Le Medef 31 plaide pour plus de stabilité politique et économique et formule des propositions
Conjoncture. Le 11 septembre 2025 à Toulouse, à l’occasion de la rentrée, le président du Medef Haute-Garonne Pierre-Olivier Nau, et les représentants des différentes branches qui composent l’organisation patronale ont fait un point de situation secteur par secteur.

Guillaume Duval, président de la Fédération des associations de commerçants de Toulouse, Magaly Baldy, secrétaire générale de la FEB CSO, Guillaume Chavanat, administrateur du GTP 31, Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31, Mathieu Roudié, président de la FBTP 31, Jean-Julien Lascaux délégué régional Syntec-Ingénierie et Thomas Fantini, président de la branche restauration à l’UMIH 31. Étaient absents pour la photo : Frédéric Honorat, représentant de la déléguée régionale de Numeum et Didier Katzenmayer, président de l’UIMM Occitanie.
Alors que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses consultations afin de constituer son gouvernement, les prochaines échéances budgétaires se profilent à grand pas. En effet, le projet de loi de finances et ses annexes doit être déposé à l’Assemblée nationale au plus tard le premier mardi d’octobre (article 39 de la LOLF), soit le 7 du mois prochain.
C’est donc une nouvelle période d’incertitude qui pèse sur les acteurs économiques et notamment les entreprises, privées une fois encore de visibilité. Une situation que déplore Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne qui organisait le 11 septembre 2025 au CFA de Blagnac sa traditionnelle conférence de presse de rentrée.
Manque de visibilité
S’il a insisté sur « l’importance du dialogue social, de la modération et de la stabilité politique pour restaurer la confiance », le patron de Manatour n’en a pas moins salué l’arrivée à Matignon d’un Premier ministre « favorable à la politique de l’entreprise » et d’ « un homme de territoire », rappelant les différents déplacements effectués en région par l’ancien ministre des Armés, dans plusieurs entreprises locales dont Delair, fleuron de l’industrie régionale dans le domaine des drones.
Cette conférence de presse se tenait au lendemain des premières manifestations organisées un peu partout dans l’Hexagone par le mouvement Bloquons tout. Un mouvement pleinement désapprouvé par le Medef pour qui l’économie française a besoin de continuité d’activité et de stabilité, non de blocages, pour préserver l’emploi et la compétitivité.
La rencontre du 11 septembre a été également l’occasion pour les représentants de différentes branches qui composent l’organisation patronale de faire un point de situation secteur par secteur.
Baisse des chiffres d’affaires et des marges
Dont celui des transports qui représente quelque 65 000 emplois en Occitanie dont 13 000 dans l’agglomération toulousaine. Un domaine qui selon Guillaume Chavanat, administrateur au sein du GTP 31, connait une baisse des chiffres d’affaires et de la rentabilité, « liée à la fois à une baisse des volumes et une pression forte sur les prix. » Près de la moitié des entreprises enregistrent ainsi des baisses significatives de trésorerie.
« Cela se traduit par un taux de défaillance d’entreprises historiquement haut et ce, au niveau national et régional. », ajoute le dirigeant. Le secteur est également pénalisé par l’absence de stratégie claire en matière de transition énergétique entre développement de l’électrique, de l’hydrogène et des biocarburants. Et d’ajouter :
Cette incertitude crée une réticence à investir massivement, les transporteurs craignant de faire un choix technologique qui deviendrait rapidement obsolète. Nous appelons à une stabilité réglementaire et une visibilité claire des politiques publiques sur les énergies, un soutien à l’investissement pour accompagner la transition énergétique, une stratégie nationale partagée pour éviter la dispersion des choix. »
Risque de ralentissement durable
Autre secteur à la peine, le BTP (37 000 salariés dans le département) fait face à un risque de ralentissement durable, entre des « marges très faibles » et « une dépendance forte aux politiques publiques de logement et de rénovation énergétique ». Selon Mathieu Roudié, président de la FBTP 31, la production de logements neufs a en effet atteint « un niveau de sous-production historique », avec seulement 7 000 logements produits dans le département l’an dernier.
Seule petite bouffée d’air : le maintien du Prêt à taux zéro qui permet de soutenir la construction de maisons individuelles. Le professionnel insiste dès lors sur la nécessité de prendre « d’autres mesures structurelles pour relancer durablement la construction neuve » sachant qu’un consensus semble enfin se dégager sur l’importance des volumes à construire.
