiance à ces solutions innovantes.

L’entreprise vient de clôturer son premier tour de table, sans communiquer sur son montant. « À l’horizon 2027, nous espérons avoir équipé plus de 2 000 logements privés et près d’une centaine d’entreprises, ce qui nous permettrait d’engranger un taux de croissance à trois chiffres », a indiqué Anthony Denux en juin dernier lors du salon VivaTech dédié à l’innovation technologique.

L’action de la collectivité : Invest in Toulouse

Pour la deuxième année consécutive, Toulouse rafle la mise dans le cadre du baromètre Arthur Loyd 2025, et se maintient à la première place des métropoles françaises les plus dynamiques. Première en ressources économiques, première en dynamisme démographique et présence des talents, première en innovation et transition verte, la Cité des Violettes a pris du galon. Partie prenante de ce rayonnement : Invest in Toulouse, un des quatre département de Toulouse Team, l’agence d’attractivité dédiée au développement et au rayonnement du territoire de Toulouse Métropole.

Charlotte Voisin, référente aéronautique et spatiale auprès de Toulouse Team, aux côtés de membres de Greenerwave, dont Thibault Maisonnat qui pilotera l’équipe toulousaine sur le toit de leurs locaux, situés à proximité de la Cité de l’Espace. (©Rémi Deligeon - Toulouse Team)

Succès majeur à son tableau de chasse, l’agence a joué un rôle déterminent dans l’implantation de la deeptech parisienne Greenerwave (4,5 M€ de chiffre d’affaires) au coeur la Ville rose.

Forte de 120 collaborateurs l’entreprise développe des antennes et des radars qui se veulent plus performants et moins énergivores que les terminaux et systèmes actuels. Elle a annoncé le 4 juin dernier ouvrir une antenne à proximité de la Cité de l’Espace.

Pour convaincre les dirigeants de Greenerwave de réaliser cette opération, Invest in Toulouse a notamment organisé des rencontres avec des partenaires locaux clés comme l’opérateur de satellites Eutelsat OneWeb, le laboratoire TéSA ou encore le pôle de compétitivité Aerospace Valley. Elle a également accompagné la PME parisienne dans la recherche de locaux adaptés.

Un nouveau coup de filet dont s’est réjoui Jean-Claude Dardelet, son président : « L’arrivée de Greenerwave renforce un écosystème local ambitieux, dynamique et innovant. La technologie de rupture qu’elle met en œuvre répond à des enjeux majeurs qui bénéficieront à de nombreux acteurs de notre métropole. »