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Information du consommateur : la qualité plutôt que la quantité

La commission des affaires économiques propose des recommandations pour rendre plus lisible l’information, s’assurer de sa fiabilité, et donner aux consommateurs les clés pour se l’approprier et la traiter en connaissance de cause. Les rapporteurs proposent également une certification et un ensemble de bonnes pratiques pour accompagner le développement des applications de notation des produits.

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Être consommateur est devenu un métier : le flux d’information est désormais si dense que seuls les plus aguerris et motivés savent faire la différence entre une information obligatoire et une information facultative, un label et un score, une allégation fiable et un appelé à s’amplifier : affichage environnemental, indice de durabilité, « rémunérascore », devraient bientôt apparaître sur les emballages, pour ne citer qu’eux. Face à ce constat, les pouvoirs publics ont essayé de favoriser des modalités d’information plus synthétiques et accessibles : Nutri-Score, Ecoscore, étiquette énergie, promotion de labels publics (AB, Label Rouge, AOP/AOC), etc.

D’autres évolutions visent à s’assurer de la véracité des informations, comme le renforcement du cadre lié à l’étiquetage de l’origine des produits alimentaires. Pour autant, le consommateur continue de faire face à une jungle de labels et de mentions valorisantes peu réglementés, souvent sources de confusion voire de tromperie. Or la compréhension des informations implique de mettre les consommateurs en situation de les traiter correctement, formation qui débute dès l’école.

Emballages.

Alors que la dématérialisation est engagée dans nombre de secteurs économiques est déjà bien engagée, celle des informations à destination des consommateurs reste balbutiante. Dans le même temps, les consommateurs souhaitent davantage d’informations, pourvu qu’elles soient claires et fiables, afin d’orienter leurs achats. Tous les consommateurs, néanmoins, ne sont pas demandeurs des mêmes informations. La dématérialisation s’impose comme une solution pour résoudre cette contradiction : grâce au QR code, notamment, les emballages seront moins saturés d’informations facultatives et celles accessibles parmi cet outil pourront être beaucoup plus variées, personnalisées, et détaillées.

Bien entendu, les informations aujourd’hui obligatoires (origine, allergènes, mode de conservation, étiquette énergie, etc.) ont vocation à rester sur les étiquettes. La simplification et l’accessibilité des informations passeront également par l’harmonisation de certaines pratiques : noms des ingrédients des produits ménagers, liste des allergènes obligatoires, limitation de la diversité de logos liés à l’affichage environnemental. Du reste, d’ici quelques années, les QR codes remplaceront certainement les codes-barres, permettant ainsi de mieux assurer la traçabilité des produits. Certains grands distributeurs internationaux ont déjà annoncé exiger des marques une telle évolution d’ici 2027 : il est donc primordial que les fabricants prennent ce virage.

Applications de notation.

Environ 25% des consommateurs sont utilisateurs d’une application d’évaluation ou de notation des produits. Ces dernières se multiplient rapidement et sont développées par divers acteurs : associations, fédérations professionnelles, acteurs de la grande distribution, entreprises privées. En effet, elles répondent à une demande forte : en synthétisant et en explicitant les informations figurant sur les emballages, elles contribuent à les simplifier et à les rendre compréhensibles, donc à accroître la possibilité pour les consommateurs d’orienter leurs achats en fonction de leurs préférences personnelles. Leur impact n’est plus à démontrer : à titre d’exemple, 92% des utilisateurs de Yuka reposeraient le produit lorsqu’il est mal noté, et plusieurs centaines de produits ont déjà vu leur recette modifiée par le fabricant afin d’obtenir une meilleure évaluation.

Ces applications complètent l’action des pouvoirs publics et des associations de protection des consommateurs. À ce titre, leur fort pouvoir prescriptif doit aller de pair avec la fiabilité sans faille de leurs données et avec plus de transparence sur leurs critères d’évaluation. Il importe donc que les pouvoirs publics se saisissent de ce sujet afin de dégager un cadre permettant le développement harmonieux (et pacifié) de ces nouveaux outils numériques. C’est pourquoi la mission d’information préconise une certification des applications d’évaluation ainsi qu’un guide des bonnes pratiques, dont une dizaine est proposée dans le rapport.

Moyens.

Alors que les informations (obligatoires comme facultatives) n’ont jamais été aussi nombreuses, impliquant donc davantage de contrôles de leur fiabilité, les effectifs de la DGCCRF continuent de baisser (- 450 entre 2010 et 2021), de même que les fonds alloués aux associations de protection des consommateurs. Seuls 145 inspecteurs sont dédiés au contrôle de l’information dans toute la France (un seul dans les Hauts-de- France, 11 en région grand Est, huit en Bretagne…). Résultat de ces coupes budgétaires : les contrôles sont passés de 105 000 à 73 000 entre 2012 et 2021. En outre, les sanctions pour pratiques commerciales trompeuses ne semblent pas suffisamment dissuasives, et ne concernent pas toutes les pratiques aujourd’hui observées.