« Le ministère de la Transition écologique vient d’annoncer qu’il faut faire 450 000 logements par an d’ici 2030, puis après, en fonction de la dynamique démographique, 400 000, indique Mathieu Roudié. On en est loin, puisque l’on en produit actuellement environ 300 000, chiffre qui devrait baisser l’année prochaine à 280 000. »
Des entreprises fragilisées
Le président de la FBTP 31 se dit également préoccupé par l’activité « hors logement » dont la croissance est quasi nulle. En cause ? L’absence de visibilité des mairies, des départements et des régions vis-à-vis des dotations de l’État. En dehors des gros chantiers que sont la construction de la ligne C du métro et de la LGV, le professionnel pointe un recul de 30 % de l’activité hors logement portée par les collectivités.
L’absence de visibilité c’est aussi ce qui pénalise l’activité de rénovation énergétique. Elle contribue à hauteur de 16 % des chiffres d’affaires des entreprises aujourd’hui, « mais les atermoiements politiques ont changé la donne, avec près 50% de rénovation énergétique en moins à cause des stop and go incessants », s’alarme Mathieu Roudié, citant l’exemple du dispositif Maprimrénov qui en est à sa 15e mouture.
L’hôtellerie-restauration n’est guère mieux lotie. Du fait de la contraction du pouvoir d’achat des ménages, le secteur subit « une baisse de fréquentation de plus de 20 % », chiffre Thomas Fantini, président de la branche restauration à l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (UMIH) 31. Ajoutée à la hausse des masses salariales, de l’énergie et des matières premières, les entreprises du secteur voient leur marge se réduire comme peau de chagrin.
Baisse des aides publiques à l’apprentissage
Alors que les hôteliers et restaurateurs peinent à recruter, le professionnel évoque des freins supplémentaires qui menacent leur activité : entre une possible taxe sur les pourboires et surtout une récente évolution des modalités de financement des formations en apprentissage, avec une nette baisse des aides publiques.
Le choix du CFA de Blagnac pour la tenue de cette conférence de presse de rentrée du Medef ne doit effectivement rien au hasard. Il s’agit d’alerter sur les difficultés majeures que fait planer cette nouvelle réforme de l’apprentissage. Elle a d’ores et déjà des conséquences bien visibles sur plusieurs secteurs. C’est le cas de la branche des métiers de la propreté, confrontée à un manque de personnel et contrainte de mobiliser ses fonds propres pour continuer de financer les parcours des jeunes apprentis.
De leur côté, les entreprises du numérique témoignent d’une forte contraction de l’offre en alternance (–24 % d’offres en Occitanie). Ce qui, selon Frédéric Honorat, représentant de la déléguée régionale de Numeum, « menace la préparation de la main-d’œuvre qualifiée alors que le secteur prévoit 200 000 nouveaux emplois d’ici 2030. L’alternance est cruciale pour répondre aux besoins en cybersécurité, data et IA. »
Même son de cloche du côté des sociétés d’ingénierie et de conseil où le maintien et le développement de l’alternance sont vus comme indispensables pour former des ingénieurs spécialisés et accompagner la transformation numérique et l’innovation.
Plus de stabilité pour plus de visibilité
Le président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Occitanie Didier Katzenmayer, tire lui aussi la sonnette d’alarme en faveur de la défense de l’apprentissage. « Les choix qui ont été faits font peser énormément de contraintes sur nos activités, assure-t-il. L’apprentissage avait fait un bond, quel que soit le secteur d’activité. Or, on voit qu’aujourd’hui, le reste à charge pour les entreprises est un vecteur de ralentissement. »
Même si l’activité industrielle est portée par le dynamisme des secteurs aéronautique et spatial, le patron de l’UIMM plaide plus largement pour une stabilité fiscale et des allégements réglementaires, dans la droit ligne des revendications du Medef.
« La rentrée 2025 s’inscrit dans un climat délétère, marqué par une instabilité politique persistante, des incertitudes budgétaires et une croissance économique modérée », confirme Pierre-Olivier Nau avant de conclure :
Ce contexte rend crucial le rôle des acteurs économiques locaux pour anticiper les défis et proposer des solutions concrètes. C’est pourquoi le Medef 31 sera force de propositions à l’occasion des prochaines élections municipales, en soumettant aux candidats des mesures fortes. »
Peser sur le débat public
L’organisation patronale entend en effet peser davantage sur le débat public tant au niveau local que national avec plusieurs propositions choc parmi les 35 énumérées par le Front économique, un aréopage qui réunit une centaine d’experts, d’universitaires et de dirigeants d’entreprise :
- Réduction de 1,5 million d’agents publics, avec un recentrage de la garantie de l’emploi à vie sur les missions régaliennes ;
- Allègement des impôts de production et facilitation des heures supplémentaires ;
- Formation de 300 000 personnes par an aux compétences en intelligence artificielle (IA), avec un objectif de 20 % de gains de productivité sur 10 ans.
Le Front économique estime que l’application de ces mesures pourrait générer 230 Md€ d’économies et contribuer à renforcer la compétitivité de la France.